La montagne n'est ni juste, ni injuste. Elle est déroutante

Et dire que je retournais à mes origines ...

Cela faisait maintenant des jours et des jours que je voyageais dans les Montagnes de l'Infini pour faire une "inspection" des lieux, pour mettre à jour mes cartes, et pour voir l'avancement de le Citadelle. En effet, depuis que je suis rentré, une idée était née dans ma tête. Une idée très ... entêtante. Tant et si bien que j'en ai parlé à mon ami Steely. Cette pensée était de créer une forteresse dans le cœur des Montagnes de l'Infini, car elle permettrait de faire office de plaque tournante entre les différentes zones, vu son emplacement centrale sur Aizora.

Donc, alors que je venais d'en parler à Stelly, ce dernier c'est montré très enthousiaste à cette idée, et à même voulu en devenir le grand constructeur, chose que je lui laissais faire avoir joie. Il avait besoin d'oublier le passé, et je me devais de l'aider. Il m'envoyait souvent des messages comme quoi les travaux avançaient mieux que prévu, car il avait réussi à convaincre nombre de Galekid et de Galegon de l'aider. Sa fille se portait aussi très bien, mais je ne savais pas si ses ouvriers étaient digne de confiance, et je me devais de vérifier sous peu.

Je partis donc du coté de l'entrée principale de la Citadelle, et je vis que ça n'était qu'un banale trou dans la roche, ce qui n'était pas pour me déplaire. Il fallait que les entrées restent discrètes. Alors que je m'aventurais dans la pénombre, des Galegons me tombèrent dessus.

"Comment oses-tu pénétrer dans notre domaine ?! Cet endroit est le lieu de résidence d'une colonie de notre famille !!" dit-il avec hargne.

"Cher Galegon" lui répondis-je "Sachez que je suis le précurseur de la création de la Citadelle, et je voudrais juste aller prendre des nouvelles de mon ami Steely"

Les Galegons se regardèrent avec surprise, et un d'eux partit vers les abysses du monde pendant qu'un autre me surveillait avec circonspection. Celui qui était partit revint au bout de quelques minutes et m'autorisa à rentrer. Je fus heureusement surpris de voir Steely donner des ordres à ses mineurs et coordonner le tout. J'étais content pour lui ; il avait trouvé une tâche pour l'occuper, et il y mettait toute son âme. Et quand il faisait cela, le résultat dépassait toutes les attentes. Lorsqu'il me vis, nous nous jetâmes dans les bras l'un de l'autre, et, après avoir parlé de notre train de vie, il commença à m'expliquer l'agencement de la Citadelle.

Cela serait en fait comme une gigantesque Mygalos souterraine, qui aurait des sorties un peu partout et des avants-postes. La salle principale se situerait sous notre ancien village, et j'en était bien content. Mais pour l'instant, les mineurs commençaient à tailler la roche pour former les artères principales, et ça n'en était qu'à ses débuts. Nous parlâmes encore un peu, et je décidai de prendre congé. Steely avait encore beaucoup à faire, et je ne voulais pas le déranger. Lorsque je ressortis, j'avais une forte envie de partir.

Mais j'avais quand même envie de passer du bon temps ici. En effet, malgré la décrépitude ambiante dans cette endroit, elle sentait un air différent, plus sain, et surtout, c'était quand même mon lieu de naissance, et je tenais à lui rendre hommage. Ce monde partait en vrille, il était vrai, mais un lieu natale reste un lieu natale, quoi qu'il en soit. C'est alors que je me rendis compte que mes pas m'avaient mené vers un endroit riche en souvenirs.

Je venais justement de retrouver mon village. Ou plutôt ses ruines calcinées. Je me revoyais enfin jouant entre les maisons, dont ils ne restaient que des cendres et des morceaux de pierres en train de se faire envahir par la végétation. Ce monde de pierre était en train de disparaitre, et je savais que c'était la loi de la nature, et donc que je ne pouvais rien n'y faire. Le cycle naturel continuait sans aucun accros à cause de la folie des pokémons, et en cela s'en était rassurant. Il y aurait forcement un élément dans ce monde décadent qui ne changera jamais.

J'essayais alors de me remémorer les moments vécus ici. Je revoyais le doyen du village nous prendre sur ses genou et nous raconter des épopées légendaires, comme la légende du Cavalier de la Lune, un pokémon qui aurait été l'incarnation de la volonté de Luigia, et qui aurait accompli des miracles. J'étais loin de me douter que des années plus tard, un monde aurait été découvert, et un autre serait morbide. Pour moi, avant, la vie se résumait à des histoires et à des somptueuses cartes. C'est alors qu'un pur moment de nostalgie revint à moi. Dans ma jeunesse, je n'étais pas très athlétique, tant et si bien que j'avais développé un moyen de déplacement très sophistiqué.

