Jour de détention : 2254

Perchée au-dessus de la colline au sein de laquelle je minais de l’or quinze heure par jour depuis six ans, je regardais le soleil mourir dans l’horizon sablonneux.  Sous l’effet de la lumière déclinante, le sable était devenu aussi rouge que mes piquants dorsaux. Depuis que j’avais été séparée de mes parents trois ans plus tôt, regarder le soleil se coucher était devenu un rituel que je ne manquais sous aucun prétexte. Je regardais ce spectacle avec un plaisir chaque fois renouvelé : voir le soleil couchant me rappelait le passé. Il me rappelait cette époque où je jouais à cache-cache dans les dunes avec mon père. Mais tout a changé quand il est apparu. Il est venu chez nous, j’ai eu la faiblesse d’intercéder en sa faveur et toute ma famille a été déportée au Camp Bêta. Mais même cela ne lui a pas suffi ! Non, il fallait que le destin s’acharne sur moi et me prive de ma seule famille.

- Tout cela est de sa faute ! Si ces résistants n’existaient pas, jamais je ne me serais retrouvée ici !

Je le maudissais quotidiennement depuis des années. J’avais calculée : j’étais détenue au Camp Bêta depuis exactement 2254 jours.  Dès que le soleil aura complètement disparu dans l’horizon, le 2255ème acte de cette mascarade pourra commencer. Je plissais les yeux. Cette nostalgie me dévorait chaque jour davantage. Mais m’évader ne changerait rien à la situation : personne ne pouvait me rendre la paix que ce Mangriff m’avait volée. Je le savais pertinemment, et c’était sans doute ce qui était le plus déprimant dans ma situation.

- Il n’y a rien de pire que les démons qui se parent dans un habit d’ange.

C’est à ce moment qu’il apparut. Au départ, je ne m’en étais pas rendue compte mais je ne pouvais plus l’ignorer : on m’écoutait. Ce « il » était indéfinissable. Je ne l’avais jamais vu dans le camp jusqu’à aujourd’hui. Et pourtant, je ressentais à son aura malfaisante qu’il était tout proche. Par réflexe, je bondis de mon perchoir et recula de quelques pas tout en me retournant. Mes yeux ne pouvaient mentir : ce « il » était un Spectrum. Que pouvait-il bien me vouloir et, surtout, que faisait-il ici ?

Alors que les derniers rayons de soleil daignaient enfin laisser la place à la pénombre et au début de la nuit. Haunter avait décidé d’user de ses privilèges de Conseiller en allant visiter un camp, il préféra d’abord visiter le camp Béta suite à des infos qu’il a reçu sur une détenue qui aurait fait évader de nombreux prisonniers. Une telle personne lui semblait intéressante, si elle avait fuir des prisonniers si facilement cela voulait dire qu’elle était douée dans l’art de creuser de passer inaperçu. En entrant dans le camp, Haunter prit la peine de s’annoncer auprès du dirigent de ce camp, un grand Grolem qui reconnut assez rapidement l’ancien Hellhound, ce dernier était apprécié pour avoir rempli pas moins d’un quart du camp avec divers Pokémons : quelques résistants, des mercenaires, mais aussi des truands de seconde zone. Haunter expliqua donc les raisons de sa venue au Pokémon roche, qui ne put s’empêcher de lui répondre avec un air d’agacement qu’il voyait très bien de qui le Pokémon Spectre voulait parler, et lui expliqua qu’au cours des 6 années qu’elle avait passé ici, la Sablaireau dont il était question avait fait évader 29 personnes, et tout cela sans jamais en profiter. Cette info plaisait grandement au Spectrum qui ne pût retenir un rictus assez terrifiant pour les quelques gardes qui se trouvaient autour des deux Pokémons tandis qu’ils avançaient en dehors du bureau du chef, car le fait qu’un Sablaireau fasse évader 29 prisonniers en 6 ans sans jamais en profiter pour partir semblait donner l’impression d’avoir un Pokémon à l’esprit faible ou tout du moins brisé, ce qui n’était pas pour déplaire au jeune conseiller.
Haunter demanda donc à la voir de toute urgence tant qu’il était là, son statut de conseiller lui octroyait certes des avantages comme l’accès au camp plus facilement mais il avait d’autres choses à coté à régler comme le bon fonctionnement de la confrérie des Ombres, mais aussi de faire grandir son armée dans le but de changer le monde actuel pour le bien de la renaissance de son modèle. Mais les pensées d’Haunter divaguaient, tandis qu’il arrivait près d’une colline au niveau des mines d’or du camp, à ce moment, le Grolem pointa du doigt, un Pokémon qui fixait les derniers rayons de soleil qui venaient mourir à l’horizon laissant derrière eux une dernière trainée rougeoyante, alors que l’ombre de la nuit commençait à dévorer cette faible lumière. Haunter fit donc signe aux gardiens de ce camp de rester ici et d’attendre ses indications avant de faire un quelconque mouvement. Suite à cela le Spectrum s’approcha tranquillement du Pokémon Hérisson ayant laissé Incursio sa fidèle lame à l’office par soucis protocolaire, ce Pokémon semblait être dans ses pensées mais en même temps être assez contrarié :

