"Je suis libre"...

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Le soleil se levait sur les terres des Pokémon, rendant à la nature ses couleurs naturelles, chassant les ombres de la nuit et l'éclat pale de sa sœur d'argent, la lune. Les montagnes de pierres retrouvèrent leur gris terne, toujours emplis d'ombres inquiétantes à-cause des roches aux bords déchiquetés. Les forêt retrouvèrent le vert de la nature, et la rosée matinal faisait briller les feuilles tel de petites émeraudes, alors que le champ des oiseaux s'élevait. Et les eaux claires des mers et des rivières prirent leur tintes claire et cristalline, imitant les couleurs du ciel de l'aube. Alors que l'heure était encore bien matinale, un petit Vivaldaim vagabond sortit des sous-bois, désireux d'aller se désaltérer à la rivière vive. Il baissa son museau vers l'eau, et s'apprêta à boire, mais sentit une drôle d'odeur... il eut la bonne idée d'ouvrir les yeux avant de commencer à boire.

Sur son visage se reflétait l'éclat de l'eau qui n'était pas cristalline, mais plutôt de rubis. En la rivière vive était en-train de couler un flot de sang. Effrayé, la Vivaldaim poussa un cri et prit la fuite, retournant d'où il venait, ne cherchant pas à savoir l'origine de cette coulée rouge. Si il avait juste tournée la tête sur la droite, il aurait pu voir, sur une berge de galets, un corps à la fourrure blanche à-moitié immergée dans les flots, allongé, une longue estafilade d'où coulait le sang saillant le long de son flan. Le Pokémon ne bougeait pas, si ce n'était le mouvement de ses côtes sous sa faible et sifflante respiration... il était inconscient. Sous ses paupières fermés, la blessée, car c'était une femelle, avait les yeux qui bougeaient rapidement, tendis qu'elle revoyait en rêve le comment elle en était arrivée à cette situation.

Rexia, une jeune Feunarde, servante contre son gré dans le palais des renégats, avait trouvé, cette nuit, le courage de fuir ses cruels maîtres. Mais malgré qu'elle ait profité de la nuit, de sa souplesse, de sa vitesse, de sa capacité de se mouvoir silencieusement, elle n'avait pu échapper au regard perçant la nuit d'une sentinelle Hoothoot, qui avait tout-de-suite donnée l'alerte. Que l'un de leurs esclaves prenne la fuite ne plaisait jamais aux renégats... elle fut rapidement poursuivie par une troupe de sombres Pokémon qui la prirent en chasse. Eux se fondaient facilement dans le sombre paysages nocturne de leur royaume... Rexia, elle, se faisait voir facilement à-cause de sa fourrure blanche. Elle réussit cependant à leur échapper suffisamment longtemps pour sortir de la forêt morte... et se retrouver au bord d'une falaise, incapable de continuer sans se jeter dans le vide, un vide dont elle ne voyait pas le fond. Elle comprit alors que depuis le début, ses poursuivants se jouaient d'elle, la menaient où ils le désiraient, et que maintenant, elle allait regretter sa tentative de fuite.

Ses pattes arrière étaient posés au bord du précipice, et elle se tenait face à une douzaine de Pokémon qui ricanaient en la regardant. Un Mangriff, visiblement leur meneur, fut le premier à s'approcher d'elle. La Feunarde voulut le tenir à distance : elle lança en Lance-Flamme juste devant ses pattes. Il n'aima pas ça : avec une grimace sombre qui montra ses dents pointues, il se jeta sur elle et lui lança une attaque Griffe-Ombre qui lui entailla la peau du flan, lui causant sa blessure. Elle couina, recula... et perdit l'équilibre, réussissant à se retenir sur le bord de la falaise tendis que l'arrière de son corps était dans le vide. Le reste de ses poursuivants se rapprochèrent. Elle n'avait pas de doute qu'ils la remonteraient, mais ils lui feraient payer sa trahison. Et lorsqu'ils apprendraient la raison de sa fuite... non, elle ne pouvait pas vivre cela, mieux valait encore... elle prit alors sa terrible décision, et elle lâcha, se laissant tomber dans le vide. Elle comprit qu'elle n'allait peut-être pas mourir en entendant de l'eau couler en-dessous d'elle, mais perdit connaissance après être entrée en contact avec une froide rivière qui coulait à grande vitesse.