C'était de me déplacer de branches en branches ou de rochers en rochers grâce à mon Fouet-Lianes. Et je décidai de recommencer une dernière fois. Je pris donc mon élan, et les gestes revinrent tout seuls. Ce vent qui vous fouette le visage, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas sentit cette sensation. Je fis alors un petit tour, et revins au village pour me remémorer d'autres souvenirs que j'avais peut-être oubliés.

J'étais perdu extrêmement profondément dans mes pensées à ce moment là, tant et si bien que je n'entendais pas vraiment ce qui me tournait autour.

Keerah marchait, lentement, dans la montagne. Elle peinait à gravir une pente, trébuchant sur les pierres pointues qui jaillissaient ici et là du sol. Elle portait une lettre, une misérable lettre, qui lui avait valu de faire le tour d'Aizora. Plusieurs fois, elle s'était arrêtée, dans les villages, pour demander si on n'avait pas vu un Farfaduvet du nom de Syrius. Et, à chaque fois, la même réponse : " Il est déjà reparti. " Mais où allait-il, à la fin ? Dans le dernier village où elle était passée - qui méritait plus le nom de hameau - on lui avait certifié qu'il se dirigeait vers les Montagnes de l'Infini. Avec un peu de chance, elle devrait aller jusqu'aux Ruines Blanches pour le rejoindre ! M'enfin, toujours était-il que ce voyage la fatiguait. La Kirlia était frêle, et elle savait que le voyage finirait par lui venir à bout. Si elle ne portait qu'un sac avec des provisions et sa lettre, ça ne l'empêchait pas d'être épuisée après une journée de marche. Mais elle continuait, toujours. De toutes manières, elle était obligée...

Elle réussit, enfin, à arriver en haut de la pente. Devant elle se dressait un paysage à couper le souffle.
Le soleil, éclatant, faisait briller les neiges éternelles au sommet des pics rocheux. Une immense vallée se dressait en contrebas, couverte de verdure, coupée en son milieu par une rivière qui plongeait dans la roche. Mais, le plus étonnant dans cet endroit reculé, c'était la vie qui s'y trouvait. Des Grolem, accompagnés par des Racaillou roulaient le long des pentes, remontaient, roulaient de nouveau, des Tauros et des Frison parcouraient la vallée de long en large, en se donnant des coups de corne. Il y avait même des Guériaigle et des Vostutrice qui volaient d'un côté de la vallée à l'autre, cherchant de la nourriture pour leurs petits. Une joyeuse cacophonie faisait bruire l'endroit, et la roche faisait résonner les rires, les cris, les mouvements de la vallée. Une véritable communauté s'était installée ici, protégée par la pierre et invisible de l'extérieur.

A pas lents, s'aidant d'un chemin tracé entre les pierres, Keerah descendit. Ses yeux allaient et venait d'un Pokémon à l'autre, s'extasiant d'une telle paix. On aurait dit que jamais les Renégats n'étaient parvenus jusqu'ici, que jamais la guerre n'avait fait trembler ces êtres. Et pourtant, ici et là, gisaient des ruines, des morceaux d'habitations recouverts de verdure. Les Pokémon n'y prêtaient pas attention, circulant entre les pierres sans la moindre crainte. Dans un endroit si paisible, que pouvait-il arriver de fâcheux ?

Et pourtant. Un long cri résonna, violent, dans la vallée. Tous s'immobilisèrent. Les yeux se levèrent vers le ciel. Une horde de Pokémon Dragon arrivait à toute allure, les ailes déployées et la gueule menaçante. Aussitôt, branle-bas de combat. Tous les Pokémon au sol se ruèrent vers les grottes, les abris creusés à même la roche. Keerah était bousculée, ballottée, évitant de justesse les sabots qui menaçaient de la réduire en bouillie.

" Keerah, écarte-toi !, lui criait Reïz. Non, pas par là, par ici, à droite ! Là, monte ! Y'a un trou dans la roche, juste au-dessus ! "

Suivant les ordres de son ami, la Kirlia se faufila dans une cachette. Elle vit les Pokémon ailés passer, repasser, tourner au-dessus d'eux. Et puis il attaquèrent. Des Dracochocs frappaient la roche, la faisant violemment trembler. Ils provoquèrent des éboulements, des explosions. Après tout, ils ne risquaient rien, eux ! Keerah recula un peu plus dans sa cachette, s'éloignant ainsi de la menace des dragons. Elle sentit quelqu'un lui tapoter l'épaule et elle se retourna, silencieuse.