- Tout cela est de sa faute ! Si ces résistants n’existaient pas, jamais je ne me serais retrouvée ici !
- Il n’y a rien de pire que les démons qui se parent dans un habit d’ange.

Puis sur un ton froid mais pourtant courtois, Haunter interpella le Pokémon sol qui avait l’air d’être sorti de ses pensées après avoir senti l’aura malsaine que dégageait le Spectre, si bien que le Sablaireau venait de reculer quelque peu :

« Bonsoir mademoiselle, j’aimerais savoir quel est le nom de celle qui a su  déjouer pas moins de 29 fois la surveillance de la garde de ce camp, et qui pourtant se trouve encore ici après tout ce temps. »

Le Spectrum comptait analyser chaque réactions et chaque propos que la jeune Pokémon sol allait entreprendre alors qu’elle faisait face au jeune conseiller …

Mon nom. Ce fantôme de mauvais augure me demandait mon nom. C’était une question anodine, on pourrait même dire banale, et pourtant je voyais dans son regard qu’il se faisait passer pour quelqu’un d’autre. Tout en l’écoutant parler, je vis en contrebas le chef du Camp Bêta nous regarder. Tout devenait clair à présent : ils s’étaient enfin décidés à intervenir. Je souris. Ce n’était pas un sourire malsain comme celui de ce Spectrum. Non, il n’exprimait qu’une chose : l’autodérision. J’étais pathétique. En faisant évader tous ces gens, mon but avait toujours été d’attirer l’attention. Maintenant que c’était chose faite, ma vie n’avait de nouveau plus aucun but. Qu’allait-il se passer à présent ? C’était amusant : j’aurais dû ressentir de la peur mais je ne ressentais que le vide.

Pourtant, il fallait bien faire quelque chose. Alors, je fis ce que j’ai toujours fait en présence de mes oppresseurs : j’ai montré à ce Spectrum qu’il ne fallait pas me prendre pour une idiote. Moi aussi, je pouvais jouer avec lui.

- Voyons voir…Un séduisant inconnu débarque à la nuit tombée et me demande mon nom. En agissant ainsi, tu cherches sans doute à me mettre en confiance afin de pouvoir me contrôler à ta guise. C’est finement joué, je te félicite. Seulement voilà : crois-tu vraiment que je serais parvenue à avoir un tel palmarès sans avoir un certain don pour l’observation ? Je sais que tu viens de l’extérieur pour régler mon cas. J’en déduis donc que tu dois être un membre de la Hellhound. Non : soyons fous, allez ! Peut-être même es-tu un Conseiller en manque d’action qui cherche à se divertir aux dépens de nous autres roturiers.

Je fis une pause pour éclater de rire. Ce n’était pas un rire sincère. Il comportait une part de mélancolie que le Spectrum ne pouvait que percevoir. Mais cela n’était pas important. Je me fichais pas mal de ce que cet inconnu pouvait penser de moi. Après être redevenue sérieuse, je le fixa longuement. C’était étrange : lorsque je le regardais, j’avais l’impression de regarder mon âme. D’une certaine manière, c’était apaisant.

- Cessons les mondanités dès maintenant. Puisque votre Illustre Grandeur a daigné me poser une question, je vais y répondre. Il y a longtemps, mon père m’appelait Tyra. J’imagine que cela doit être mon nom, bien qu’il n’ait plus aucune signification pour personne dans ce camp.