Ainsi, durant une parti de la nuit, son corps avait été emporté, ballotté dans le courant. Par moment, elle réussissait à reprendre connaissance et remontait pour prendre une bouffée d'air, mais la fatigue, la douleur ou un choque la faisait toujours replonger dans le sommeil. Le reste du temps, son corps flottait et lui permettait de respirer. Il en fut ainsi jusqu'à l'aube, jusqu'à ce que la rivière devienne plus calme et la rejette, blessée, inconsciente et dans un état assez particulier, sur une rive des frontières, loin du château où elle était retenue captive...

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« Ils disent que c'est ce que tu fais...
Je pense que ça n'est que le rôle du hasard.
C'est inscrit dans mon âme,
je dois te laisser partir. »

La brume du matin qui se lève. L'aurore qui brille de milles feux. Les rayons du soleil matinal, qui, déjà, réchauffent le coeur de Kami, et peut-être d'autres pokémons. La rosée des feuilles qui finissent de s'écouler, terminant leur courte vie sur le sol humide de la forêt. Une douce brise qui souffle. Qui secoue les ramures des immenses arbres de ces bois. Les chants des pokémons oiseaux de toutes sortes, et le croassement d'un Cornèbre passant par là. Puis le silence, quelques instants. Un bruissement, indiquant une fuite. Le clapotis d'une rivière coulant non-loin. Une rivière, d'ordinaire bleue, cristalline. Désormais rouge. Rouge sang.

En effet, du sang s'écoulait, dans cette belle rivière d'ordinaire claire comme le cristal. Kami, petite Muscuscule shiny, en fut désemparée. Cette rivière, elle avait l'habitude de la voir. De la contempler, malgré qu'elle se trouve loin de ses terres. Elle y était souvent venue pour jouer avec ses frères, et ne pouvait se détacher de ce lieu si symbolique à ses yeux. Qui avait pu donc ainsi salir sa précieuse rivière ?

Elle s'avança, comme elle avait coutume de le faire, laissant une coulée de bave sur son passage. Elle se glissa entre deux buissons, afin d'apercevoir le fautif dans tout cette histoire... Et ce qu'elle vit lui donna un haut-le-coeur, sur le champ. Une Feunarde était allongée, saignant, le corps à moitié dans l'eau. Aussitôt, une information des plus importantes revint à la pokémon shiny ; une domestique s'était échappée durant la nuit, aussi tout le Royaume se devait de partir à sa recherche, pour la ramener, afin de la punir...

Kami aurait dû de suite réagir. Hoqueter, puis se dépêcher d'aller avertir quelqu'un. Ou bien d'elle même s'en occuper.. Malgré tout, quelque chose dans cette renarde de feu l'empêcha de filer avertir les gardes de son royaume. Quelque chose dans le visage de l'adulte la dérangeait et la mettait mal à l'aise, l'empêchant de correctement penser. Ou peut-être qu'elle ne le voulait simplement pas. Doucement, elle s'approcha, observant plus en détail la fugitive. Une énorme entaille lui traversait le flanc. Nul doute qu'elle mourrait, si on ne lui venait pas en aide.

Malgré qu'elle fasse partie des Rénégats, Kami ne pouvait laisser quelqu'un mourir. Même si c'était un ennemi. Elle ne pouvait pas, simplement, assister à une mort. Trop sensible pour ça, trop émotionnelle... Alors qu'elle s'approchait en faisant rouler deux baies oran vers la blessée, elle se maudissait elle-même. Elle disait vouloir ressembler à la Reine Noire et son bras-droit, mais en était-elle seulement capable ? La réponse lui semblait évidente, mais elle se refusait d'abandonner son rêve si facilement, malgré qu'elle se sache trop naïve et idiote pour ça.

