Tu es à moi, ne comprends-tu pas ? || PV Keerah

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Le soleil ne s'était pas encore levé qu'une silhouette quittait discrètement une maison en mauvais état. Frêle, l'ombre vacilla un instant, avant de partir le plus silencieusement possible. La cause de cette marche hésitante n'était sans nul doute le poids sur son dos. Bien caché dans un grand foulard, son butin de la soirée. Après avoir été accueilli pour la nuit, Rediel ne s'était pas gêné pour prendre quelques babiolles chez ses hôtes avant de filer en douce. Tel était le bandit de grand chemin.

Quittant le repère de malfrats, le prétendu prophète regagna les petites routes pour se fondre dans la nuit. Frais comme un gardon, le Pyroli marcha pendant une heure ou deux avant de prendre enfin le risque de se retourner. Bon, personne ne le suivait, il était seul. Bien, Rediel pouvait donc s'accordait une pause méritée. Il s'installa un peu à l'écart, à l'ombre d'un buisson. Le soleil pointait enfin timidement ses premiers rayons. Etudiant son butin, le voleur fronça les sourcils. Ce n'était pas grand chose : une pomme, deux assiettes en argile et une coupe de fer. Rien de valeur donc. Mauvaise pioche, mais c'était pourtant la maison la plus potable du village. Le reste avait plutôt mauvaise mine ou sentait bien trop mauvais. L'odeur de la mort, du sexe et du sang flottait partout.

Rangeant son maigre butin, le Pyroli se remit en route. Il ne savait pas vraiment où il se trouvait, n'ayant pas suivit une grande route au profit de la discrétion d'un petit chemin. Et de toute manière, il ne connaissait pas encore la région. Il haussa les épaules. Il verrait bien où ses pattes le méneraient. Ainsi continua-t-il sa marche, les ustenciles claquant dans son dos. Pendant une heure, deux heures, trois heures. Aucun signe de vie, qu'un paysage désert et morose. Décidément, cette terre n'avait pas été épargnée par les combats. Tant mieux, pensa le jeune prophète. Moins il rencontrait de gens sur les routes, plus il y en aurait en ville pour dépenser l'argent devant son spectacle.

Finalement il fit une nouvelle pause. Le soleil était haut dans le ciel. Pas loin de midi certainement. Rediel avait marché plus longtemps qu'il ne l'avait cru. Faisant rouler la pomme au sol, il la renifla rapidement avant de l'engloutir entièrement, n'en laissant que le trognon. Malgré ça, il avait toujours faim. Ce fut l'instant choisi par son odorat pour flairait une piste. Des fruits, de la sueur. De la nourriture. Le ventre du Pyroli grogna et Rediel se résigna à devoir se remettre en route pour le satisfaire.

Le prophète arriva dans un verger. Rempli de pokemon, à son grand étonnement. Beaucoup plus que ce qu'il devrait y avoir normalement dans un tel endroit. Profitant de l'occupation de la foule, le pokemon feu suptilisa rapidement une baie et la dévora en discrétion. Puis il se mit à flaner entre les gens, regardant si un porte-feuille n'était pas à porté de patte. Et soudainement, la foule se mit en mouvement, comme d'un seul corps, pour se dirigeait vers une estrade montée à la va-vite.

Curieux maintenant, Rediel s'approcha à son tour et observa. Il comprit bien vite : une mise en vente clandestine d'esclave.

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Assise dans la tente, enchaînée comme les autres, Keerah observait. A force, elle avait l'habitude des marchés, clandestins ou non. Elle était toujours traînée d'un coin à l'autre d'Aizora, en compagnie d'autres esclaves aussi peu bavards qu'elle. De toutes façons, à quoi bon se lier d'amitié ? Une fois acheté, ils iront vivre avec leur maître dans tel ou tel coin du continent. Un silence tout relatif s'était installé sous la tente, brisé par les éclats de voix extérieurs. Des bruits que faisaient des Pokémon libres.

Le marchand, un gigantesque Ursaring, entra et saisit un Etourvol à l'aile, puis le tira derrière lui. Des exclamations retentirent de derrière les murs en toile tandis que le Pokémon Vol se faisait acheter. Keerah soupira, s'écartant du pilier contre lequel elle était adossée pour trouver une position plus confortable. Elle entendit des pleurs.

" La ferme ! " asséna l'Ursaring en revenant, une liasse de billets à la patte. " Le prochain qui respire, je le crève ! "

La Kirlia s'adossa de nouveau au pilier, les yeux rivés sur le marchand. Celui-ci observa la tente, à la recherche d'un Pokémon souhaitant exposer son avis.