En mentionnant mon père, je baissai involontairement les yeux. Le passé revenait me hanter. Une fois de plus. J’aurais voulu cacher cela à mon inquiétant interlocuteur, mais j’imagine que c’est impossible. Une question échappa de ma mâchoire. Elle semblait anodine, et pourtant elle signifiait tant pour moi. C’était cette même question que je me posai depuis six ans.

- Dites-moi, votre Illustre Grandeur : pensez-vous que l’on puisse se libérer de son passé ?

Ainsi  cette Sablaireau avait le cran de défier et essayer d’analyser le Spectrum, et elle semblait prendre un malin plaisir à le faire :

- Voyons voir…Un séduisant inconnu débarque à la nuit tombée et me demande mon nom. En agissant ainsi, tu cherches sans doute à me mettre en confiance afin de pouvoir me contrôler à ta guise. C’est finement joué, je te félicite. Seulement voilà : crois-tu vraiment que je serais parvenue à avoir un tel palmarès sans avoir un certain don pour l’observation ? Je sais que tu viens de l’extérieur pour régler mon cas. J’en déduis donc que tu dois être un membre de la Hellhound. Non : soyons fous, allez ! Peut-être même es-tu un Conseiller en manque d’action qui cherche à se divertir aux dépens de nous autres roturiers.

Cette façon d’analyser était typique d’une personne qui a perdu foi en quelque chose, chose qui paraissait évidente aux vues du rire presque mélancolique et forcé que la Pokémon sol se tâcha de faire comme un signe de moquerie, puis elle reprit un air sérieux et répondit enfin à la question d’Haunter :

- Cessons les mondanités dès maintenant. Puisque votre Illustre Grandeur a daigné me poser une question, je vais y répondre. Il y a longtemps, mon père m’appelait Tyra. J’imagine que cela doit être mon nom, bien qu’il n’ait plus aucune signification pour personne dans ce camp.

Encore une fois l’aura inquiétante et machiavélique du conseiller permit de déceler une nouvelle pointe de mélancolie ce coup-ci dans le regard de la Sablaireau. On sentait pertinemment qu’elle ne voulait rien dévoiler, mais l’aura d’Haunter était si oppressante que face à lui, les plus faibles d’esprit ne pouvaient s’empêcher de trahir leur souffrance d’une manière plus ou moins grande, ce qui aidait grandement le Spectrum à analyser et à manipuler les âmes de ce genre. Haunter ne put se retenir de laisser un rictus déformé se former sur son visage, quand la jeune Tyra posa une question des plus inattendues et pourtant si intéressante :

- Dites-moi, votre Illustre Grandeur : pensez-vous que l’on puisse se libérer de son passé ?

A cet instant Haunter savourait sa découverte, il avait face à lui l’exemple typique d’une âme égarée qui se cherchait une vie. Haunter prit donc un instant avant de répondre sur le même ton qu’au préalable :

« Hélas le passé est quelque chose dont on ne peut jamais réellement se libérer, car si l’on arrive à s’en débarrasser, on se retrouvera avec un vide à l’intérieur, de plus je sens bien que vous me demandez cela car vous semblez avoir un trouble avec votre passé et votre rire amusé à la vue d’un conseiller semble être le fruit d’une provocation volontaire comme une personne qui à tout perdu ou plus précisément qui s’est fait ôter quelque chose par quelqu’un. Et à en juger par votre regard des plus neutres cela doit être la faute d’un résistant à mon égard, je me trompe? »

Haunter, fixait à présent Tyra et attendait de voir dans quelle mesure l’analyse du Spectrum allait toucher sa future victime…

Ce Spectrum n’était pas né de la dernière pluie. Mais sa réponse ne m’étonnait pas le moins du monde. Au contraire même : elle était décevante. Le passé est une sangsue. On peut croire pouvoir s’en débarrasser, mais il revient toujours vous hanter. Je soupirai de lassitude.

- Ça se voit sur mon visage, n’est-ce pas ? Je dois être franchement désespérée pour baisser ma garde ainsi devant quelqu’un que je devrais haïr comme les autres prisonniers de ce camp.

