Désirs et Tentations [PV Nailah]

J’eu une soudaine envie de sortir ce jour-là. Pourquoi ? Simple caprice de noble pardi ! Et puis personne ne me pose de question ainsi, voyons, huhu. Bref, après avoir jeté un œil dehors, il fallait que je sorte pour me dégourdir un peu les pattes. Pas trop longtemps non plus, ni trop loin de ma résidence. Une simple promenade était tout à fait suffisante. De toute manière, le ciel commençait doucement à se couvrir ce qui signifiait tout bonnement que la pluie était proche. Donc j’avais prévu le coup en emportant avec moi une sorte d’ombrelle, ou de parapluie dans le style ancien. Très bel objet pour une créature tout aussi magnifique ! ~

Une fois sortie de chez moi, j’avançais tranquillement, m’enfonçant peu à peu dans le quartier riche et propre des nobles de la Cité Noire. Un bon endroit pour des personnes de valeur, bien sûr ! Et puis comme cela, je ne risquais pas de tomber sur un abruti ou des gueux. Du moins, je l’espérais. Mais on pouvait s’attendre à tout ici, Helheim était vraiment un endroit malfamé. Néanmoins, riche comme mes parents étaient, j’étais protégée grâce à des pots de vin. Donc en théorie, il ne pouvait rien m’arriver…

Il y avait quelque passant, rien d’étrange vu l’heure qu’il était. L’aube pointait seulement le bout de son nez mais la fraîcheur du matin me faisait un bien fou. Et puis moins il y avait de monde, mieux c’était ! Pourtant, cela ne semblait pas plaire au ciel qui devenait de plus en plus sombre. D’ailleurs, quelques secondes après, je reçu une goutte d’eau sur mon jolie petit museau tout mignon. Pestant contre ce maudit temps, je déployai mon espèce de parapluie en papier imperméable pour me protéger de la pluie. Le ciel n’avait pas intérêt à ruiner ma belle apparence enfin !

Je repris finalement mes déambulations avant de tomber sur un spectacle idiot. Un Pokémon surement un peu trop pressé venait de renverser malencontreusement un autre Pokémon. Il y avait donc un Coxy, très banal. Mais aussi… Un Noctali chromatique ? Déjà plus intéressant mais au vue de son pelage mal léché, rien de bien folichon. Bref, une guéguerre de gueux. Je baillai alors devant ce qui se déroulait sous mes yeux magnifiques, avec grâce et politesse (la patte devant la gueule, le minium espèce de rustre).

Je n’avais clairement pas envie de me mêler à cela, surtout que ce n’était pas mes histoires. Je ne perdis pas une seconde de plus pour changer de direction pour trouver quelque chose de plus intéressant à faire avant de rentrer chez moi.

Après avoir failli entrer en contact avec des êtres stupides et répugnants, j’avais repris tranquillement ma route. Il me fallait encore trouver quelque chose d’intéressant à faire pour rentabiliser au maximum ma sortie. Bien sûr, je pouvais très bien aller faire un tour du côté du marché d’Helheim car il devait avoir ouvert il y a peu. Là-bas, on y trouvait plein de Pokémon plutôt pauvres, essayant de gagner de quoi faire vivre leurs familles en vendant des fruits ou des légumes, et parfois même des choses un peu plus insolites. Pour ma part, trainer dans ce marché me rendait quasiment paranoïaque. Trop de gueux partout ! Néanmoins, c’était un bon passe-temps et je pourrais ainsi acheter quelques aliments utiles pour aider la police.

J’avais donc décidé de me rendre au marché, j’empruntai alors l’allée y amenant. Le temps passait doucement et il pleuvait toujours. Pourtant, cela n’empêchait pas les Pokémon de s’éveiller et de se mettre au travail ou en promenade. Les pauvres s’afféraient à la tâche, tandis que d’autres nobles prenaient du bon temps, même sous la pluie. Je reconnu d’ailleurs une famille assez riche qui partait de chez elle, en direction du marché également. Eux étaient au complet : papa, maman, enfant… L’image de ma petite famille me revint un instant en mémoire avant que je ne me mette à chasser cette dernière. Ce n’était pas le moment d’y penser. Pour oublier, je pressai soudainement le pas.