" Vous avez pas à vous en faire, " ricana-t-il. " Ceux qui s'ront pas vendus resteront avec moi ! "

Et il éclata d'un rire gras, faisant frémir les Pokémon présents. Il se pencha ensuite vers Keerah et lui sourit. La Kirlia se contenta de le fixer d'un air impassible. Il la tira par sa chaîne, la traînant après lui. Dehors, la lumière du soleil força Keerah à plisser les yeux. Elle s'était habitué à la lumière tamisée de la tente, et ce brusque changement d'environnement était désagréable. L'Ursaring la tira sur une estrade, où elle resta immobile, fixant la masse grouillante de Pokémon en contrebas. Le marchand se mit à brailler, proposant des prix, vantant ses soi-disant qualités et sa jeunesse, appâtant les Pokémon crédules. La tête baissée, les bras pendants, Keerah observait ses potentiels maîtres. Son regard s'arrêta sur un Pyroli aux yeux vairons. Elle le fixa un instant, surprise par la couleur étrange de ses yeux : l'un était bleu intense et l'autre rouge sang.

" Si tu avais le choix, ce serait lui que tu choisirais ? " demanda Reïz.

Elle haussa les épaules et baissa les yeux.

" Si j'avais le choix, je serais loin d'ici. " répondit-elle simplement.

Et elle soupira, attendant sous le soleil brûlant et les cris des Pokémon. Soudain, le marchand la tira sur le côté, la faisant descendre de l'estrade presque trop haute pour elle. Il la tira devant la construction en bois et observa la foule.

" J'espère qu'il a vraiment le fric, " maugréa-t-il. " On sait jamais, avec ces étrangers. Ah, il est là. Quel dommage, fillette, on va devoir se quitter. "

Keerah leva la tête vers lui, mais il ne la regardait pas. Il fixait une silhouette qui avançait parmi les Pokémon. Alors, elle baissa la tête et attendit son nouveau maître, une boule dans la gorge, comme à chaque fois.

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Le jeune Pyroli se frayait un chemin parmis la foule pour s'approcher au plus proche de la scène. Non pas qu'il avait dans l'idée d'acheter un esclave. Cela demandait bien trop d'argent et d'entretien qu'il ne pouvait se permettre de débourser sur un coup de tête. Le pokemon feu était juste curieux et n'ayant rien d'autre à faire de toute façon, les gens l'attendraient bien encore une heure ou deux, il avait décidé d'assiter à sa première vente aux enchères. Rediel observait le moindre fait et geste du marchand d'esclave, bien déterminer à étudier avec soin sa gestuelle et son vocabulaire pour pouvoir un jour s'en servir dans son activité frauduleuse.

L'Ursaring responsable de ce petit marché vantait les mérites de sa marchandise comme personne, insistant plus que nécessaire sur les divers atouts de tel ou tel esclave. Si Rediel avait été un acheteur et si lui-même n'avait pas été un arnaqueur profesionnel, il se serait sans aucun doute pris au jeu comme tous les autres pokemon présents. Mais lui, qui gardait la tête froide, ne cherchant rien, voyait bien à quel point les esclaves étaient abimés pour certains. Celui-ci était un peu trop vieux pour être si dynamique que ça. Et l'autre semblait malade. Rediel n'aurait même pas osé s'en approcher pour vérifier par crainte d'être contaminé. Mais un coup de brosse par ici, de belles paroles par là et on faisait des miracles. Le prophète était bien placé pour le savoir.

Les achats se déroulaient en général rapidement et avec une bonne cadence. Tout le monde voulait repartir avec son esclave sous le bras, ainsi les acheteurs en arrivaient parfois à se battre pour obtenir gain de cause. Sous le regard plus que satisfait de l'Ursaring qui s'en frottait les mains. Alors que le porte-feuille de la foule se vidait à vu d'oeil, le sien se remplissait à en vomir des pièces. De quoi attirer l'attention de notre petit escroc, plutôt que la vente en elle-même. Mais trop de monde, le Pyroli ne pourrait manoeuvrer à sa guise dans ces conditions.

Un Etourvol passa sur la grande scène, tentant visiblement de s'enfuir mais n'y parvenant pas. L'ursidé le tenait d'une patte de fer. Cette fois, Rediel ne tient plus. Il commençait à doucement s'impatienter et se décida à participer à sa façon. Subtilement, il se glissa entre deux potentiels acheteurs et murmura que l'oiseau était capable de fendre les cieux plus vite que son ombre. L'effet fut immédiat, les deux pokemon voulaient la créature ailée. Un peu plus loin, on se mit à parler de pouvoir de médium. Et de l'autre côté, il paraissait que ses larmes pouvaient soigner les plaies. L'agitation fut grandiose et cela arracha un sourire des plus viles au prophète. Il savait toujours aussi bien manipuler les gens de quelques mots. Retournant à sa place, il attendit la suite.