Je fis une pause. Ce que je venais de dire me fit prendre conscience de quelque chose. Ce sentiment de vide et de ressentiment qui m’emplissait chaque jour n’était pas dû à Helheim. Oui, ils m’avaient torturée mais ce n’était que l’état naturel du monde. Le fort punit le faible. J’avais nui à leurs intérêts et ils m’avaient sanctionnée en conséquence. Ce qui serait apparu despotique à d’autres me semblait n’être que de la pure logique. Je ne faisais pas cette logique mienne, mais je la comprenais. Ils faisaient ce que leur système de valeurs leur intimait de faire. Je n’avais aucune raison de les haïr. En cela, je différais de tous ces pauvres hères qui voulaient échapper aux griffes de Helheim.

Au contraire, j’avais toutes les raisons de honnir la Résistance. Ils débarquaient chez les gens au nom de je ne sais quel principe abstrait et brisaient l’ordre naturel. L’ordre naturel du monde pour moi, c’était de vivre en paix avec ma famille à l’écart de tout. C'est ainsi que vivent les Sablaireau. La guerre et la politique n’avait jamais été mon problème. Dès lors, pourquoi considérer avec méfiance ce Spectrum ? Il ne faisait que son travail. Après cette discussion, il allait sûrement m’éliminer. Ce n’était que pure logique. Et je n’avais aucune raison de m’y opposer.

- Qu’est-ce que la justice ? Que valent tous les idéaux des résistants s’ils causent le chaos parmi les simples gens ? Je me pose cette question en boucle depuis six ans. Ces types ne sont que des inconscients. J’imagine que votre intention est de m’exécuter, votre Illustre Grandeur. Il n’y a aucune autre raison rationnelle pour que vous soyez venu de si loin pour me voir. J’ai fait évader tous ces gens en poursuivant cet objectif. Avant ce joyeux intermède, j’aimerais toutefois vous poser une autre question. Si la Justice mène au Vice, dans ce cas la voie de la vengeance ne serait-elle pas celle vers la Vertu ? Dois-je me venger de celui qui m’a conduite ici ?

Mon visage s’assombrit. Oui, peut-être était-ce la voie que j’étais vouée à suivre. En ce monde, tout est relatif. Hélas, ma rationalité déprimante reprit très vite le dessus. Même à supposer que je décide de ne vivre que pour accrocher la tête de ce mangriff au bout d’une pique, je n’étais qu’une prisonnière isolée dans un camp perdu au fin fond du désert. Cette quête était vaine. Je balayai très vite cette pensée en éclatant une nouvelle fois de rire.

- Arceus est vraiment un petit rigolo, vous ne pensez pas ? Nous ne sommes que les jouets d’un destin qui nous échappe et les dieux jouent aux échecs avec nous. Fort bien : jouons, mon cher Conseiller ! Et vous, quel rôle allez-vous jouer ce soir ? Reviendrez-vous à la capitale avec la tête de la femme qui a défié l’ordre naturel du monde ?

Plus les minutes passèrent, et plus la discussion devenait intéressante tant du point de vue psychologique car le Spectrum prenait le dessus sur cette âme fragilisée, mais aussi cela lui permettait aussi d’améliorer ses capacités d’analyse et de réflexion, un vrai avantage dans ce monde ou la manipulation était de rigueur. De plus, Tyra semblait perdre toutes ses défenses comme si elle avait accepté le sort qui lui incombait à l’instant :

- Ça se voit sur mon visage, n’est-ce pas ? Je dois être franchement désespérée pour baisser ma garde ainsi devant quelqu’un que je devrais haïr comme les autres prisonniers de ce camp.

Toutefois au grand désespoir du conseiller quelque chose venait de changer dans le regard de la Sablaireau, elle donnait à présent l’impression d’un renouveau dans son esprit, ou plus exactement d’une prise de conscience majeure qui semblait se refléter sur sa façon d’être et d’agir, et de nouveau elle se permit de poser une question rhétorique des plus intéressantes :

- Qu’est-ce que la justice ? Que valent tous les idéaux des résistants s’ils causent le chaos parmi les simples gens ? Je me pose cette question en boucle depuis six ans. Ces types ne sont que des inconscients. J’imagine que votre intention est de m’exécuter, votre Illustre Grandeur. Il n’y a aucune autre raison rationnelle pour que vous soyez venu de si loin pour me voir. J’ai fait évader tous ces gens en poursuivant cet objectif. Avant ce joyeux intermède, j’aimerais toutefois vous poser une autre question. Si la Justice mène au Vice, dans ce cas la voie de la vengeance ne serait-elle pas celle vers la Vertu ? Dois-je me venger de celui qui m’a conduite ici ?