Aider cette évadée en était une preuve. Elle allait l'aider. La sauver. Mais qu'aurait-elle en retour ? Peut-être un merci. Et puis plus rien.

Un soupir s'échappa de ses lèvres, mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Elle glissa tant bien que mal deux petits morceaux des deux baies dans la gueule de la Feunarde, et attendit. Elle ne pouvait rien faire d'autre, de tout manière. Ses bras inexistants ne lui permettaient pas de pouvoir tirer l'infirme hors de l'eau. Et elle était trop petite pour la pousser sans elle-même se noyer. Quant à la blessure, étant à moitié dans l'eau, tenter d'arrêter l'hémorragie ne servirait à rien.

Alors, inutile, elle s'éloigna de l'eau, et de l'inconnue par la même occasion, ayant peur de sa réaction, et attendit, à l'ombre d'un arbre. Et ce, jusqu'à qu'elle se réveille. Elle ne pouvait pas faire autrement. Et si un membre de son royaume les surprenaient ? Alors, il n'hésiterait pas à tuer l'invalide, et à traiter la Mucuscule de traîtresse. Ce qu'elle ne pourrait pas nier.

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Le rêve où Rexia revoyait sa fuite, puis sa chute, puis sa débandade dans les rapides, se prolongea un moment, tout-du-moins ce fut ce qu'il lui sembla tendis qu'elle rêvait... et lorsque ce fut terminé, elle continua à faire des mauvais rêves, où elle se voyait flotter dans de froides ténèbres, seule, tout du moins c'était ce qu'il lui semblait. Mais parfois, elle voyait une paire d'yeux rouges s'allumer dans le noir, avant de s'évanouir. D'autre fois, elle voyait des dents pointus, avides de déchiqueter de la chaire encore fraîche, briller dans le noir. Ou alors, de temps-en-temps, elle sentait que quelqu'un tirer sur sa fourrure, avant que la sensation ne cesse dans ce qui ressemblait à un rire d'enfant. Recroquevillée dans ces ténèbres, elle tremblait, perdue, terrifiée... elle ne savait plus qui elle était, ni où elle était, et elle ne savait pas ce qu'elle faisait ici. Mais par deux fois, les ténèbres semblèrent s'illuminer, tendis qu'un étrange goût sucré, qui venait d'elle ne savait où, emplissait sa bouche. Mais à chaque fois, les ténèbres revenaient, plus froides, plus oppressantes... jusqu'à ce que la lumière n'apparaisse, et ne les fasse disparaître comme dans un feu. Cette lumière, c'était tout-simplement Rexia qui ouvrait les yeux... elle était en-train de se réveiller.

Elle gigota, et sentit qu'elle était dans de l'eau. Elle ouvrit les yeux, mais le jour naissant lui fit mal... elle resta un long moment les yeux entre-ouverts, le temps qu'elle ne s'accoutume à cette lumière. Puis elle réussit à se redresser, et regarda autour d'elle. Elle était sur le bord d'une rivière dont elle ignorait le nom, près d'une belle forêt. Elle cligna des yeux, légèrement hébétée... cela faisait des mois qu'elle n'avait pas pu admirer un lieu aussi resplendissant. Elle laissa passer un instant, puis elle tenta de se relever... elle y arriva, mais dut écarter les membres pour rester debout. Elle se sentait faible, et fatiguée, même si elle venait de se réveiller. Elle vit que l'eau dans laquelle elle s'était à-moitié trouvé était rouge, et tourna le museau vers son flan droit... il était orné d'une entaille qui saignait encore. Une entaille qui lui faisait mal, surtout maintenant qu'elle l'avait remarquée. Elle préféra détourner les yeux : elle n'avait pas la force de s'en occuper. C'est alors qu'elle vit, devant-elle, et qu'elle n'en crut pas sa chance, deux belles baies orans.