Finalement, après quelques minutes de marche sur le sol trempé, j’avais atteint la place commerciale où des Pokémon faisaient déjà leurs ventes. Il y avait des étals de fruit et de légume un peu partout, tenus par des paysans. Je n’avais pas envie d’avoir à faire à eux donc je restai tranquillement  l’écart, tout en observant les alentours. Il y avait de plus en plus de monde, je n’allais pas tarder à rentrer chez moi. Je cherchai un étal tenu par quelqu’un de pas trop pauvre… Quand je fini enfin par tomber dessus. Le vendeur était tout sourire et possédait surtout un bijou en or que je reconnu immédiatement à son éclat. Bien, celui-ci ferait l’affaire ! Je m’approchai donc, me frayant un chemin grâce à ma petite taille dans la foule qui devenait de plus en plus dense. Je n’avais pas envie que l’un de ces malpropres touche mon pelage doux et soyeux !

Une fois devant le marchand potable, je lui fis un bref sourire avant de lui énoncer ma commande :

« Bonjour à vous. J’aimerai vous acheter une demi-douzaine de baie Pêcha, ainsi qu’un lot de 10 baies Oran. Et rajoutez donc 2 Pommes bien rouges et juteuses s’il-vous-plait. »

Le vendeur acquiesça, heureux, et se mit à préparer ce que je venais de lui demander. J’avais également remarqué son regard un peu lubrique sur les bords et cela me fit sourire. Pauvre fou, même avec de l’argent tu ne pourrais pas m’atteindre ! Sauf si bien sûr tu avais le salaire d’un Conseiller d’Helheim, huhu. ~
Il me tendit finalement un panier contenant la nourriture demandée mais une baie tomba de l’objet en paille. Je lui fis un regard noir et le Aeropterix se décida à la ramasser pour moi. Il essaya aussi de passer un regard discret sous ma fourrure en forme de jupe mais mon raclement de gorge l’en dissuada bien vite. Je lui glissai alors rapidement :

« Plus jeune, ça aurait pu coller entre nous. Huhu ~ »

Le piaf fossile me regarda avec de gros yeux et cela me fit rire. Je pris ensuite mon dû, lui tendis l'argent, avant de prendre la route vers mon chez moi, tout en évitant les gueux ci-et-là. Quand soudainement, j'entendis des bruits derrière moi. Quelqu'un ou quelque chose était en train de provoquer du grabuge.

Après m’être faufilais avec un peu de difficulté au travers de la foule du marché, je pus enfin en sortir pour respirer. Tous ces pauvres réunis en un même endroit, c’était vraiment beaucoup à supporter pour moi ! Mais au moins, j’avais de quoi récompenser les Hellhounds pour leur travail de protection qu’ils m’apportaient. C’était une petite redevance qui ne me coûtait trois fois rien et surtout qui me permettait d’avoir de bonnes relations avec les puissants de cette île ! C’était bien sûr très important pour une noble comme moi car notre image est sacrée pour eux. Même si techniquement, ils n’ont pas d’ordre à recevoir des nobles, les policiers les exécutent en général, par peur de représailles de la part des supérieurs, qui eux, veulent s’assurer que les riches d’Aizora s’entendent bien. Pour des raisons politiques et commerciales certainement. De toute manière, cela ne me faisait pas de mal de me faire bien voir auprès de tous les Pokémon possibles. Histoire d’avoir de bonnes relations, huhu. ~

Enfin, après avoir quitté le marché, je pensais enfin pouvoir rentrer tranquillement chez moi hein. Le truc le plus logique que je pouvais faire… Mais ce ne fut pas possible à cause d’un Pokémon que j’avais rencontré plus tôt. Un Noctali chromatique, donc avec un pelage noir de jais et des anneaux bleus, venait tout simplement de se placer face à moi, comme si de rien n’était. Comme si il avait le droit de me faire ça à moi, une noble !
Je lui lançais donc un regard noir, avant d’espérer pouvoir l’esquiver mais il prononça ces paroles, obligée d’écouter, je ne fis pas un geste :

