To Liberty !

Le Soleil était bien haut dans le ciel à présent. Il faisait bien beau ce jour-là, une excellente journée pour déambuler dans le cœur du Royaume Primera : la Capitale. De ce fait, il n’était pas rare de croiser beaucoup de Pokémon différents là-haut. William n’avait donc pas de temps à perdre s’il voulait à nouveau faire une tentative pour faire comprendre son message.

Le Braségali stoppa son yoga doucement, reprenant une position naturelle. Il était toujours déterminé à rallier des Pokémon à sa cause et ainsi renverser la monarchie, la Reine, et le pouvoir. Personne n’avait besoin de cela. Le pouvoir ne faisait qu’engendrer drame et colère… William en savait quelque chose puisque son village avait péris à cause de la trahison de l’une des Reines. Son pauvre village qui n’avait finalement pas manqué à grand monde car pratiquement personne n’était au courant. Après tout, ils n’étaient pas bien riches ni puissant dans son village natal.

Il serra les poings, se remémorant une nouvelle fois l’image terrible de cendre et de ruines… Le Pokémon Feu ne pouvait pas laisser ce crime passer sous silence ! Il fallait que la Reine Solaris soit au courant, qu’elle culpabilise !
Elle était connue pour être une reine juste et débordante de gentillesse mais ce fut à cause de sa faiblesse d’esprit que sa sœur s’est rebellée. De ce fait, William n’avait aucun respect pour Solaris, il voulait simplement qu’elle quitte son trône bien confortable pour comprendre la difficulté de vivre sans toit, sans abri.

Le Pokémon Feu et Combat s’élança alors vers sa destination habituelle, rage au ventre. Il avait effectivement pour habitude de se rendre à la Capitale pour se faire entendre. En général, les soldats venaient rapidement le mettre sous les fers et il s’échappait ensuite. C’était devenu une routine en somme.
Le Braségali bondissait toujours plus et finit rapidement par atteindre son but. Là, la place était déjà arpentée par beaucoup de ses semblables. William appréciait de voir autant de Pokémon mais il était tout de même dégoûté en en voyant certains très riches, se fichaient totalement des pauvres sur le côté. Cependant, il ne pouvait pas encore se permettre d’aller au secours des plus démunis. William devait se faire entendre pendant qu’il y avait foule.

Le Vagabond rouge et jaune se fraya donc un chemin jusqu’au centre de la place. Il grimpa sur une caisse qu’il avait emmenée avec lui avant de toiser les autres. De là, tous pouvaient le voir. Tous pouvaient l’entendre, malgré le brouhaha incessant. Il était habitué à devoir hausser le ton.

« Vous tous ! Vous ne devriez pas être aussi paisible ! La Reine ne fait rien pour arrêter les Renégats mais vous continuez à croire en elle ! Ce n’est pas en restant passif que cela va changer ! Ne restez pas sous la fausse protection de Solaris ! »

Voilà, c’était fait. William venait d’attirer l’attention vers lui. Il restait bien sûr des Pokémon l’ignorant royalement mais au moins, il était écouté. Comme toujours. Il continua alors à crier haut et fort que Solaris n’était pas faite pour elle seule au pouvoir. Qu’il ne devrait pas y avoir de pouvoir….

Les ruelles étaient tout juste bondées. Fourmillant de Pokémons qui se pressaient, se bousculaient et qui, dans certains cas, se disputaient. Aeka aurait été ravie d’envenimer la situation des personnes appartenant à cette dernière catégorie, si elle n’était pas trop occupée à survivre dans la foule. Car oui, elle considérait cet attroupement comme une épreuve. C’était peut-être exagéré, mais pour quelqu’un comme elle, qui détestait les affluences, c’était un calvaire. Sans parler de la chaleur, bien sûr. Le soleil était à son zénith. Elle, cela ne la dérangeait nullement : elle était de type feu. Mais tout le monde n’était pas dans le même cas qu’elle, de ce fait, des plaintes et des braillements répétitifs résonnaient à ses oreilles à longueur de temps. La prochaine fois, je viendrais à deux heures du matin, en espérant qu’il y aura moins de monde …