Rexia tenta de marcher vers elles... son flan blessé la tirait, et l'obligeait à boiter de la patte avant-droite. Mais malgré cela, elle réussit à se traîner jusque-là, et attaqua l'une des baies. Tendis qu'elle mangeait, les événements de la veille lui revinrent en mémoire... et surtout la raison pour laquelle tout-cela lui était arrivé. Soudainement inquiète, elle redressa la tête, le museau encore plein de la baie juteuse, et posa une patte sur son ventre... ce n'était pas encore flagrant, mais elle sentait bien que son ventre était plus rond. Ce n'était pas bien difficile de s'en apercevoir : elle avait toujours été maigre à-cause d'une mauvaise nutrition. Elle ne pouvait pas en être certaine... mais elle ne ressentait aucun signe montrant qu'il avait souffert. Elle en déduit qu'il était encore en vie, et poussa un long soupir de soulagement, avant de se baisser vers la seconde baie oran. Il en manquait deux morceaux.

Elle réfléchit un instant... il ne lui semblait pas que quelqu'un l'ait grignotée, plutôt qu'on les avait coupés, et elle remémora la sensation de sucrée qu'elle avait eue dans son rêve. Ainsi, quelqu'un l'avait aidé, quelqu'un lui avait donné à-manger, et peut-être même que quelqu'un avait veillée sur elle pendant qu'elle était inconsciente. Elle leva les yeux et remarqua une traînée liquide qui se diriger vers un buisson. Elle dédaigna finalement la seconde baie et s'avança vers ce buisson, la tête baissée, essayant de voir si la personne qui avait laissée cette traînée était toujours là.

Eh Oh !

Appela-t-elle.

Il lui sembla voir deux yeux briller dans l'ombre des arbres... mais ce n'était peut-être que le fruit de son imagination, ou alors deux myrtilles côte-à-côte entre les feuilles. Dans le doute, elle ajouta :

Vous êtes là ? Qui que vous soyez, je voudrais vous remercier de votre aide...

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« Mais à la fin, tout le monde finit tout seul...
La perdant, la seule qui ait jamais su.
Qui je suis, qui je ne suis pas, qui je voudrais être...
Pas moyen de savoir combien de temps elle restera près de moi. »

Le souffle du matin grisonnant. Les feuilles d'arbres virevoltant sous son emprise. Les vaguelettes de la rivière se mouvant à son rythme. Les Etourmis se laissant porter par ses courants d'air chaud. Les plantes se pliant sous sa force. Les pokémons profitant de cette brise agréable, soufflant sur leurs visages. Peut-être heureux. Peut-être malheureux. Les nuages naviguant dans le ciel, dirigé par sa rafale. L'espoir, amené par le zéphyr rafraîchissant du matin. Et la dérision, brisée, coupée, en un milliers de morceaux par son air tranchant. Le vent matinal, joyeux et festif, amenant espoir et joie. Détruisant désillusion et malheur.
A moins que ça ne soit l'inverse.

Kami observait. Protégée, abritée, d'une quelconque réaction agressive de la fugitive lors de son réveil futur. Eveil qui, d'ailleurs, ne tarda pas. La renarde de feu gigota. Ses yeux papillonnèrent, aveuglés, puis s'habituèrent peu à peu à la lumière du soleil, permettant à leur détentrice d'y voir plus clair. Enfin, la Feunarde se redressa en analysant les lieux où elle se trouvait, sans la moindre trace de méfiance. Ce qui n'était pas le cas de sa sauveuse, qui, de ses petits yeux noirs, observait les moindres faits et gestes de la fugueuse. Celle-ci, d'ailleurs, se releva. Elle semblait faible, sûrement de par sa blessure, encore à vif. Mais la femelle blanche n'y prêtait pas garde, occupée à admirer la forêt... Enfin, elle se tourna bien vers son entaille, mais elle se détourna aussitôt pour aller déguster les baies orans que Kami avait laissé pour elle.