Ainsi ce… Ce Noctali semblait me connaitre hm ? J’aurais bien fait une tête de six pieds de long mais cela était bien trop horrible à voir, je ne pouvais pas me rende laide ainsi. Donc je restai stoïque mais choquée intérieurement. Je ne le connaissais pas mais lui semblait croire dur comme fer à ses mots. Bien il était temps de le faire redescendre sur Terre :

« Hm… Vous devez faire erreur, je ne vous connais pas. Et puis, quelles sont donc ces manières ? Vous me tutoyez ! Je suis une lady voyez-vous, pas la gueuse du coin. »

Voilà déjà, on ne m’abordait pas ainsi, si brutalement. La politesse et la courtoisie était de mise avec les nobles mais ce manant n’avait pas l’air de bien s’y connaitre. Je pris alors un air dédaigneux en le regardant, ne supportant pas d’avantage son image.

« Ecoutez avec toute cette pluie, je vais finir complètement trempée… Je ne peux me permettre cela, mon pelage est bien trop propre et soyeux ! Vous comprenez ? Bien, parfait, au plaisir. »

Sans plus de cérémonie, je me remis à marcher en direction de mon habitat. Franchement, ce que certain pouvait être rustre parfois ! Surtout que ce mâle ne savait clairement pas comment d’y prendre avec une dame comme moi. Pff, incompétent.

Je voulais simplement rentrer chez moi après cette rencontre étrange. Je voulais simplement disparaitre de la vue de ce rustre. Cependant, ce dernier ne voulait pas me lâcher car une fois à son niveau, il m’arrêta d’un geste de patte. Désormais, le Noctali chromatique pensait pouvoir me bloquer le chemin. Bien sûr, je pouvais simplement le contourner à nouveau mais j’avais l’impression que quelque chose de malsain s’étendait dans mon dos. Et puis l’inconnu ne semblait pas vouloir laisser l’affaire de côté, alors il me fallait régler cela avant de partir… Mon regard se tourna alors vers le Pokémon Ténèbres, que me voulait-il à la fin ?
Le mâle ne me regardait pas. Il semblait plutôt réfléchir. J’allais lui dire que mon temps s’écoulait et qu’il était temps pour voir de rejoindre mon domicile lorsqu’il prit la parole, comme s’il avait su que j’allais lui parler.

Son ton était devenu plus dur et plus sombre… Cela contribua à ne pas me rassurer, surtout que ce Noctali trempé jusqu’aux os semblait me connaitre. Il venait tout simplement d’entrer dans une partie de ma vie intime. Effectivement, ses dires relatait presque à la perfection mon passé et le pourquoi du comment j’étais devenue si dévergondée et rebelle envers ma mère. Je me souvenais également avoir couché avec un Noctali aux mêmes couleurs que mon interlocuteur. Cependant, j’avais essayé de mettre cette histoire de côté pour ma part. Mais lui, non. Cela lui avait tenu au cœur depuis trois années… Adragas était son nom.

Oui, je me souvenais vraiment bien de lui. Je l’avais rencontré un soir un peu après les débauches de ma maternel avec un Rhinoféros. Cela m’avait mise dans une colère noire et une incompréhension totale. Et puis mon père était quelqu’un de si prévenant qu’il ne méritait pas ce que lui faisait ma mère. Cette dernière s’était bien moqué de moi en m’éduquant de la manière la plus propre possible, en m’enseignant les bonnes manières et en m’expliquant bien de ne pas me mêler aux roturiers et de ne pas me lier sexuellement à quelqu’un. Pour lui désobéir et lui apprendre à mieux nous respecter mon père et moi, j’avais donc décidé de rompre ma chasteté qui plaisait tant à ma salope de mère.