La Roussil soupira, tandis qu’elle s’habituait peu à peu à ce bourdonnement incessant qui planait dans la ville. Arrivée sur la place principale, elle chercha du regard la forge, portant machinalement sa patte au fourreau de cuir qui contenait l’une de ses dagues. Car oui, l’unique raison de sa venue, c’était la réparation de son schlass. Sinon, mis appart pour aller au château, elle ne fréquentait jamais la Capitale. Et il a fallu que cet abruti de forgeron s’installe au cœur de la ville …

Le regard pourpre de la renarde se balada sur l’emplacement. Pour la première fois qu’elle faisait un petit peu attention à ce qui s’y passait, elle remarqua avec dégoût les différents marquages des castes. Jamais elle n’aurait cru que le manque d’argent était si fort dans le royaume …

Ses prunelles se posèrent rapidement sur un Braségali. A vrai dire, il était presque difficile de le manquer, perché sur sa caisse de bois, au centre de l’endroit. Quelques personnes s’ameutèrent autour de lui, intrigué par ses faires. Personnes qui furent bientôt rejointes par Aeka, dont la curiosité l’avait poussé à s’avancer parmi les autres. Le Pokémon feu les toisa un instant, avant de prendre finalement la parole.

« Vous tous ! Vous ne devriez pas être aussi paisible ! La Reine ne fait rien pour arrêter les Renégats mais vous continuez à croire en elle ! Ce n’est pas en restant passif que cela va changer ! Ne restez pas sous la fausse protection de Solaris ! »

Les sujets les plus loyaux de la Reine s’offusquèrent pour elle. Ils échangèrent des mines offensées ou des chuchotements scandalisés. Certaines mères faisaient déguerpir leurs enfants, pensant ces dires trop choquants pour eux. Toutes ces petites choses, ces mimiques, n’échappaient pas aux yeux de la renarde. Elle, sa réaction ? Elle restait impassible. A vrai dire, d’un certain côté, cet inconnu n’avait pas tort. La guerre entre renégats et primeriens n’avait que pour origine la trahison d’une reine qui jalousait le pouvoir.

Le vagabond continua sa tirade, qu’elle écouta attentivement, pas comme d’autres. Certaines personnes haussaient la voix, bien trop outrés pour pouvoir essayer de suivre le reste de l’opinion du vagabond. Il doit avoir des nerfs d’aciers pour ne pas les égorger, ceux-là ...

PS:

Les dires de William avaient eu un effet détonant sur la foule de Pokémon venus l’écouter. Ils avaient beau avoir déjà vu le Braségali, connaitre ses intentions, celui-ci était toujours surprenant. En effet, pour les habitants de Primera, il était tout bonnement impensable de dire du mal de Solaris. Mais c’était justement le but de William : choquer pour mieux faire sensation. Ainsi tous se souviendraient de lui et tous pourraient méditer sur ses paroles.

Le Braségali stoppa finalement ses tirades pour observer la foule qu’il avait autour de lui. Beaucoup de Pokémon étaient déjà repartis, grondant contre le jeune Pokémon. D’autres étaient littéralement en train de bouillir sur place et rêvaient probablement de lui asséner un coup. Il n’y avait pas vraiment de Pokémon en accord avec le Pokémon Feu, comme d’habitude. Il remarqua néanmoins la présence de quelques Pokémon calmes, attendant tranquillement la suite. Eux étaient peut-être ses futurs alliés et il fallait donc que le Braségali ne les perde pas de vue.

Néanmoins, il fallait également faire attention à d’éventuels soldats de Solaris. En effet, William était plus que visible, debout sur cette caisse en bois. Surtout en criant au centre de la place et en disant du mal de la Reine Blanche… Mais le Pokémon Combat avait l’habitude. Cela n’allait d’ailleurs pas être exceptionnel si dans quelques temps, un Pokémon viendrait le mettre sous les fers. Il ne fallait donc pas perdre plus de temps que prévu, et continuer.