" Chhhht. T'inquiètes pas, y'a pas de risques. Ici, ils peuvent pas nous atteindre. Suis-moi, j'vais t'emmener en lieu sûr. "

La Kirlia contempla longuement le Rototaupe qui se tenait face à elle. Il pencha la tête sur le côté, lui faisant un sourire,mais elle resta de marbre, méfiante.

" Tu m'fais pas confiance ? Remarque, t'as raison, mieux vaut pas se lier d'amitié avec des inconnus, mais si tu veux pas qu'un Trioxhydre pointe l'une de ses têtes, va falloir...

- Tu n'aurais pas vu un Farfaduvet ? le coupa-t-elle soudain. Un certain Syrius.

- Euh... Ah, si ! s'exclama le Rototaupe, ne prêtant pas attention au fait que Keerah l'ait coupé. Un explorateur ou j'sais pas quoi, qu'est venu visiter la forteresse des Galegon. Des sales bêtes, s'tu veux mon avis, ceux-là...

- Tu peux m'amener jusqu'à lui ?

- Mais bien sûr, mamz'elle ! C'est par là. "

Il s'engagea aussitôt dans une galerie assez large pour que Keerah le suive. Elle se sentait rassurée en présence de ce Rototaupe. Il avait l'air sympathique et ne s'était pas formalisé de son silence. D'ailleurs, il ne la surveillait même pas, comme s'il était sûr qu'il ne risquait rien. Après tout, c'était le cas, mais qu'en savait-il ? Qu'est-ce qui lui disait que Keerah n'allait pas le frapper par derrière ? Peut-être son simplisme. Il devait trop se fier aux apparences...

Toujours était-il qu'il la guidait, à coups de Griffe Acier, dans une galerie qui se prolongeait. Un instant Keerah se demanda si ce n'était pas elle la simpliste. Peut-être la conduisait-il dans un piège ? Comment s'en sortirait-elle s'il décidait de l'attaquer, tout à coup ?

Mais non. Au bout de longues minutes de marches, ils débouchèrent sur une sortie. Le Rototaupe l'avait amenée dans un vieux village en ruines.

" Voilà, c't'ici. Regarde, ton ami est là-bas. dit-il en tendant la patte vers une forme cotonneuse qui s'agitait entre les rochers.

- Merci, répondit Keerah.

- Bah de rien, ce fut un plaisir. Si tu repasses par ici et qu't'as un problème, j'm'appelle Screw. "

Et, après l'avoir saluée, il plongea dans la terre. Keerah observa un instant le trou que Screw avait fait en partant, puis ses yeux revinrent sur le Farfaduvet. Ele l'avait enfin trouvé ! Il s'était arrêté de gesticuler, et elle s'approcha de lui.

" Excusez-moi, demanda-t-elle en s'approchant, seriez-vous Syrius ? "

Hrp:

Comment est-ce possible ?!

" Excusez-moi, demanda-t-elle en s'approchant, seriez-vous Syrius ? "

Lorsque j'entendis cette petite voix douce et adorable, mon cœur ne fit qu'un tour. Astar était sur Aizora ?! Mais comment avait fait-elle pour sortir de l'emprise du Conseil ? Alors que nombre de question taraudait mon esprit, je ne pouvais être qu'heureux, et je me retournais avec précipitation pour voir ma douce. Que ne fus pas ma déception lorsque je vis une chétive petite Kirlia, qui me regardait avec un air inquisiteur. Puis ma déception se mua en tristesse. Mon petit coeur me faisait souffrir le martyr, et je n'arrivais pas à me faire au fait que je ne la reverrais peut-être jamais. Même Etix n'arrivait pas à me faire changer d'avis. Je haïssais ce monde, jusqu'au plus profond de mon être. Pourquoi je n'arrivais pas à me faire aux règles et aux lois des continents ? Pourquoi fallait-il toujours que tout ce que j'aime me soit enlevé. Je savais pertinemment qu'un jour Etix, Steely et Eviro ne supporteront plus mon sale caractère et m'abandonneront. C'est en prévision de ce moment que j'essayais de m'assurer une place gradé dans le nouveau monde que nous promettait les rebelles.

Alors que ces déductions me montaient à la tête, je commençais à sangloter comme un petit Sapereau en train d'utiliser CrocoLarmes. Je n'en pouvais plus de ces continents pourris jusqu'à la moelle. Comme j'aurais aimé que la petite Kirlia soit venu pour me tuer et fasse son office sous peu. Mais tout ce que je pus dire fut :

"Oui" dis-je en retenant mes larmes "C'est bien moi Syrius, mais je ne vois pas vraiment pourquoi on me cherche."