J’avais alors recontré un Noctali noir et bleu dans une auberge non loin de mon ancien domicile. Il m’avait paru lubrique et j’avais alors su qu’il allait accepter ma requête sans poser de questions. Je l’avais donc ramené en tous avec moi et nous avions eu une nuit torride et mouvementée ensemble. Ma mère nous tomba alors dessus et Adragas fut contraint de fuir. Quant à sa promesse… Honnêtement, je n’y avais pas cru que le coup. Surtout que je n’avais pas forcément envie de le re voir puisque ma vengeance était en partie faite. Mais ce mâle n’avait pas cécé de penser à moi durant tout son voyage…

Je ne savais pas quoi en penser, surtout que le temps était encore plus terrible qu’avant. Il pleuvait des trombes et mon abri n’allait pas tenir bien longtemps. Il y avait même des éclairs. J’avais froid et j’étais tout de même un peu choquée par cette révélation inattendue. Lorsqu’il reposa enfin sa patte au sol, je su qu’il était temps de partir. Néanmoins, j’étais curieuse au sujet d’Adragas.

« Ecoutez, ce n’est pas un endroit pour discuter du passé. Rentrons chez moi, nous serons à l’abri et nous pourrons discuter plus simplement. Si ce que vous dites est la vérité… Alors je dois en avoir le cœur net. »

Sans attendre une seule réponse de sa part, je repartis de plus bel, direction mon chez moi.

La pluie battait toujours son plein. J’en avais bien assez de marcher dans les rues en compagnie d’un Noctali qui prétendait être Adragas. Je ne pouvais pas affirmer qu’il disait vrai même si j’avais du mal à croire que ce soit faux. En effet, il y avait trop de paramètres à prendre en compte ! Même le hasard n’aurait pas aussi bien fait les choses. Le Pokémon à mes côtés était donc le Noctali de cette nuit-là, je n’en doutais plus… Mais dans un sens, je ne me sentais pas heureuse de l’avoir retrouvé. Il y avait quelque chose en moi qui bloquais, je le sentais. De toute façon, je n’allais certainement pas lui sauter dans les pattes ou m’exclamer à vive voix comme une pauvre paysanne. J’avais de l’estime pour moi-même, voyons. Néanmoins, je savais bien que je ne pouvais pas berner Adragas bien longtemps. Malgré son air sadique à souhait, il était intelligent et surtout, il ne reculerait devant rien si l’on se moquait de lui. Je n’avais pas envie de me battre verbalement ou physiquement contre mon ancien amant. Surtout que c’était grâce à lui que j’avais pu manifester ma rébellion à ma détestable mère. Et puis, ce Noctali chromatique avait fait l’effort de me retrouver… Tout se bousculait encore dans ma tête, tandis qu’on approchait de mon domicile.

Nous arrivâmes enfin devant ma maisonnette. Malgré mes moyens, ce n’était pas un endroit gigantesque, je ne pouvais pas avoir un château entier pour moi toute seule. Même si cela aurait été bien plus représentatif de mon être ! Enfin, peut importait à l’instant. Surtout que mon domicile était en bien meilleur état et plus grand que les nombreux taudis d’à côté.
Je sortis donc la clé de mon sac où se trouvaient mes commissions puis je l’insérais dans la serrure. La porte se déverrouilla et nous purent entrer. Bien sûr, aucune raison pour moi de laisser Adragas passer devant, ainsi je lui coupais la route. Il put ensuite me rejoindre à l’intérieur pour que je puisse refermer la porte.

Enfin chez moi ! A l’entrée, on avait tout de suite une vue sur le salon. Une très belle pièce, décorée mais surtout lumineuse et accueillante. De plus, il y avait une cheminée que je m’empressai de rallumer grâce au bâton de bois rangé dans ma fourrure de ma queue. Une petite capacité Flammèche et le tour était joué ! La chaleur pouvait ainsi circuler dans la pièce et rendre notre future discussion plus agréable. J’invitais donc Adragas à me rejoindre et à prendre place :

« Je suppose que nous avons des choses à nous dire. Prends donc place, ce sera plus confortable. »

Je ne l’attendis pas pour m’assoir sur un jolie coussin de velour. C’était vraiment une matière douce et agréable ! Je tournais alors la tête vers mon invité pour voir s’il était à son aise ici.