« Vous fermez les yeux car vous ne voulez pas affronter la vérité. La guerre a été déclarée à cause du pouvoir que possèdent les Reines ! Sans cette avidité, les Renégats n’existeraient pas ! »

Cette tirade eut l’effet attendu : le silence. Tous se calmèrent, foudroyant William du regard. Mais il fallait reconnaitre que le Braségali n’avait pas tout à fait tort. En effet, sans pouvoir, pas de guerre pour l’avoir… S’il venait de gagner un point, William savait tout de même que cela ne suffirait pas. Malheureusement, le grabuge qu’il venait de créer puis d’éteindre avait attiré quelques chevaliers. William les vit, ces Pokémon armés. Il aurait alors pu bondir pour sortir de la foule et s’enfuir. Pourtant, cela n’était pas son intention. Non, William préférait finir en prison que de fuir de la puissance de Solaris.

« Voyez par vous-même ! Vous pensez que vivre ici vous facilitera la vie mais ce n’est pas le cas. Combien sont à la rue ? Combien peine à vivre alors que le Reine vit tranquillement dans son énorme château ? »

Tandis que les soldats tentaient de s’approcher de lui pour l’arrêter, William continua, non sans jeter des regards vers ses futurs agresseurs. Cette fois, les Pokémon recommençaient à s’agiter. L’argent et la pauvreté étaient des sujets tabous par ici. Le peuple majoritairement présent ne pouvait qu’être d’accord avec le Pokémon Feu. Pourtant, ils ne voulaient pas l’admettre, par respect et amour pour Solaris.

« Vous allez souffrir à la place de Solaris ! La guerre vous touchera tous ! Et je-argh ! »

Les paroles de William se finirent prématurément. L’un des soldats venait de lui agripper violement le bras pour le mettre à terre. Le Braségali anarchiste serra le bec puis releva la tête pour apercevoir son agresseur. Il s’agissait d’un Nidoking, tout en muscle…
William le fixa longuement alors que la foule s’était tue. Les deux Pokémon se firent une bataille de regard qu’aucun ne voulait perdre. Sachant que cela ne servirait à rien, William brisa le contact visuel pour tenter de se relever. Le Nidoking eut un sourire satisfait mais son poids empêcha l’anarchiste de se mettre debout.

« Ils emploient la violence pour faire taire ceux qui se rebellent ! Vous croyez que c’est ça la gentillesse de votre Reine ?! »

L’énorme Pokémon Poison lui asséna enfin un en pleine face. Quelque peu sonné, le Braségali ne fit rien lorsque le chevalier mauve lui attacha les poignets avec des menottes. Encore une fois, il allait simplement être réduit au silence et tous allaient en être heureux…

L’agitation de la foule n’était que palpable. Aeka entendait sens cesse des murmures outrés, qui lui tirèrent un soupir de dégoût. Etait-ce comme cela qu’on était, lorsqu’on manquait cruellement d’ouverture d’esprit ? A vrai dire, dès que les bourges avaient leur confort et leurs poches remplies, pour eux, le changement n’était qu’une idée malsaine et diabolique qui se devait d’être oubliée de manière radicale. Parmi eux, il y avait bien des âmes généreuses, mais c’était aussi rare que de l’eau dans un désert. Ensuite, restait le peuple, mais l’affection qu’il témoignait pour Solaris était bien trop grande pour qu’une critique de sa personne ne soit tolérée.

« Vous fermez les yeux car vous ne voulez pas affronter la vérité. La guerre a été déclarée à cause du pouvoir que possèdent les Reines ! Sans cette avidité, les Renégats n’existeraient pas ! »

Silence. Le monde s’était tut, admettant les dires du Pokémon Feu. Percée de l’esprit dans la stupidité ? Elle entendit tout de même un léger tintement d’épée, et les seules personnes pouvant en porter étaient les chevaliers et les renégats. A moins que l’ennemi ne devienne masochiste, il s’agissait sans aucuns doutes de ses semblables. Les plus idiots de tous ! Dire que je fais partie de cette caste … Ils essayaient de se frayer discrètement un chemin parmi les gens, mais leur tentative était tout bonnement inutile, étant donné que le Braségali les avait remarqués. Néanmoins, il reprit son monologue sans ciller.

« Voyez par vous-même ! Vous pensez que vivre ici vous facilitera la vie mais ce n’est pas le cas. Combien sont à la rue ? Combien peine à vivre alors que le Reine vit tranquillement dans son énorme château ? »

La population restait sans voix devant ces vérités, vérités qu’elle ne voulait accepter. La colère devait s’attiser au niveau des gardes, car ces derniers commençaient à fendre violement la foule, une animosité bien visible dans leurs yeux, mais plus encore dans leurs pattes qui leurs démangeaient d’utiliser leurs armes. Du pur barbarisme. Après ça, qu’on me dise que les chevaliers sont nobles !