Cette question ne plaisait qu’en demi-teinte au jeune Pokémon spectre car elle pensait qu’elle allait être exécutée, et donc une forme de peur inconsciente mais toutefois perceptible émanait d’elle, mais en même temps une sorte de confiance qui agaçait légèrement le conseiller. Toutefois suite à cette question, la jeune Pokémon sol se mit à montrer un visage qui plaisait grandement au spectre, car ce visage voulait dire qu’elle voulait briser une vie comme on lui avait brisé la sienne. A ce moment-là, Haunter esquissa un sourire des plus terrifiant alors que la nuit commençait enfin à pointer son nez, ce qui rendait le visage du spectre que plus ignoble, mais ce visage de la détenue redevint bien vite, trop vite même un visage déprimé, et de nouveau elle éclata de rire en prononçant une nouvelle phrase lourde de sens :

- Arceus est vraiment un petit rigolo, vous ne pensez pas ? Nous ne sommes que les jouets d’un destin qui nous échappe et les dieux jouent aux échecs avec nous. Fort bien : jouons, mon cher Conseiller ! Et vous, quel rôle allez-vous jouer ce soir ? Reviendrez-vous à la capitale avec la tête de la femme qui a défié l’ordre naturel du monde ?

Ces quelques mots donnèrent envie aux gardes de s’en charger toutefois, Haunter leur fit signe de ne pas bouger et les menaça de son ton le plus froid :

« Ne bougez pas sinon, votre dirigeant devra engager de nouveaux gardes qui je l’espère seront plus compétents, mais surtout plus disciplinés que les fous qui oseront braver mes ordres, et ne m’obligez pas à me repeter… »

Puis il se retourna de nouveau vers Tyra et s’approcha un peu avant de lui expliquer très exactement quels plans il avait pour elle sur un ton plus froid mais à peu de choses près aussi courtois qu’auparavant :

« Très chère, sachez que si vraiment vous deviez mourir je n’aurais pas eu à me déplacer personnellement, les bourreaux qui se trouvent ici sont très compétents dans ce domaine. Non ce que je vous propose est de vous offrir cette voie vers la vengeance que vous souhaitez tant, après tout vous ne le savez peut-être pas mais on a beau avoir un destin tout tracé, la vie s’amuse toujours à nous offrir des voies annexes pour nous tester. Si vous souhaitez enfin savoir quel est votre réel but dans la vie, ou plutôt si vous voulez donner un sens à votre vie rejoignez moi et allons faire payer les êtres infâmes qui polluent nos villes et nos villages, qui détruisent des vies afin de soi-disant en « sauver », et restaurons le chaos pour la naissance d’un ordre nouveau ou seuls les âmes pures et non décadentes auront leur place. Alors qu’en dites-vous, êtes-vous prête à me rejoindre moi et l’armée du chaos afin de réduire à néant la résistance, et ainsi vous offrir corps et âme dans la voie de la destruction et de la vengeance, ou préfèreriez-vous rester dans cette bulle hors du monde où vos pensées vous dévoreront, à moins que ce ne soit la faim et la soif qui aient raison de vous avant ? »

Haunter tendit alors la main vers la Pokémon hérisson, attendant de voir si celle-ci accepterait de pactiser avec le Diable ou non …

La réponse du pokémon spectre me désarçonna. Je m’attendais à tout, mais certainement pas à ce qu’il me propose de travailler pour lui. Il fallait que j’analyse froidement la situation. Il proposait de m’aider à accomplir ma vengeance envers la Résistance. En retour, il ne demandait qu’une chose : que je rejoigne son « armée du chaos ». L’idée était tentante. Sur un plan pratique, servir ce Spectrum allait me donner une plus grande autonomie d’action que ce camp miteux où je pourrissais depuis des années. Chaque prisonnier et chaque garde, je le connaissais mieux que lui-même. On ne survit pas six ans dans un camp de concentration sans exploiter les faiblesses de ses geôliers.