Après avoir avalé la première, elle sembla paniquée. Posant sa patte canine sur son ventre avec affolement, bien que sans bruit. D'ailleurs, cette action laissa la limace jaune perplexe. Pourquoi une telle attention auprès de celui-ci tout d'un coup ? Avait-elle mal ? Elle laissa ses questions en suspens puisque sa "prisonnière" soupira avant de relever les yeux, remarquant la traînée de bave de Kami. Et merde... jura celle-ci intérieurement. Eh bien, elle n'avait plus le choix. Elle ferait de cette pokémon feu sa prisonnière. Bien qu'elle ne la ramènerait pas au Rénégats. Elle ne semblait pas méchante.

« Eh oh ? appela la fugitive de sa voix douce, qu'on pourrait définir de maternelle. Vous êtes là ? Qui que vous soyez, je voudrais vous remercier de votre aide...
- Me remercier ? Pour me laisser moisir seule après ? Je préférerais encore que tu me craches au visage, évadée. » rétorqua aussi tôt l'adolescente d'un ton amer, en accentuant son dernier mot.

C'était toujours ça. Elle aidait. On la remerciait. Et puis plus rien, on l'oubliait, la laissait seule, parce qu'elle n'était qu'une minuscule limace juste bonne à baver. Elle s'était faite à cette idée. Pourtant, elle avait toujours un point au coeur. Et trop idiote, elle continuait d'être gentille avec les autres. Elle se décida à se montrer, cependant, et sortit de sa cachette. Elle ne devait pas effrayer la renarde. Aussi, elle annonça plus aimablement, bien que restant froide.

« T'inquiètes, je vais pas aller te dénoncer. Ca me servirait à rien. Tout ce que je veux, c'est que tu répondes à mes questions. »

Elle se faufila afin de retourner dans un endroit plus aéré et proche de la rivière, en attrapant une gigantesque feuille au passage. Encore une fois, elle s'haïssait mentalement, mais sur son visage, seul l’impassibilité régnait.

« Bon, grouille de venir t'allonger, là. Si on arrête pas le saignement, tu vas crever. »

Être douce dans ses paroles, elle ne connaissait pas.

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Rexia fut surprise par une telle amertume dans la voie qui lui répondit... qu'avait-elle donc fait, ou dit, pour fâcher la personne qui venait pourtant de la sauver. La réponse lui vint avant même qu'elle ne voie qui avait parlé : cette personne venait de l'appeler "l'évadée". Cela voulait donc dire qu'elle savait que le jeune Feunarde avait fuit le château des renégats avant de se retrouver ici, blessée et perdue. Une Mucuscule au corps shiny sortit alors du buisson, une femelle visiblement encore plus jeune qu'elle. Rexia ne connaissait pas son nom, mais elle savait, pour l'avoir déjà croisée, pour l'avoir remarquée du coin de l’œil, car les shiny étaient rares, que c'était effectivement une renégate. Alors elle recula de trois par, montrant les dents, pensant soudainement qu'elle allait devoir se battre. Mais elle dut s'arrêter, sa blessure lui tirant et lui faisant mal. Elle réfléchissait rapidement...

Bien-sûr, elle pouvait tenter de fuir... les Mucuscule étaient des limaces, ils étaient lents, elle ne la rattraperait pas. Mais Rexia doutait de pouvoir tenir, ou même juste "commencer" le rythme... elle pensait plutôt que dès son premier pas, elle allait tomber et qu'elle ne réussirait pas à se relever. Alors il ne lui restait plus qu'à se battre... elle ne l'avait jamais fait, mais elle avait aujourd'hui des choses à protéger, et son instinct de Pokémon était prêt à reprendre le dessus. Sa liberté, si durement acquise, et qu'elle refuserait de perdre sans au-moins la défendre, mais également la raison qui l'avait poussée à vouloir cette liberté, et dont elle était la seule à être au-courant, pour le moment. Elle ne savait pas si elle pourrait vaincre... elle en doutait, même, vu son état... mais elle voulait au-moins essayer. C'est alors que la Mucuscule lui fit une surprenante déclaration : elle ne comptait pas la dénoncer... au contraire, malgré la froideur de ses paroles, elle comprit qu'elle voulait la soigner. Elle resta un instant immobile, incrédule...

