Sword and sweat

Je ne savais pas si j'avais fait le bon choix de pokémon, mais seul le temps nous le dira.

Ne sachant que faire en attendant l'ordre de donner l'assaut de la Reine Noire, j'avais beaucoup réfléchi. Surtout concernant une idée qui me prenait l'esprit depuis longtemps. Je pensais à ma succession à la tête des armées noires. Je savais que j'allais y rester jusqu'à ma mort, mais je tenais à ce que celui qui me succède ait les mêmes idéaux que moi, et qui pourrait servir mon maître indirectement. Et pour que ce plan réussisse, il fallait que je manipule son esprit dès son plus jeune âge. Et le plus jeune de l'armée des renégats se nommait Okwèr. Mais il ne servait que de larbin pour l'armée, et je ne voulais plus qu'il soit faible. Mon successeur ne devait pas être faible.

Je lui avais donc donné rendez-vous sous le nom d'un entraineur de l'armée, sous le nom de Pendulum. Si il se mettait à faire des manières, à me flatter, ou même à perdre délibérément, j'aurais perdu mon temps. Et je voulais aussi m'amuser un peu. Je lui avais demandé de me rejoindre en début de matinée au Colisée Sanglant, pour lui apprendre quelques techniques de combat, et pour le voir se trainer dans la poussière. J'avais pris ma grande cape violette de voyage, extrêmement pratique. 

Mon maitre se manifesta soudain. "Tu pense à ta succession, mais si tu t'avise de trahir mon secret à un non-initié, je te jure que tu le sentiras passer." dit-il. Il me donna un échantillon de ce qu'il me préparait, et je m'en serrait bien passé. Heureusement que j'étais dans mon manoir, sinon, d'autres pokémons auraient vu une des figures les plus puissantes du PokéLand se tordre de douleur sur le sol comme un Magicarpe sur le sol. Je me remis lentement de cette atroce douleur, et répondis de la façon la plus humble à mon maitre. Ses interventions me vrillaient les esprits, et avoir les esprits brouillés étaient la pire des faiblesses.

Je sortis donc de mon manoir, en titubant légèrement. Les rayons naissant du soleil rendaient le ciel noir du Royaume renégat plus rosé qu'à l'habitude. "Un orage approche" pensais-je. Mais je ne me préoccupais pas vraiment du temps qu'il fera. Je me dirigeais donc vers le Colisée Sanglant, conscient que je serais sûrement à l'avance. La route qui menait au Colisée était jonché de soldats et d'esclaves brisés sous l'effort. Mais c'était là la loi de notre royaume. Seul survivront les forts, et les faibles sombreront.

"Il est interdit d'entrer dans le Colisée maintenant !" cria soudain le garde qui gardait l'entrée.

Il ne me suffit que de lui montrer mon visage pour que l'Ouvrifier pâlisse, et s'écarte en s'excusant. Le Colisée était pratiquement vide, et les seuls pokémons qui étaient là n'était que des travailleurs qui continuait de l'améliorer. Ce Colisée était une fierté de notre royaume. C'était un joyau de technologie et de quantité d'instrument d'entraînement, et de torture. Nous avions mis de tout. De la piste de course, jusqu'au mannequin de combat, en passant par la natation et le tir à la capacité. Tout était rétractible, ce qui permettait de faire de la place quand on en manquait.

Comme j'étais en avance, je sortir deux des mannequins de combat pour m'échauffer. Je dégainai Nightamre, et inspecta vivement la lame inaltérable, à la recherche d'un changement dans la lueur de la lame. Mais elle n'avait aucune imperfection. Je m'étais habitué à la regarder, mais la lueur était tel que personne ne pouvait maintenir son regard sur l'épée damnée plus de quelques secondes. Je pris donc Nightmare, et commençai à enchainer les coups sur la poupée remplie de sable. Le silence n'était brisé que par le labeur des ouvriers et le fracas incessant de mon épée. 

Puis, lorsque je décidai que je devais préserver les mannequins pour notre entrainement, je m'arrêtais, et sortis mes pierres à aiguiser. Si Okwèr ne se dépêchait pas, je risquais de perdre patience, et Darkrai sait ce qu'il se passe lorsque je perds patience. J'aiguisai donc ma lame, même si elle ne s'émoussait pratiquement jamais, toujours habillé de ma grande cape, en attendant le moment où je verrais ce Okwèr apparaitre.

- J'suis de garde de 23H à 6h, il me reste encore 40 minutes, je peux pas...
- T'occupe. Tu es appelé par un supérieur, alors tu abandonnes ce que tu fais.
- Mais qui m'appelle?
- Pendulum.

Pourquoi lui? Qu'est ce qu'Okwèr avait avoir avec ça? De sa jeune expérience il sait qu'être appelé par un supérieur ici n'est jamais bon signe. Le soleil blanc vient tinter ce matin cruellement tôt, frappant ses yeux rougeoyant. Okwèr est un animal nocturne, mais sous cette lumière éblouissante, son cerveaux réclame du sommeil.
Mais ici, la parole d'un supérieur est plus importante que celle du cerveaux.