Je savais que Victor était cupide, que le chef du camp avait un penchant certain pour la boisson et qu’un des gardes que ce Spectrum avait menacé était un pervers accompli qui avait souillé je ne sais combien de jeunes prisonnières depuis son arrivée en garnison ici. La cicatrice qui défigurait la partie gauche de son visage, c’est moi qui lui avais faite quand il avait osé me faire des avances. Depuis ce jour, il ne m’a plus jamais adressée la parole. C’est le genre de type qui ne s’attaque qu’aux faibles : les femmes fortes, ça ne l’intéresse pas. En langage commun, c’est ce que l’on appelle un lâche.

En me remémorant cet évènement, j’esquissai un sourire. Oui, l’atmosphère était nauséabonde ici. Néanmoins, cette puanteur faisait partie de l’ordre naturel du monde. Le fort dévore le faible. N’était-ce pas ainsi que le monde avait toujours été ? Brusquement, je pivotai de façon à ce que le spectrum ne voit plus que mon dos hérissé de piquants écarlates.

- Tu me propose de détruire ce monde vicié pour en créer un autre purifié, hein ? C’est séduisant…

A cet instant, la Lune apparut soudainement. Jusqu’ici cachée derrière les nuages noirs de la nuit, elle illumina mes piquants de plein feux comme des pierres précieuses. Je la regardai avec mes yeux rougis par la flamme de la vengeance. Peut-être allais-je accepter la proposition du Spectrum. C’était la chose la plus raisonnable à faire après tout, non ? Mais avant cela, je devais m’assurer de deux choses.

Je me retournai de nouveau et fixa le garde défiguré que j’avais évoqué un peu plus tôt. Mon regard n’était pas mon regard habituel. Il était celui de la démence. Ce Tygnon me rappelait la Résistance : comme ces inconscients, il avait brisé la vie de jeunes filles qui n’avaient rien demandé.

C’était inacceptable. Le bras de la vengeance devait frapper. Après m’être rapprochée suffisamment de lui, je continuai de le fixer. Il semblait terrifié, comme s’il regardait un monstre.

Pour ma part, je me sentais bien : ce que je m’apprêtai à faire n’était que pure Justice. Ce n’était pas la fausse justice des Résistants. Le pécheur doit payer. Cela vaut autant pour la Résistance que pour Helheim.

- Mon cher Conseiller, j’aimerais me livrer à une expérimentation.

A ces mots, je levai mes deux griffes en l’air de manière à former une croix et abattit le glaive vengeur de la Justice du cou à l’abdomen du Tygnon. Il mourut sur le coup, incapable de comprendre ce qui venait de lui arriver. Lorsque je retirai mes griffes de ses entrailles, de larges quantités de sang en échappaient. Je regardai cet écoulement avec fascination.

- Finalement, cette ordure était bien un lâche. Je n’aime pas les hommes qui manquent de panache.

J’étais satisfaite. Le monde était un peu moins corrompu ce soir. Le sol environnant était à présent rougeoyant. Tout en continuant de fixer mes griffes gorgées de l’hémoglobine du pokémon combat, je répondis au Spectrum.

- Revenez ici dans trois jours à minuit. Je vous donnerais ma réponse. Vous m’avez aidée à répondre à certaines questions, mais il en reste encore beaucoup trop en suspens pour que je puisse prendre une décision aussi importante ce soir.

A ces mots, je bondis en bas de la colline et disparut dans les labyrinthiques mines d’or du Camp Bêta qui étaient mon refuge depuis des années. Je devais réfléchir à tout ça. Les ténèbres m’appelaient, je le sentais. Mais j’avais l’impression d’oublier quelque chose de très important.

(HRP : Ce post conclut le RP. Tyra est maintenant sévèrement atteinte, je te laisse achever le RP Haunter.)

La réaction de la jeune Sablaireau suite à la proposition faite quelques instants auparavant fut à la fois prévisible, mais en même temps très étonnante. En effet, plutôt que de simplement accepter ou refuser, la Pokémon hérisson répondit le plus simplement su monde :

- Tu me propose de détruire ce monde vicié pour en créer un autre purifié, hein ? C’est séduisant…

Bien que son attitude laissait penser que la tentation était assez grande pour accepter, sa façon de répondre au conseiller en le tutoyant alors qu’au préalable celle-ci ne faisait que de le vouvoyer, agaçait légèrement le Pokémon spectre qui laissa apparaître son mécontentement, puis à sa grande surprise un air malsain et quelque peu dément commençait à s’échapper de Tyra comme si quelque chose en elle c’était réveillé. Haunter le comprit assez rapidement lorsque cette dernière se retourna pour faire de nouveau face non pas au conseiller comme on aurait pu l’imaginer, mais à l’un des gardes qui semblait avoir une balafre ressemblant étrangement aux griffes d’un Sablaireau, ainsi ce garde s’en serait pris à des prisonnières, et rien qu’à lire le regard plein de haine et de vengeance de la prisonnière, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Puis elle s’exprima toujours en s’approchant du garde qui commençait à être apeuré, mais cette fois encore elle s’adressait au conseiller une fois à la hauteur du garde :

- Mon cher Conseiller, j’aimerais me livrer à une expérimentation.