Puis l'incrédulité se transforma en méfiance. Elle ne lui montra plus les crocs, mais elle la regarda avec les sourcils froncés... lui tendait-elle un piège ? Jouait-elle avec ses sentiments, ses espérances, pour pouvoir par la suite la trahir, la remettre aux renégats, voir l'attaquer, la blesser d'avantage, ou la tuer ? Elle avait suffisamment souffert auprès d'eux pour savoir qu'elle ne pouvait pas faire confiance aux renégats... en réalité, elle n'avait jamais eue confiance en personne. Elle n'en avait jamais eue l'occasion. Un élancement et une soudaine faiblesse, due au manque de sang, faillirent la faire tomber. Elle tressaillit, et comprit alors qu'elle n'avait pas le choix : si elle ne se faisait pas aider, elle risquait de mourir. Si il n'y avait eu qu'elle, elle l'aurait tentée... mais si elle mourrait, alors, "il" mourrait aussi. Alors elle s'avança, et s'allongea là où la Mucuscule lui avait dit de le faire.

La tête redressée, elle l'observa longuement, toujours méfiante, surveillant attentivement chacun de ses gestes. Et finalement, elle lui dit :

Merci quand-même...

Elle avait bien compris que ce "merci" ne signifiait visiblement rien pour l'adolescente... mais pour Rexia, pouvoir dire "merci" à quelqu'un, ça voulait dire quelque-chose : elle n'avait jamais eu l'occasion de dire "merci" à qui que ce soit, pas sincèrement, en tout-cas. Personne ne l'avait jamais aidé, personne n'avait jamais été gentil avec elle... personne ne lui avait jamais rendu un service. Les fois où elle avait pu dire "merci", c'était par ironie, ou parce qu'elle savait qu'elle le devait pour ne pas fâcher ceux qu'elle servait. Qu'elle puisse réellement remercier quelqu'un était une première, et contrairement à ce que pensait Kami, elle ne l'oublierait pas... un jour, si elle le pouvait, elle lui rendrait son service.

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« Cerisiers, cerisiers, encore un petit peu plus longtemps, écoutez mon égoïsme.
Cerisiers, cerisiers, s'il vous plaît, délivrez mes pensées avec vos pétales.
Les cerisiers, cerisiers, comme dans une danse, enveloppaient nos bons souvenirs.
Cerisiers, cerisiers, s'il vous plaît, fleurissez sur la route sans cette personne...
Cerisiers, cerisiers, tes mots ici et maintenant, je m'en souviens.
Cerisiers, cerisiers, j'entends les remerciements de ce jour-là. »

Un pétale qui s'écrase sur le sol, sur l'herbe moelleuse de la forêt avoisinante. Un second qui atterrit dans l'eau, et qui flotte, transporté par le courant. Et ils sont une centaine de pétales roses qui volent, poussés par le vent, par l'eau. Les cerisiers fleurissent doucement, au fil du printemps passant. Aucun bruit ne se fait entendre. Seul le souffle régulier d'une Mucuscule et celui saccadée d'une Feunarde étaient détectables dans cette nature sauvage et rassurante.

Elle s'était rebiffée, reculant, montrant les dents, grognant. La méfiance avait pris le dessus sur son sentiment de reconnaissance. Mais malgré sa méfiance, elle alla s'allonger là où l'adolescente lui avait dit de le faire. Aussi était-elle encore lucide, assez intelligente pour savoir qu'elle ne s'en sortirait pas seule. Sans un mot, Kami lui déposa la feuille qu'elle avait arraché sur la blessure, comme une couverture. Mais encore une fois, elle était seulement capable de faire cela, car, dépourvue de bras et ayant un corps baveux, il lui était impossible d'appliquer un baume ou quoique ce soit d'autre. Perdue dans ses pensées, elle ne faisait même plus attention à sa patiente. Mais celle-ci se fit rapidement remarquer :

« Merci quand-même... » dit-elle d'une voix où pointait la méfiance.