« Vous allez souffrir à la place de Solaris ! La guerre vous touchera tous ! Et je-argh ! »

Le perturbateur fut coupé par une offensive de la part d’un Nidoking. Celui-ci le mit à terre, avant de se placer au-dessus de l’anarchiste, un rictus aux lèvres. Autour de la Roussil, le mutisme devenait presque pesant.

« Ils emploient la violence pour faire taire ceux qui se rebellent ! Vous croyez que c’est ça la gentillesse de votre Reine ?! »

Et le chevalier lui asséna un poing dans la figure. Un brouhaha satisfait se leva, ce qui fit perdre au peuple le peu d’estime qu’elle leur accordait, et bourges comme pauvres reprirent leurs activités, presque habitués par cette manifestation d’hostilité. Certains abrutis en profitèrent pour provoquer un raffut, et les autres gardes présents eurent eux aussi leur part à jouer, avant de se disperser dans la foule comme plus tôt. Le Pokémon bourrin attacha les menottes aux poignets du Braségali, et commença à le conduire vers le château, où, parce qu’il était visionnaire, il devait crouler au fond d’un cachot. Un chevalier doit défendre ce qui est juste, non ?

Aeka rejoint rapidement le garde, évitant comme elle put les passants et garda en tête son seul argument comme excuse si elle se faisait sanctionner. D’ailleurs, les raisons de son vœu de libération pour l’anarchiste se multiplièrent rapidement. Ça ne va pas être facile s’il est aussi têtu que les autres … Pourvu que j’arrive à lui faire changer d’avis.

« Mais qu’est-ce que tu fiches ?! Tu ne vois pas que tu ne fais que confirmer ses dires ! Après, que va-t-on penser de la Reine, hein ?! Ce serait mal si, à cause de toi et de tes actes, une rébellion se formait, non ? En l’arrêtant, tu fais croire que ce perturbateur détient de vraies informations que la Reine cache aux yeux de tous ! fit-elle, espérant que son prétexte suffirait à faire réfléchir son semblable, et que son jeu tenait la route. »

Après sa formidable intervention, William était à nouveau réduit au silence par un pseudo-chevalier usant de la force brute. Mais il avait l’habitude d’être traité ainsi, c’était toujours la même chose avec les Primeriens de cette place. Jamais ils ne comprenaient les dires de l’Anarchiste, jamais ils n’étaient d’accord avec lui et toujours ils voulaient le faire taire et le voir disparaitre. Cependant William devait avouer qu’il ne s’attendait pas à se faire embarquer si rapidement. Il n’avait décidément pas eu de chance en tombant sur ce Nidoking très puissant. A présent menotté et quelque peu sonné, le Pokémon Feu était en route vers les cachots.

Il allait tout de même devoir reprendre ses esprits rapidement afin d’imaginer un plan pour s’échapper. William avait fait cela tellement de fois qu’il ne comptait même plus le nombre de fois où un soldat l’avait pris la patte dans le sac puis direction les cachots. De ce fait, c’était presque une banalité pour le Braségali alors que pour certains cela pouvait être considérer comme égale à la mort elle-même.

Peu de temps après, William repris ses esprits et il était toujours en route, tiré par un énorme bras mauve. Le Pokémon pouvait tenter de faire fondre les menottes et combattre le Nidoking afin de s’enfuir mais il ne jugea pas cette idée très bonne puisqu’il repéra quelques soldats ci et là. En parlant de soldat, il vit une Roussil s’approcher, avec deux dagues à la ceinture. Que voulait-elle ? Se moquer de lui peut-être ? Ou bien prendre la relève de son camarade ? William n’attendait pas grand-chose d’elle, tous les chevaliers se ressemblaient. Ils voulaient le bien unique de Solaris, se fichant éperdument d’un quelconque opposant.

La femelle rejoignit donc l’imposant Pokémon Poison et lui adressa la parole. Elle criait sur son collègue en rejoignant les dires du Braségali. Ainsi elle souhaitait finalement le défendre ? Ou bien était-ce réellement pour empêcher que les autres pensent du mal des chevaliers ? William ne savait pas trop quoi en penser et resta silencieux tandis qu’il s’arrêtait en même temps que Nidoking. Ce dernier pencha la tête en direction de la Roussil en reniflant comme s’il n’était pas d’accord.