Je reprenais mes esprits au fur et à mesure que la tristesse se changeait en colère, un colère que je ne tardais pas à canaliser quelque part en moi, comme je le faisais de puis longtemps.

"Désolé de ce petit moment de faiblesse" continuais-je pour me rattraper "Ta voix me rappelait un être chère que j'ai perdu."

Elle devait maintenant être soit convaincu que j'étais ce que mon apparence laissait supposer, soit un pauvre petit pokémon perdu dans un monde qui la dépasse. Mais son avis m'importait peu.

Le Farfaduvet se retourna, la dévisagea un instant puis s'effondra en sanglots. Keerah resta un moment stupéfaite. Était-ce elle qui le faisait pleurer ? Que se passait-il ?
Il finit par sangloter que, oui, c'était bien lui Syrius, et qu'il ne comprenait pas pourquoi on le cherchait. Puis il reprit ses esprits, s'excusant de ce moment de faiblesse. Elle lui rappelait un être cher. Elle baissa les yeux, consternée.

" Je... Je suis désolée. murmura-t-elle. Je ne voulais pas vous faire souffrir... "

Elle releva la tête, contemplant le Pokémon aux yeux encore humides de larmes. Il avait vraiment l'air d'avoir souffert. Sans vraiment s'en rendre compte, elle s'identifia à lui. Syrius était une petite créature, d'apparence mignonne, faible, prête à casser au moindre contact, et qui se brisait dès qu'on touchait une corde sensible. Non, pas comme elle, pas totalement. Mis à part Reïz, elle n'avait pas de " corde sensible ", mais qui se doutait de son existence ? Et puis, sincèrement, qui pouvait se préoccuper d'elle ? Elle n'était qu'une esclave. Une misérable petite esclave, aussi insignifiante qu'une pierre bordant un chemin.
Un silence s'était installé. Il était lourd, comme s'il était fait de plomb. Ce fut elle qui le brisa, se souvenant de la raison de sa venue. Elle fit glisser son sac de son épaule, l'ouvrit et en sortit la lettre. C'était une simple feuille pliée en deux et scellée par une large tâche de cire grise. Pourquoi grise ? Cette question l'avait taraudée une bonne partie du trajet. Cette couleur avait-elle une signification particulière ? Syrius la reconnaîtrait-il ? Dans tous les cas, elle lui était destinée. Son nom était écrit, en caractères élégants, sur une des faces du papier. Elle la lui tendit.

" Un Pokémon m'a donné ça pour vous dans une ville non loin du Désert Implacable. lui dit-elle. Je ne connais pas son nom, mais il m'a dit que vous étiez un ami à lui. "

Par Arceus ... Je savais que je donnais une image faiblarde de moi même, mais que pouvais je faire d'autre ?

J'essuyais mes larmes tant bien que mal, mais plus la Kirlia parlait, plus je sentais la tristesse monter en moi. Tristesse qui se transformait de colère. De plus en plus souvent maintenant. Je ne savais pas ce qu'il se passait, mais je n'arrivais pas à être uniquement triste. Mes sentiments évoluaient très vite pour devenir de la colère, de la haine, ou de la folie. Mes nuits étaient torturées par des pulsions que je contenais tant bien que mal. Je ne savais que penser de tout ça, mais j'essayais de ne pas la faire ressortir. Je ne voulais pas alerté mon entourage sur les pensées horribles qui me tourmentaient comme des âmes en peine.

Mais je retrouvais alors la réalité lorsque mon interlocutrice me donna une lettre. Une lettre très bizarrement faite. Elle respirait un style révolue, un style de l'ancienne ère. J'eus grande peine à ouvrir le cachet de cire, tant mon appréhension était grande. C'était étrange, mais elle respirait le passé et la nostalgie. Et je me lançais finalement. Je déchirais le sceau, et je reconnus une écriture très stylisée. Un noble m'écrivait, et me demandait de le retrouver chez lui, dans le Village Abandonné, pour que je lui "raconte des histoires". Sûrement un code pour que je fasse entrer dans la résistance. Ou pour qu'il m'amène dans un piège grossier.

Alors, la lettre se transforma en charpie sous mes mains, et s'envola au gré des tumultueux vents des montagnes. Je n'étais fait pour ces choses là. Je n'étais pas fait pour être un jouet d'une quelconque entité. J'étais Syrius, et je vivrais et mourrais en temps que tel, qu'il fusse que je montre mon vrai visage aux pokémon.

"Merci de m'avoir apporté cette enveloppe." dis-je à la Kirlia "Mais je ne connais même pas ton nom. Qui es-tu, toi que je ne reconnais pas ?"