Le piaf fut vendu à prix d'or et l'Ursaring disparut avec sa liasse de billets pour aller chercher le prochain lot. Rediel se demanda alors, profitant de la petite pause, si il devait rester encore un peu ou partir sur le champ ? Après tout il avait bien profité maintenant, il pouvait se permettre de reprendre la route. Mais déjà le vendeur revient avec sa nouvelle marchandise et le Pyroli regarda par curiosité. Son regard vairon rencontra celui de la Kirlia rapidement. Ils se fixèrent pendant un moment et Rediel fut presque certain d'avoir vu les lèvres de la Psy bougeaient. A qui pouvait-elle donc bien parler ?

Enfin, les enchères étaient repaties de plus belle et cette fois, la marchandise rencontrait un franc succès. Nombreux étaient les pokemon peu respectables qui aimeraient avoir une telle créature dans leur lit, surtout lorsqu'elle aurait évolué. L'Ursaring n'hésitait même pas à vanter cet aspect, assurant la fraîcheur et la virginité de la petite. Rien qui ne pouvait intéresser le Pyroli en soit. Pourtant, il ne pouvait détacher son regard de la Kirlia et s'entendit même grogner lorsqu'un acheteur eut le dernier mot. Le pokemon feu découvrit qu'il s'agisait d'un immense et imposant Galeking.

Les enchères étaient terminées maintenant, le Galeking s'en allait retrouver son achat. Il bavait presque devant la nuit de folie qu'il prévoyait en compagnie de la frêle Kirlia. Non sans échanger des paroles salaces avec l'Ursaring, le pokemon de fer lui donna son argent avant d'attraper fermement la petite dans sa patte et de la soulever du sol, à hauteur de son visage. De son haleine putride, il lui promit milles souffrances, lui lécha le visage et la reposa au sol, non sans sourire pervers au visage. Un dernier échage avec le vendeur et le maître partit avec son esclave.

Suivant un chemin à travers les arbres, le Galeking continuait ses remarques déplacées, encore et toujours. Et plus il s'imaginait avec la Kirlia, plus il se sentait exiter à tel point qu'au bout d'un moment, il n'y tient plus. Se retournant brusquement, il aggripa méchament l'esclave et la plaqua contre un arbre fruitié. Il la regarda avec des yeux pervers et approcha sa bouche de la sienne. Cependant il n'eut pas le temps de la toucher. Un hurelement s'échappa de sa gueule et il s'éloigna rapidement, tenant sa queue entre ses pattes.

Rediel le regardait d'un air d'enfant, totalement innocent. Il avait un doux sourire plaqué sur le visage, la tête légèrement penchée et était assis sagement. Le Galeking se tourna vers lui, le regard furibond.

-C'est toi qu'à fait ça ?!
-Fait quoi ? Brûler ton gros arrière train ? Oui c'est moi !
-J'vais te buter !

Le pokemon acier fonça droit sur le petit Pyroli qui sauta habilement sur sa tête. Marchant sur son dos, il se fit un malin plaisir à laisser sa chaleure passait à travers ses pattes et marquait la cuirasse du Galeking. Puis, sautant sur le sol, le prophète utilisa son attaque Danseflammes pour bloquer l'immense pokemon. Ce dernier ne pouvait plus s'enfuir et la chaleur était puissante, même pour lui.

-Danse !

A coup de Lance-Flamme, Rediel obligea le Galeking à danser d'une patte sur l'autre, ricanant comme un démon. Sa folie avait pris le dessus. Il s'amusait à toucher parfois un bras, parfois la tête. La victime hurlait de douleur, ce qui arrachait un plus grand sourire au Pyroli. Au bout de quelques minutes cependant, il en eut marre. Il sauta dans les flammes qui lui léchèrent le pelage.

-Tu veux que j'arrête ?
-O-Oui ! S-Stop par pitié !
-Tu veux que je te sauve ?
-OUI !
-A genoux.
-Tout ce que v-vous voudrez !
-Alors brûle dans les flammes des dieux du feu.