« Il déblatère du mal de notre Reine, il est de notre devoir de le réduire au silence. Ce Pokémon est connu par ici, ce n’est pas la première fois qu’il cause des problèmes sur la place. »

Le calme et la façon de parler du chevalier surpris William. Il n’était pas aussi brutal qu’il en avait l’air finalement. Mais cela ne changer en rien le fait qu’il ne souhaitait clairement pas le laisser partir. Enfin le Pokémon Feu et Combat devait reconnaitre que l’inconnue avaient des arguments de poids. D’ailleurs, ils durent faire mouche au final car le Nidoking lâcha soudainement le bras d’oiseau de l’anarchiste.

« Mais tu as raison. Le peuple va croire qu’il est trop dangereux pour nous et que Primera est en danger… »

L’imposant Pokémon retira de lui-même les fers du Braségali, s’éclaircit ensuite la voix puis s’adressa d’une voix forte aux Pokémon près de lui.

« N’ayez crainte ! Ce Pokémon n’est pas une menace pour nous. Tout va bien ici, la Reine et nous-même veillons à votre sécurité. »

Ainsi les quelques Pokémon qui n’étaient toujours pas rassurés finirent par se détendre et par reprendre leurs occupations précédents l’arrivée de William. Ce dernier souffla intérieurement, bien content qu’on le laisse partir aussi facilement. La Roussil avait peut-être un bon fond en fait. Mais il ne pensait plus longtemps car il sentit la grosse patte du Nidoking dans son dos avant d’être poussé en avant, près de la chevalière.

« Puisque tu as insisté, je te laisse t’en occuper. Tu n’as qu’à t’assurer qu’il ne recommence pas à crier dans quelques minutes. »

Sur ce il laissa les deux Pokémon Feu ensemble et partit. William le regarda s’éloigner un instant avant de portait son regard bleu et jaune sur la renarde. Il n’arrivait toujours pas à la cerner mais tenta tout de même une approche :

« Hmm… Je vous remercie ? »

Aeka souffla, avant de lever ses yeux écarlates vers le chevalier. Le Nidoking faisait deux têtes de plus que lui et possédait une large carrure en partie composée de muscle saillant sous sa peau, qu’il entretenait certainement de façon quotidienne au camp. Menaçant. C’était le mot qui venait naturellement à son esprit. A vrai dire, il était fort probable que, d’un puissant coup de patte, il puisse envoyer la petite renarde valser à l’autre bout de la capitale. Il baissa sa tête ornée de pics qui, enfoncées dans la chair d’un Pokémon, devaient faire très mal, posant son regard de jais sur la chevalière. Ses traits durcis exprimaient nettement sa désapprobation, et comme pour confirmer cela, il réprima un petit râle, semblable à un reniflement. Peut-être aurait-elle dû éviter de lui hurler dessus.

« Il déblatère du mal de notre Reine, il est de notre devoir de le réduire au silence. Ce Pokémon est connu par ici, ce n’est pas la première fois qu’il cause des problèmes sur la place. »

Elle s’en doutait. Il n’avait pas besoin de parler pour qu’elle le comprenne, elle le lisait clairement sur son visage. Mais elle tiqua légèrement sur le « notre reine ». La renarde avait beau avoir accepté d’être chevalière, une partie d’elle rechignait toujours à s’habituait au fait qu’il y avait quelqu’un d’autre qu’elle-même au-dessus d’elle. Elle ne pouvait pas s’en empêchait, c’était presque habituel. Comme lorsqu’elle avait dû mal à se considérer membre de la chevalerie. Elle n’y pouvait rien, elle ne s’y voyait pas. La Roussil réprima un soupir qui trahirait son sourire, et commença à rassembler ses idées et arguments pour manipuler, non, convaincre le Pokémon Poison qu’il ne devait pas mettre l’anarchiste derrière les barreaux. Elle rouvrit la bouche, lorsqu’elle vit le Nidoking lâcher le bras du Braségali qu’il tenait fermement il n’y avait pas quelques secondes. Elle n’y croyait pas. Le garde était-il aussi crédule qu’il venait de le laisser paraître ? Apparemment oui. Il se redressa, ses trapèzes apparents se décontractèrent légèrement, signe de son calme envers le sort du perturbateur.