A mon grand étonnement, le Noctali chromatique ne choisit pas de s’installer très exactement en face de moi, sur un beau coussin. Non, au lieu de cela, il s’assit tout simplement sur le sol, rejetant indirectement mon offre. Cela me surprenait quelque peu, je n’avais pas l’habitude de voir des Pokémon s’asseoir ainsi par terre. Singulier personnage. J’allais lui proposer de poser ses fesses sur le velours, plutôt que sur le sol un peu chauffé par le feu renaissant mais il commença à me répondre. Comme quoi, nous étions d’accord sur le fait qu’il fallait mettre les points sur les i. Je remarquai également que sa voix était différente de celle utilisée lorsque l’on était dehors et sous la pluie. Il devait être plus calme maintenant et c’était largement plus rassurant ainsi. Adragas continua alors, voyant que je n’avais pas l’intention de poursuivre. C’était à lui d’exposer ses idées et ses paroles, moi ensuite.

Ainsi ce mâle voulait connaitre en détail ma vie après son départ précipité. Sa demande était plutôt saugrenue à mes oreilles mais je ne pouvais pas refuser de parler. Je pris alors un instant pour réfléchir, tout en détendant le plus possible mon corps de rêve. Après cela, je fixai le Noctali un instant avant de sourire. Quelque part, cela me faisait plaisir qu’il se souvienne de moi et qu’il ait voulu me retrouver le plus vite possible.

« Bien. Une fois ton départ de ma chambre à coucher, j’eu une petite discussion avec ma maternelle. Très formelle, et indiquant mon désir de partir d’ici. Elle n’a pas cherché bien loin, pour couvrir ses arrières c’était parfait. Quelques jours après, je suis donc partie de chez moi pour découvrir de nouveau alentours et m’éloigner de Mère. Détestable Mère… »

Je repensais à la Goupelin qui m’avait élevée le plus strictement au monde. Elle avait toujours était derrière moi, m’empêchant de faire des écarts avec mon éducation. Il fallait toujours que je me tienne correctement, que je sois présentable, belle et obéissante… Une vie monotone en somme. Cela me convenait cependant. En effet, je ne crachais pas sur les richesses de mes parents et donc sur ma belle vie. J’étais vraiment bien dans ma famille, quoique mon existence n’allait pas être très intéressante. Pourtant, ma maternelle avait réussi à tout gâcher en une petite nuit. Son image de personne dure, stricte mais respectable s’était brisée en mille morceaux. Cette… femme que j’ai pour mère venait de tromper mon valeureux père, alors que qu’elle m’éduquait dans le sens inverse ! Je n’avais pas le droit de m’approcher des mâles selon elle… Alors, en la voyant se faire prendre par ce Rhinoféros… S’en était trop. Et Adragas devait bien comprendre cela pour que l’on puisse s’entendre à nouveau. Par ailleurs, j’avais quelque chose d’important à lui dire…

« Tu sais, la veille de notre première rencontre, ma mère a trompé mon père. J’étais choquée et révoltée ! Elle qui voulait que je sois chaste et propre, c’était ironique. Je n’ai pas pu supporter cela, l’affront de ma mère… »

Il devait savoir. Je ne pouvais pas le laisser dans le flou, lui qui avait parcouru une partie du monde pour me retrouver. Mes oreilles toutes mignonnes tombèrent en pensant à cela. J’appréhendai vraiment mes paroles et surtout la réaction d’Adragas. J’avais vraiment peur qu’il sorte de ses gonds. Néanmoins, je n’étais pas une Roussil lâche.

« J’ai quelque chose à te dire. »

Je fixais le Noctali chromatique de mes yeux vairons. Il fallait bien qu’il comprenne que j’étais très sérieuse.