Kami, étonnée, la dévisagea d'un air perplexe, les yeux plissés. La prenait-elle pour une idiote ? Alors qu'elle lui avait dit, quelques instants plus tôt, qu'elle ne voulait pas de remerciement ? La femelle blanche était-elle inconsciente ? Naïve ? Ou simplement stupide ? Peut-être mentait-elle ? Non. Son expression était sincère. Une pointe de satisfaction brillait également sur son visage, comme si elle avait accompli quelque chose qui lui tenait à coeur. Aussi, la Mucuscule abandonna tout ses questionnements, soupira une nouvelle fois, puis dirigea son regard insistant sur la fugitive. Il lui semblait que son ventre était un peu rond. Etait-ce simplement parce qu'elle était un peu trop grosse ? Ou bien car elle avait mal au ventre ? Si c'était le cas, une Baie Pêcha pouvait peut-être arranger le coup.

« T'as mal au ventre ? J'ai remarqué que t'arrêtais pas d'y prêter attention. »

Si ce n'était pas une de ces deux solutions, alors il ne restait qu'une seule chose : elle portait un oeuf en elle. Étant une esclave, sûrement était-ce suite à un viol, ce qui fit grimacer intérieurement la limace jaune ; elle détestait ceux de son royaume qui aspirait à la violence. Il ne savait pas jouer leur rôle de méchant sans taper. C'en devenait, à ses yeux, pitoyable et insultant, car les Rénégats pâtissaient ensuite d'une réputation de brutes épaisses.

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Des brutes épaisses ? Étrange que la jeune Mucuscule songe à cela en pensant qu'elle regrettait que les siens souffrent de cette réputation, car justement, c'était ainsi que la jeune Feunarde les voyait tous depuis bien longtemps. Des brutes épaisses... c'était tout ce qu'elle avait connu depuis le jour de sa naissance. Même après son éclosion, c'était une brute épaisse de Machoc femelle qui lui avait donné un biberon rempli de jus de vieilles baies chaque matin, avant de la laisser seule dans un berceau taillé dans la pierre, jusqu'à ce qu'elle soit assez grande pour qu'on puisse la mettre au travail. C'était des brutes épaisses de Machoc, de Machopeur et de Mackogneur, une tribu barbare qui pillaient et détruisaient pour le plaisir, qui l'avaient élevée, et qui l'avaient menée là où elle en était aujourd'hui. Et malgré le fait qu'ils avaient rejoint les renégats, qui comptaient en leur sein bien plus de types de Pokémon que ces trois espèces Combat, elle n'avait pas changé d'avis et y comptait également leurs nouveaux alliés : c'était tous des brutes épaisses. En réalité, à-part la Mucuscule, qui était malgré-tout bien froide, d'ailleurs, aucun renégat n'avait jamais fait preuve de douceur, envers elle... elle ne comptait pas les quelques "joli cœur" qui avaient profité de son état d'esclave après son évolution.

Tout en songeant à ces quelques détails, Rexia ne regardait plus sa sauveuse : tendis que celle-ci lui appliquait une feuille sur sa blessure, qui, bien qu'elle ne soit pas médicinale, arrêtait au-moins l’hémorragie, elle avait le museau pointé sur l'eau de la rivière. Le courant avait depuis longtemps emporté les eaux souillées par son sang, il ne restait plus maintenant qu'un liquide clair, cristallin, transparent. Elle voyait la roche, au fond, elle voyait même quelques Pokémon poisson qui passaient par-là sans faire attention à elles. Elle passait le temps à observer un pétale tomber d'une cerisier, atterrir dans l'eau, et naviguer au gré des courants. Lorsqu'il disparaissait, elle en suivait un autre. Malgré le fait qu'elle était perdue et fugitive, malgré le fait qu'elle était blessée, malgré le fait qu'elle était seule avec une personne dont elle devrait se méfier... elle ne s'était jamais sentie aussi bien. Cet endroit était si beau, si calme, si serein... rien à-voir avec le royaume sombre et son lit de paille dans sa cellule au château des renégats. Peut-être se détendait-elle aussi à-cause de l'effet de la perte de sang, mais elle perdit même un peu de sa méfiance... jusqu'à ce que l'adolescente lui pose une question qui la ramena à la réalité.

