[avant-bal] Un cavalier n'est qu'une moitié

Invité

Les choses allaient bientôt changer dans l'ordre de ce monde. Ce Bal donné par l'éblouissante reine Solaris allait marquer la fin d'une ère et le début d'une nouvelle aube. Mais les acteurs sont avant tout des individus, ayant leurs propres sentiments et émotions. Avant que de participer au Bal, Cromwalldo cherchait une cavalière...

Il y avait une faille à son plan. Des années à être stratège n'avaient rien changé, il restait toujours un facteur imprévu, le dernier détail sur lequel tout pouvait basculer. Dans une semaine, Cromwalldo serait au Bal. Daetsemoh et ses habitants s'occupaient des derniers préparatifs, cependant il en restait un dont seul Cromwalldo pouvait se charger: pour passer inaperçu aux portes, il lui fallait une cavalière. Son physique imposant le rendrait trop visible, d'autant que ses anciens compagnons d'arme ne devaient pas le reconnaître avant le tout dernier moment. Il ne s'agissait que de stratégie politique, bien entendu, rien à voir avec les frivolités enamourees... ou bien? Cromwalldo était considéré par son peuple comme un bon chef -s'il l'était réellement ou pas n'était plus son problème à partir de là- mais il entendait tout de même les commentaires de ses concitoyens: un territoire peut-il être dirigé par un pokemon solitaire? Ne faut-il pas un contrepoids aux émotions du pokemon qui tient les rênes? Bien sûr, Grodoudou ne faisait pas l'affaire. Si Cromwalldo voulait faire vivre sa Principauté, il lui fallait une Princesse. Il lui fallait prendre femme.

Perdu dans les rues d'un bourg environnant le Blanc Château de la Capitale, Cromwalldo poussait soupir sur soupir en traînant ses pieds massifs dans la poussière. Voilà bien sa chance! Toutes les victoires qu'il pouvait gagner et tous les traités qu'il pourrait signer ne vaudraient rien pour sans peuple sans un être à ses côtés, mais était-il seulement taillé pour la séduction? Malgré le magnifique habit que lui préparaient ses gens, il restait né pour la chasse, et non pour l'Amour. Tout cela était bien compliqué...

Mais, à y bien penser, peut-être que trouver une Princesse était effectivement ce qu'il lui fallait. Son peuple avait sûrement raison: Grodoudou ne suffit pas. Le rôle de leader est un lourd fardeau à porter, qui s'alourdit d'autant plus avec le poids des échecs. Cromwalldo n'avait pas le droit de faillir, et pourtant, Arceus soit loué! il n'était qu'un pokemon parmi d'autres! Le secours d'un peuple est une chose; les conseils d'un ami en sont une autre; mais Cromwalldo serait il capable d'aller aussi loin que son ambition le lui demandait sans une personne aimante à ses côtés?

Mais le pokemon fossile chassa ces pensées. Il avait un devoir envers son peuple. Il ne devait pas se laisser aller à divaguer. S'il ne trouvait personne pour l'accompagner au Bal, il n'y aurait pas de déclaration officielle. Il fallait trouver la bonne personne. Gueuse ou demoiselle, soldat ou marchande, d'ici ce soir quelqu'un devait avoir accepté son bras. Et pour ce qui est de la main, cela viendrait plus tard, dans des circonstances moins urgentes.

Invité

Les préparatifs battaient leur plein dans tout le château. Nombres de décorations étaient accrochées ça et là, tandis que dans ce coin on récurait même le sol. Des jours que cela durait, et Nyurü en avait eu très vite ras le bol. Non pas que ce soit une mauvaise chose, mais pour elle, c'était une mauvaise idée. Point. Faire entrer n'importe qui dans le château, si proche de la Reine Blanche. Une idée aussi débile que dangereuse. Mais la Mistigrix ne pouvait plus rien n'y faire.

Elle avait succombé, comme bon nombres de fois auparavant, aux demandes de sa meilleure amie d'enfance. Comment dire non à sa souveraine qui plus est ? La minette s'était fait une raison. Ce bal aurait lieu, avec ou sans elle. Cependant elle avait déjà prévenu qu'en aucun cas, elle ne mettrait de costume imbécile. Elle était le Bras Droit de Primera, pas une aristocrate venue prendre du bon temps.

A cette réfléxion, Solaris avait émi l'idée de donner libre congé à son Bras Droit ce soir-là, simplement pour lui permettre de profiter de l'occasion pour sortir et pour rencontrer du monde. Et surtout, des messieurs. Ce qui avait, évidemment, beaucoup énervé notre jeune Psy qui, devenue toute rouge, avait décrété que rien ne l'obliger à venir accompagner.

Pourtant, il est vrai qu'à cause de son rang, la jeune minette ne rencontre pas beaucoup de monde, et surtout pas des mâles. Enfin si. Mais dans un cadre purement professionnel. Non pas que cela soit important pour Nyurü. Personnellement, elle s'en fiche pas mal, de finir ses jours seule. Mais les rumeurs vont bon train. Qu'on dise d'elle qu'elle préfère les femelles, ou qu'elle a peur de s'engager, aucun probléme. Qu'on commence à dire qu'elle entretient une relation douteuse avec Solaris, et là ce n'est plus la même chose.