« …
Ce soir fatidique où nous avons… -je fis un geste gêné- il faut que tu saches que ce soir-là, je n’avais pas l’intention de te revoir. »

Je l’observais toujours, espérant reconnaitre des émotions sur son visage habituellement fermé. Puis je sentis qu’il était bon de le rassurer.

« Avant de t’énerver, tu dois savoir que même si ma décision d’être avec toi était irréfléchie, je ne la regrette pas. Et puis, tu es vraiment pas mal dans ton genre… »

Un petit sourire naquit sur mon visage, je voulais le mettre en confiance. Mais ce n’était pas le moment de batifoler, j’avais encore pas mal de choses à dire.

« Quoiqu’il en soit, je suis heureuse de savoir que tu m’as cherchée. On reparle de cela après, veux-tu ? Je termine mon récit : une fois mes affaires prêtes, je suis partie par bateau de Silfiur pour rejoindre Aizora. Il ne sait rien passer d’intéressant entre temps… -j’omis bien sûr le fait que tout l’équipage m’était passé dessus-. Depuis je suis ici, vivant tranquillement au milieu de cette guerre. »

Maintenant, j’en avais fini. Adragas pouvait parler et me dire ses pensées. Je l’invitai avant tout à s’asseoir sur le coussin de velours, car cela me dérangeait réellement qu’il soit sur le sol.

Je n’avais pas fait le bon choix en lui révélant toutes ses informations. Je voyais le visage d’Adragas de nouveau déformé par un rictus incontrôlable. Je détestais voir le Noctali dans cet état. Il changeait du tout au tout : passant d’un Pokémon au regard mignon à une bête sanguinaire. Je n’aimais vraiment pas cela du tout… J’étais encore plus stressée qu’auparavant et je savais que le mâle qui me faisait face en était conscient. J’étais même assurément certaine qu’il y prenait du plaisir. Bien entendu, je ne cautionnai pas cela mais que pouvais-je bien lui dire ? Il n’allait pas m’écouter de toute façon. J’avais blessé le Noctali chromatique par mes mots et il m’en voulait. J’aurais dû lui mentir sur toute la ligne.

Je le vis finalement s’asseoir. Cela me soulagea légèrement car ou moins, il n’avait pas perdu tout sa raison. Je sentais également qu’Adragas voulait faire en sorte de cacher ses véritables émotions. Malheureusement pour lui, cela ne fonctionnait pas. Il était bien trop en colère contre moi… J’ai choisi alors délibérément d’arrêter de jouer avec mon corps. Ce genre de technique était bon pour leurrer ou pour attirer quelqu’un, mais une fois la supercherie découverte, cela n’était plus d’aucune utilité. Le Noctali se mit ensuite à parler :

« Cela fait très plaisir de savoir que je n’étais qu’un outil pour ta vengeance auprès de ta mère, de plus tu m’as l’air de cacher des choses, ton voyage en Bateau n’avait pas l’air si tranquille que ça, je me trompe ? Et sache une chose, ce n’est pas en me flattant sur mes atouts masculins que tu calmeras un être comme moi qui a commis des ignominies sans nom sur nombre de jeunes Pokémon femelles qui comme toi m’ont pris pour un objet de désir, et crois-moi tu ne veux pas savoir ce que je pourrais te faire si tu continues à me mentir et à essayer de jouer avec moi, alors ça va être simple : soit tu me dis concrètement que tu ne veux plus me voir et je disparais, soit tu veux que je reste mais attention à la moindre entourloupe ou mensonge, tu le regretteras amèrement… »

Je n’appréciai pas du tout son ton. Après tout, pour qui se prenait-il ? Certes il était largement plus fort que moi sur le plan physique, mais tout de même ! J’étais une noble riche, pas n’importe qu’elle paysanne. Je me levais alors doucement et le fixais intensément.

« Ecoutes Adragas, je n’ai pas réfléchis sur le coup. J’étais sous le choc et en colère… Une fille telle que moi ne pouvait pas rester sans rien faire à propos de sa mère. Et je ne te mens pas : j’ai avoué avoir profité de toi. Je le regrette hélas. »

Puis sa phrase à propos des femelles qu’il avait violées par dizaine me revint en mémoire. Si j’avais certes fait des choses à tout mon équipage, qu’en était-il de lui ? J’avais fait cela pour noyer mon chagrin !