« Mais tu as raison. Le peuple va croire qu’il est trop dangereux pour nous et que Primera est en danger… »

Le sourire d’Aeka s’élargit, fière de son coup. Elle n’avait même pas eu besoin d’insister, ce qui aurait légèrement dégradé l’ampleur de ses arguments, car le Pokémon Poison aurait très bien put lui demander pourquoi souhaitait-elle laisser l’anarchiste en liberté, et là, la tâche aurait était plus ardue. Mais non. Il s’était laissé berner sans peines. Arceus soit loué pour avoir fait ressortir l’idiotie et la naïveté de ce Pokémon. Après avoir défait les menottes de son prisonnier, le Nidoking se tourna vers le reste de la place, bomba le torse, en fier représentant de son espèce, et toussa légèrement, pour préparer sa voix mais aussi pour faire remarquer sa présence.

« N’ayez crainte ! Ce Pokémon n’est pas une menace pour nous. Tout va bien ici, la Reine et nous-même veillons à votre sécurité. »

Les regards se tournèrent vers eux, intrigués, et si certains parurent réellement soulagés par cette déclaration, d’autres roulèrent des yeux, souhaitant certainement qu’on fiche la paix à leurs tympans. La renarde souffla, prête à partir chez le forgeron pour faire enfin réparer sa dague, car son but principal n’était pas de mettre des bâtons dans les roues de l’institution à laquelle elle appartenait –enfin, pas sur le moment. Elle allait se tourner pour saluer les deux Pokémons et s’en aller quand elle vit le chevalier pousser le Pokémon feu vers elle.

« Puisque tu as insisté, je te laisse t’en occuper. Tu n’as qu’à t’assurer qu’il ne recommence pas à crier dans quelques minutes. »

Comme quoi, son argumentation n’avait peut-être pas si bien marché que cela. Plus sérieusement, elle n’avait pas pensé qu’il lui ferait prendre des mesures. J’imagine que je vais devoir respecter cela si je ne veux pas avoir d’ennuis avec Nyurü. Elle acquiesça, non sans regrets, et observa le Nidoking s’éloigner d’eux d’un pas ferme.

« Hmm… Je vous remercie ? »

Elle avait beau ne pas avoir fait attention au son des paroles du Braségali, elle devina que la voix suave qui venait de lui parler était la sienne. Enfin, plus hypothétique que devin. Elle tourna ses prunelles vers le Pokémon, et fut immédiatement frappée par l’azur de son regard. A vrai dire, elle ne l’avait pas immédiatement remarqué, et avait à peine aperçu le perturbateur, avec la foule qui bougeait autour d’elle. Aeka le reluqua quelques secondes, et dans l’ensemble, le Pokémon était plutôt attirant, ce qui lui rappela à quel point elle se trouvait banale, elle. Elle n’était pas plus extraordinaire que les autres de son espèce. Néanmoins, cet atout rendait tout de suite l’anarchiste dangereux aux yeux des gardes, après tout, le charisme est l’un des meilleurs attraits pour la manipulation –bien qu’elle ne puisse pas en user, elle, n’étant pas remarquable.

« Il n’y a pas de quoi. »

Elle sourit, enfin, elle sourit réellement, avant de reporter son regard vers le chemin emprunté par le Pokémon aux allures bourrines qui voulait le mettre en détention il n’y avait même pas quelques minutes.

« Les chevaliers obéissent juste aux valeurs auxquelles ils ont jurés respect, et l’une d’entre elle est d’obéir à son supérieur, ce qui, en général, annule les bonnes valeurs. Donc, d'un côté, on ne peut pas leur en vouloir, de l’autre, si. »

La renarde avait fortement appuyé sur le dernier mot. Pour elle, il ne faudrait pas défendre des paroles en l’air, mais plutôt ce qui semblait juste à nos yeux. Les gardes sont d’un certain côté bon, et de l’autre, idiot de croire aveuglement à la supériorité d’autrui. Mais bon, apparemment, ce qu’elle disait, on s’en fichait totalement, donc.