Haunter savait pertinemment qu’il n’y avait aucune  réponse attendue et le spectacle fut de courte durée mais très divertissant, le Tygnon en question se fit éventrer du cou à l’abdomen d’un simple coup de griffes, la seule réaction de la Sablaireau était la fascination, le Spectrum quant à lui appréciait la vue d’un tel acte de vengeance haineux, et ne put s’empêcher de lâcher un très léger « Fascinant », il avait en face de lui une machine à tuer qui ne jurait que par un seul mot d’ordre : la vengeance. Puis une fois son œuvre achevée Haunter fit signe aux autres gardes d’emmener le cadavre expliquant qu’il préférait voir  cet immondice de Tygnon mort, celui-là même qui avait lancé ses camarades à désobéir une fois au conseiller quelques minutes avant, et qui avait ennuyé ce dernier lors de son arrivée une heure plus tôt. Puis alors que le silence retomba de nouveau, la jeune prisonnière brisa ce silence d’un ton satisfait :

- Finalement, cette ordure était bien un lâche. Je n’aime pas les hommes qui manquent de panache.

Et tout en contemplant ses griffes maculées de sang, elle se décida enfin à donner une réponse au Pokémon spectre qui commençait presque à perdre patience :

- Revenez ici dans trois jours à minuit. Je vous donnerais ma réponse. Vous m’avez aidée à répondre à certaines questions, mais il en reste encore beaucoup trop en suspens pour que je puisse prendre une décision aussi importante ce soir.

Cette réponse agaça un poil le conseiller, mais il comprenait très bien que sa cible n’avait pas perdu toute sa raison, il lui restait encore une once de réflexion, mais surtout une voix dans sa tête venait de naître et avant que la prisonnière ne parte se terrer dans les mines Haunter ajouta une dernière phrase qui, il l’espérait scellerait pour de bon le destin de la jeune Sablaireau mais surtout qui la ferait succomber à l’appel des ténèbres :

« Et bien soit je ne quitterais pas le camp, et je reviendrais à cet endroit précis dans trois jours exactement à minuit pile et à ce moment-là j’espère que vous pourrez m’apporter la réponse nécessaire, car dites-vous très chère Tyra que chaque minute, que dis-je chaque seconde que vous perdez à réfléchir à ma proposition, est une seconde de plus dans la vie de centaines de résistants qui continuent d’oppresser les pauvres civils, qui se retrouvent ainsi prisonnières à leur tour du piège machiavélique, et lâche de ces chiens immondes et impurs, chacun de leurs actes est une plaie de plus dans la vie de ces êtres qui, comme vous voient leurs vies et leur rêves se faire briser par ces adorateurs de la couardise. »

Et, tandis que la captive replongeait dans les mines, Haunter reprit donc le chemin de l’office et s’installa confortablement envoyant un Nirondelle a ses camarades conseillers pour prévenir de son absence pour les trois-quatre jours à venir. Puis il fixa la zone minière espérant que l’appel des ténèbres engloutira la captive dans ses abymes de noirceur …

Bien il est temps de voir ce que ça vaut.

Je jugerais à la qualité d'écriture et à la globalité du rp.

- Un bon sans faute de ton côté. Écriture soignée, bonne mise en scène du personnage, langage très poussé (presque trop pour certain mais tant mieux), ton personnage passe d'un point A à B, vraiment rien à redire.


Très bon aussi, quelques oublis de mot dans les premiers postes mais pas grand chose à dire après, on sent le malin plaisir que ton personnage a à manipuler son esprit.


Agréable à lire, sans trop de longueur, on arrive à quelque chose au bout du compte et laisse planer des envies de suites.


Décompte:

Tyra: 500 poke$

Haunter: 480 poke$