Sans laisser le temps à sa victime de comprendre, Rediel l'attrapa à la gorge offerte maintenant que le grand pokemon était au sol. Et d'une terrible attaque Croc-Feu, il brûla la trachée du Galeking, comprima la gorge et trancha la jugulaire. Le sang éclabousa le sol et les flammes, ainsi que le visage du Pyroli. Lorsque le corps du pokemon acier eut cessé tout mouvement, Rediel le lâcha enfin, cracha un peu de sang par terre et s'apprcha de la Kirlia. Juste avant, il se tourna une dernière fois vers le cadavre et le fit brûlé entièrement d'une attaque Lance-Flamme. Son visage angélique retrouvé, il déclara d'un ton plutôt enfantin.

-T'es sauvée ! Sulfura et Ho-Oh était avec toi aujourdhui, je les ai vu !

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Keerah se tétanisa en se sentant soulevée du sol. Elle se retrouva face à un Galeking qui lui souriait, une lueur malsaine au fond des yeux. Il lui murmura des atrocités, puis lécha le visage de la jeune femelle qui dut retenir ses nausées. L'haleine putride de son nouveau maître lui soulevait le coeur, tout autant que son attitude déplorable. La Kirlia, elle le savait, était perdue. Son nouveau maître allait la maltraiter et profiter d'elle plus qu'il n'en serait possible.

Après avoir payé l'Ursaring, il partit, entraînant Keerah dans son sillage. Celle-ci trébuchait, traînée comme un vulgaire sac à baies sur le chemin terreux, forcée d'écouter les propos sordides du Galeking. Il lui disait qu'elle allait souffrir à être son esclave, aussi bien physiquement que moralement... Mais la Kirlia gardait son habituel air impassible, sachant qu'elle n'échapperait pas à la fatalité. Les lèvres serrées, elle avançait, luttant contre l'angoisse qui montait en elle. Il ne fallait pas qu'elle montre à son maître qu'il l'inquiétait, il n'en prendrait que plus de plaisir à lui faire du mal. Elle le sentait se raidir petit à petit, il lui jetait de plus en plus souvent des regards pervers. Et puis, n'y tenant plus, il la plaqua brusquement contre un arbre, la tenant fermement pour qu'elle ne puisse pas s'échapper. Keerah s'accrocha au tronc noueux, comme si elle espérait y disparaître. Le Galeking approcha son visage répugnant du sien, et elle ferma les yeux, ne voulant pas qu'il puisse y lire l'effroi qu'elle ressentait. Elle était prête à tout, mais il ne se passa rien. Un hurlement de douleur retentit, puis des cris de rage. Keerah, lâchée par son maître, s'était recroquevillée au pied de l'arbre, les visage caché entre ses pattes et le souffle court. Elle inspirait de grandes bouffées d'air, expirait, inspirait de nouveau, ne voulant pas voir ce qu'il se passait à quelques mètres d'elle. Elle sentit une violente chaleur sur son corps, comme si des flammes brûlaient non loin d'elle. Mais elle ne voulait pas voir. Hors de question. Son maître pourrait revenir.

Réfugiée entre ses bras, elle attendit. Le silence était revenu, apportant avec lui un calme incroyable.

" Keerah, murmura doucement Reïz, Tu peux regarder. C'est fini. "

Lentement, elle leva la tête. Devant elle se tenait le Pyroli aux yeux étranges qu'elle avait vu dans le verger. Le sang qui tachait son museau contrastait avec le sourire qu'il avait sur le visage.

" T'es sauvée ! Sulfura et Ho-Oh était avec toi aujourdhui, je les ai vu ! "

La Kirlia ne savait quoi répondre. Elle leva les yeux vers le ciel, cherchant du regard les oiseaux de légende. Mais, mis à part quelques nuages, il n'y avait rien. Son regard revint vers le Pyroli qui se tenait face à elle. Derrière lui se trouvait un énorme tas de cendres. Assez gros pour être les restes d'un Pokémon comme son maître. Son ancien maître, plutôt. Elle ne put retenir un sourire victorieux en comprenant ce qu'il lui était arrivé.

Elle se releva doucement, souriant au Pyroli. C'était grâce à lui qu'elle était libérée du joug du Galeking. Keerah lui fit une profonde révérence.

" Merci, merci beaucoup ! Je ne devrais pas réagir comme cela à la mort de mon maître, mais... Encore merci. "

Elle se redressa, les yeux pétillants.

" Je me nomme Keerah. Et vous ? "

Keerah n'avait pas pour habitude de dévoiler ses sentiments au premier Pokémon venu, mais le Pyroli venait de la sauver de son maître. Grâce à lui, elle échappait à bien des choses.

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