« Je vois que tu t’es fait plaisir même si tu étais à ma recherche. Cela me blesse également, vois-tu ? Nous sommes quittes sur ce plan là je pense. »

Je tournai la tête vers le feu dansant dans la cheminée. Cela me faisait mal au cœur qu’Adragas ait pris du plaisir avec d’autre que moi. Après sa révélation où il disait m’avoir cherché partout, je me sentais vraiment proche de lui. Cependant, je me sentais encore trahie…
Mes oreilles duveteuses tombèrent des deux côtés de ma tête.

« Ma réponse est : oui, je souhaite rester avec toi. »

Je ne pus en dire plus, attendant qu’il me réponde à son tour.

Je demeurai seule dans mon esprit. J’avais avoué à Adragas mon envie de rester à ses côtés mais… Etait-ce réellement le bon choix ? Je le vis se bouger pour me rejoindre et poser une de ces pattes sur mon épaule. Ce geste me surprenait beaucoup, je ne m’attendais pas à ce que ce Pokémon était capable de réconforter quelqu’un. Bon, pour être honnête, ce n’était pas cela qui allait me faire du baume au cœur mais c’était déjà bien venant de lui. Puis Adragas se mit à parler une nouvelle fois. Sa voix était plus calme et plus agréable : c’était déjà plus rassurant ! Mais ce je venais d’entendre n’était pas pour me plaire. Il voulait qu’on reste ensemble, m’avait cherché pendant un bon moment… Mais il ne voulait pas rester ici, avec moi ? Pourtant, Adragas avait le choix de vivre dans le luxe ! Ma maisonnette avait tout pour plaire : des meubles en chêne très bien taillés. Un lit douillet et propre… Des vêtements en soie, très doux pour la peau. De quoi se laver tous les jours… En clair : la vie de noble, celle qui me sied admirablement bien. Et puis, il m’avait moi ! Vu la belle fille que j’étais, il n’y avait pas de doute à avoir enfin. Beaucoup de mâles auraient tué pour m’avoir et pour vivre avec moi. Je ne comprenais plus ce Noctali… De plus, cela me déplaisait vraiment.

« Pardon très cher ? Je croyais que tu m’avais cherché partout juste pour pouvoir être avec moi… Et puis qu’as-tu donc à perdre ? Une grotte sale et vide ? Pff. Ici, tu as tout pour toi. Si c’est de la solitude que tu cherches, cet endroit est bien assez grand pour que tu puisses t’isoler ! Regardes moi enfin. Tu ne voudrais pas me laisser seule à nouveau, huh ? »

Je tournais mon regard vers le sien, plongeant nos yeux dans ceux de l’autre. Puis, une idée me vint. Je n’avais pas l’habitude de jouer dans la romance puisqu’en général tout allait bien vite… Je ne savais pas non plus si Adragas allait y être réceptif mais… Je le pris dans mes bras.

« Maintenant que tu m’as fait comprendre à quel point tu es important pour moi… Tu… Tu ne peux pas partie comme cela. J’ai besoin de toi, et tu as besoin de moi… »

HRP:

Alors comme ça, il refusait le luxe que je lui proposais. Que ce soit l’argent et les biens, la maison ou encore mon corps… Monsieur le Noctali préférait son antre de gueux sale et miteuse à ma présence et à un lieu plus qu’habitable. Tout ça pour son stupide travail qui était aussi répugnant que dangereux… Cela ne lui faisait rien de me savoir en panique à l’idée de le laisser partir tuer on ne sait qui. Bien, bien. S’il mourrait, j’allais certainement en avoir le cœur brisé mais non, cela n’avait pas plus d’importance que de l’argent payé par des Pokémon impropres. Adragas pouvait tout avoir avec moi ! Absolument tout ! De l’argent, des tapis, de la nourriture, de la soie, des services… Mais non. Comme quoi, il avait des mâles assez idiots pour me résister. Il allait s’en souvenir. Enfin, il semblait ne pas comprendre pourquoi il avait besoin de moi. Là, j’étais doublement blessée. D’une part parce qu’il pensait ne pas avoir besoin de moi et de mon corps (lui qui était accro au sexe, c’était un peu étrange à entendre…). Et d’une autre part, qu’il me mentait. Pourquoi ? Tout simplement parce que si on aime quelqu’un de manière franche et sérieuse, alors on a toujours besoin de lui. L’idée de savoir sa moitié loin, et en danger répugnait les amoureux. Alors je ne savais pas quoi penser des paroles de ce Noctali qui me semblait tout à coup étranger. Je ne pouvais plus lui faire confiance, quel boulet. Le simple fait de le voir irritait mes jolis yeux. Il voulait un compromis ? Il allait l’avoir !

« J’ai ta solution. Séparons-nous. Retrouves donc ton abri chaotique et reprend ton horrible travail. »

Mon ton était vénéneux. Je lui en voulais vraiment. Ce mâle croyait pouvoir faire ce qu’il voulait avec moi ? Je n’étais pas un jouet ! Un pauvre me devait le respect, tout simplement. Surtout qu’il se contredisait beaucoup… Un jour il voulait tellement me revoir qu’il risquait sa vie pour cela. Le lendemain, il disparaissait. Pff.
Alors je croisais les bras, lui lançant un regard de feu.

« Tu n’as pas besoin de moi, n’est-ce pas ? Alors moi non plus, c’est aussi simple que cela. Tu me fais perdre mon temps, Vagabond. »

Ensuite, je me dirigeais vers la porte d’entrée avant de l’ouvrir. Le geste était clair et sous-entendait que ce Pokémon devait partir. Sur-le-champ.

Ma proposition était simple et claire : qu’il sorte d’ici au plus vite. La première réaction qu’eut le Noctali fut de sourire de manière malsaine que je détestais tant. A croire que ce manant le faisait exprès pour m’énerver encore plus. Mais je n’étais pas à cela près, il pouvait bien me faire tous les gestes qu’il voulait, cela m’importait vraiment peu. Je voulais juste… Qu’il disparaisse. Qu’il disparaisse à jamais de chez moi, de ma vie ! Il décida même de s’attarder encore plus pour m’expliquer ses intentions. Bien sûr, cela me passait par une oreille et ressortait de suite par l’autre. Pour qui il se prenait ? J’étais une noble riche et lui un pauvre Noctali des champs ! Comment pouvait-il s’adresser sur un ton aussi familier avec moi alors que je lui étais supérieur. Tout cela parce que nous avions couché ensemble certainement. Ce qu’il ne savait, c’est que j’en avais des choses avec d’autres mâles. Pff. Cela ne lui donnait pas du tout le droit de me traiter comme une paysanne, hm.

Il sortit enfin, en claquant la porte de toutes ses forces. Cela traduisait sa douleur, peut-être mais surtout sa frustration. Bien, je n’avais plus de temps à perdre avec lui. C’était un bon débarras. Il pouvait bien retourner dans son abri de fortune, sa grotte ou quoi que ce soit d’autre. Je m’en fichais éperdument. Je n’avais pas besoin de ce Noctali dans ma vie, ô non. Si j’éprouvai le besoin de me satisfaire… Je pouvais très bien aller voir ailleurs. Ma vie était calme et paisible avant son arrivée, pourquoi cela changerait maintenant, hm ?

Je retournais donc dans le salon, avant de m’asseoir devant le feu. Je n’avais plus cet air de pauvre jeune fille sans défense sur le visage. Non, j’étais féroce avec un regarde de feu. J’étais peut-être une fille facile à cause de mes envies mais il ne fallait pas jouer au plus fort avec moi. Ma noblesse me donnait un statut enfin ! Il pouvait bien aller faire jou-jou avec des paysannes, ce Adragas. Pff.

FIN