Rexia se recroquevilla soudainement sous sa feuille, comme si elle avait pris un coup. Elle plaça ses deux pattes-avants sur son ventre, comme si elle cherchait à le protéger. Elle avait espéré que la Mucuscule ne le remarquerait pas... elle avait espéré qu'aucun renégat ne serait mit au courant, et elle avait espéré n'en parlé qu'au moins de personnes possibles, afin de ne pas le mettre en danger. Elle ne savait pas si elle pouvait raconter cela à une renégate. C'est pour le protéger d'eux qu'elle avait fuit... si elle était mise au courant, peut-être changerait-elle d'avis et la ferait-elle ramener au château. Et même si ce n'était pas le cas, que se passerait-il si elle racontait ça aux autres renégats, et si le père l'apprenait ? Mais Rexia se dit que si elle mentait et que la Mucuscule s'en apercevait, ce serait encore pire. Il se pouvait également que la Mucuscule ne tienne pas sa promesse et la ramène malgré-tout, alors elle serait au final mise au courant. Finalement, la renarde blanche se redressa un peu...

Elle se dit que peut-être, le meilleur moyen de s'assurer les bons sentiments de la limace-dragonne, c'était de se montrer honnête avec elle. Et dans sa situation, elle n'avait pas le choix. Alors elle prit une profonde inspiration, et...

Je préférerais que le moins de renégats possible soient au courant, mais bon... disons simplement que la raison qui m'a poussée à m'échapper du château se trouve actuellement dans mon ventre.

Elle le caressa délicatement... maternellement, même. Rexia ne savait pas ce que c'était, d'être une mère, vu qu'elle n'avait pas eue d'exemple... mais elle apprenait d'instinct et faisait déjà en sorte d'agir au mieux pour lui. Il n'était pas désiré... mais il était déjà toute sa vie.

Rexia décida de continuer son explication, afin que la Mucuscule puisse bien comprendre pourquoi elle avait vraiment fuit. Elle se dit qu'elle risquait de l'ennuyer, avec son histoire, mais au moins, elle ne pourrait pas lui reprocher de lui avoir cachées des choses.

Le jour où je suis née, j'ai été séparée de ma mère. Je suis née dans une tribu de barbare nomades, bien avant qu'ils ne rejoignent les renégats... a l'époque, j'étais déjà leur esclave, car fille d'une esclave. Je n'ai jamais connu ma mère, je ne sais pas ce qu'elle est devenue, je ne sais même pas comment elle s'appelait. J'ai été élevée par des brutes et j'ai dû travailler à leur service toute ma vie. Je ne veux pas qu'ils fassent subir la même chose à mon bébé. Alors j'ai fuie... et je ne me laisserait pas ramener facilement. Ce que je fais, je le fais pour lui.

Elle plongea son regard dans celui de la Mucuscule, un étrange regard brillant d'une certaine émotion, et de détermination : ce qu'elle disait, c'était à la fois une explication, et un avertissement, pour qu'elle sache que si elle ne tenait pas sa promesse, elle devrait essuyer les défense de la Feunarde, même si celle-ci ne s'était jamais battu et doutait donc de gagner, sachant bien que la taille de la Mucuscule n'était pas nécessairement équivalente à sa force.

Up. :3

» Je pense, donc, je suis.
» Je ne suis qu'un évoli, qui à perdu sa vie (Finie)
» Je suis là pour exécuter les ordres.
» "Je suis lumière parmi les lustres !" || Dhörn is here~ !
» Vous l'auriez compris, je ne suis plus souvent là