5h45, Okwèr parcourt le chemin jusqu'au Colisée Sanglant, là où il a été appelé. Sur le sol gît des pokémons martyrisé jusqu'à épuisement. Le noctali prend sur lui. Marcher droit, le regard fixe, ne pas se retourner, ne pas ralentir, ne pas hésiter. Sinon il sera prit pour un faible et n'arrivera jamais à temps au rendez-vous.

Mais malgré tout un obstacle vient lui barrer la route. Un rocher. Non. Un gravalanche qui le dévisage de toute sa hauteur.

- Où est ce que tu crois aller. Les petits ne survivent pas ici.
- Laisse moi passer.
- Ahah. C'est pas comme ça que ça marche.

Le gravalanche envoie le premier coup, et la friction explose. Okwèr sait qu'il va devoir en finir vite si il ne veut pas se prendre de pires représailles. Le combat part en bordel.
Quelques minutes plus tard. 7 peut être 10. Okwèr crache un glavio sanglant par terre et s'essuie nonchalamment le museau d'un revers de patte. Derrière lui, il laisse le gravalanche à terre qui vocifère des insultes et des provocations. Sa colère persiste mais son corps tabassé ne peut plus bouger.

6h05. Okwèr arrive au Colisée Sanglant. Un garde lui barre la route et relève son identité puis le laisse passer. Ainsi, le noctali se retrouve dans l'enceinte sombre. Quelque chose vient presser sa cage thoracique. C'est la méfiance. Il sait toujours pas ce qu'il vient foutre ici.
Il y a une silhouette au centre de la pièce. Une silhouette tordue et hérissée de piques. Elle manipule des objets tranchants qui grince avec régularité.
Okwèr se poste derrière lui. Il se tient droit, la tête penchant légèrement vers le bas.
Sa fourrure est ébouriffée, du sang dégouline encore de son museau et des bandages de ses dernières blessures se sont déchirés pendant le combat. Ce n'est pas vraiment une manière de se présenter mais il n'a pas put faire autrement pour arriver à temps.

Il se racle la gorge puis essaye de se faire entendre par dessus les grincements.

- Monsieur, vous m'avez fait appeler...

Okwèr n'était vraiment "présentable", mais il était, pour ainsi dire, près à recevoir des coups.



Lorsqu'il arriva, je fis semblant de ne pas l'entendre, et continuait à aiguiser Nightmare dans d'horribles crissements, même si ça ne servait à rien. Puis je daignai lui porter un regard lorsqu'on m'amena l'esclave qui allait servir de mannequin pour son entrainement. Bloody m'avait demandé d'utiliser un de ses esclaves privés pour qu'il apprenne à surmonter la douleur. J'avoue que ça ne m'avait pas dérangé. Autant se servir d'un mannequin vivant pour servir de puching ball. De plus, je pourrais me nourrir de sa peur, et ma journée aura été doublement productive. A vrai dire, je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que j'allais leur faire subir, mais je faisais confiance à mon esprit tordu pour improviser.

"Bon" dis-je d'un ton solennel "Puisque tout le monde est là, nous allons enfin pouvoir commencer."

Je me relevai alors avec une lenteur calculée, et allais chercher une arme convenable pour Okwèr. Sa morphologie n'était pas vraiment adapté au port d'une épée, mais je voulais qu'il apprenne à se battre avec une arme tout de même. Je trouvai alors des griffes de métal à peu près convenable, et revins vers eux.

"Mets les" annonçais-je en les lui jetant aux pieds "Et toi, le piaf, prépare toi à endurer des coups." dis-je au Flambusard.

Maintenant que tout était en place, il était temps de voir ce dont le Noctali était capable.


"Frappe-le" dis-je froidement "Ne retiens pas tes coups, mais le piaf pourra se défendre." 

Il fallait faire parler ses poings. Et je ne venais de me rendre que maintenant, mais j'avais parlé avec me vrai voix, et j'étais curieux de voir leurs réactions.

Spoiler:

Les griffes tombent à ses pieds dans un tintement fort. Okwèr les regarde. Elles brillent de leur tranchant cruel. À la fois belles et effrayantes.
Le noctali lève ses yeux rouges vers son supérieur. Il n'a pas une miette de choix face à cet ordre. En ravalant difficilement sa salive, le renard noir en attrape une, puis l'autre.
Il voit déjà les dégâts dévastateurs que celles ci le rendent capable de faire.

Il se retourne vers le cobaye.
L'oiseau rouge le dévisage avec un courage de fer. Ils sont tous les deux au même niveau. Okwèr n'a aucune raison de maltraiter un des siens. Mais l'ordre du chef est clair. Ce qu'il s'apprête à faire lui retourne les tripes.
Un dernier regard dans ceux du Flambusard, et il lui marmonne d'une manière inaudible pour son chef.

- Je suis désolé...

La seconde d'après, l'attaque est portée. Son coup ne manque pas de violence. Il y met toute sa hargne, toute sa colère et sa détermination. Les griffes font un effet terrible.
Lacérant l'avant de l'esclave, Okwèr passe aussitôt derrière lui dans le prolongement de son élan pour éviter toute contre-attaque.

Les griffes sont lourdes pour lui. Mais à force de les utiliser il s'endurcira et pourra les manipuler aussi vite que si il était sans arme.
Dans le dos du Flambusard, il lance aussitôt une seconde attaque en pourfendant l'air jusqu'à lui dans une attaque circulaire vers le haut qui visera à le projeter en l'air.