Du coup, la voilà qui traîne dans un petit village, à la recherche d'un cavalier inconnu de la Capitale pour le bal. Ou pas. Elle n'a aucune idée de si oui ou non, elle doit en choisir un. Sur ce coup, elle est complétement indécise. En plus, elle ne sait pas comment s'y prendre. La Psy ne peut tout de même pas venir, et demander d'un coup comme ça, si il veut l'accompagner au bal ?

En plus, de part sa fonction, Nyurü ne pourra pas rester avec son cavalier. D'ailleurs, il est certain qu'elle ne pourra pas entrée avec lui, car elle sera déjà présente aux côtés de Solaris. Au moins, comme elle cherche quelqu'un qu'elle ne connait pas et qui ne vit pas à la Capitale, on ne pourra pas dire de lui qu'il ne "sert à rien".

Plongée dans ses pensées, la minette ne voit pas où elle marche. Et il faut bien entendu qu'elle rencontre alors sur son chemin, un grand pokémon costaud. Le choc est rude pour elle, et la voilà à terre. Sifflant sur le coup de la petite douleur qui la traverse, Nyurü se prépare à s'excuser.

HS:

Invité

HRP:

Cromwalldo était sur le point de laisser tomber, acceptant tristement son sort de leader au cœur solitaire, quand quelque chose - ou plutôt quelqu'un- vint se cogner contre lui. Le choc lui avait semblé une caresse du vent à travers son armure, tant le pokemon était petit et léger comparé à lui. Mais cela ne comprenait que les plus basses valeurs physiques, car quand Cromwalldo baissa les yeux, il sut instantanément à qui il avait affaire. Ce pelage magnifique et pourtant teinté d'un gris spleen là où il aurait dû être coloré; des formes discrètes mais féminines, semblables aux bourgeons d'une fleur merveilleuse; une impression générale et inquisitrice de tristesse solennelle; un bandeau noir comme l'infinité morte du néant; aucun doute possible, il s'agissait de Nyuru, le bras droit de la Reine Solaris. Que faisait elle là? Un bain de foule pour faire remonter la cotte de l'aristocratie qu'elle défendait? -Cromwalldo se surprit à réaliser, perdu qu'il était dans l'appréciation de la pokemon devant lui, que ses pensées sentaient le forcé- Ou bien était-elle elle aussi fatiguée de l'hypocrisie inhérente à cette célébration? Ces questions étaient importantes, certes, mais une autre, plus urgente, faisait son chemin: mais que faire, pour l'amour d'Arceus?

Son costume n'était pas encore sur son dos. Si un soldat devait le voir, tout serait fichu. La mystigrix ne pouvait pas tomber à un pire moment. À moins... à moins que Cromwalldo ne prenne le risque de porter un autre déguisement que celui initialement prévu. À moins que de ne porter le masque de lui-même...

Il est difficile d'afficher un air galant sur un visage de pierre, ou un visage insectoide. Il est encore moins aisé de paraître attirant quand on possède les deux caractéristiques. Cependant, les prérogatives de sa fonction l'emportait sur le déterminisme naturel -et il n'y avait pas vraiment à se forcer pour sembler attiré par la chatte psy malgré son sinistre cache-œil- et il sut retrouver le visage de sa jeunesse.

«Toutes mes excuses, gente demoiselle! Je ne fais pas attention à ce que ces membres patauds peuvent faire quand je suis distrait par la beauté de ce royaume. J'avais oublié à quel point les gens d'ici semblent heureux, à quel point tout semble facile ici. Permettez moi de me présenter: je suis Valdo, soldat de l'armée Primerienne. Je suis en faction ici quelques temps et avec le bal au château j'espérais trouver... *sigh* quelqu'un. Mais je manque à tous mes devoirs. Allez vous bien? Pourrait-on connaître votre nom?

C'était un gros risque que celui de faire croire ne pas connaître la grande intendante. Un mensonge aussi éhonté allait-il passer? Peut-être. Cromwalldo lui-même avait cru être revenu des années en arrière en s'ecoutant parler. Restait-il une part de cet enfant rêveur d'autrefois que la guerre n'avait pas anéantie? Si la situation n'était pas critique, sans doute l'ancien Valdo aurait versé une larme de deuil à l'encontre de son lui passé. Mais il serait stoïque. Il avait à faire. Il fixa la minette de ses yeux d'ingénu, se surprenant à penser que peut-être... non, quelle idée stupide enfin!!

Invité

Nyurü, une fois relevée, peu prendre un rapide coup d'oeil sur le pokémon qu'elle vient de percuter. Son regard doit se lever bien haut pour qu'elle puisse apercevoir la totalité de l'immense Armaldo, car c'est un fier représentant de cette espéce qui se tient en face d'elle.

La petite minette écoute le discours de ce grand pokémon distraite. Pour tout dire, elle est plutôt plongée dans ses pensées les plus profondes. Si son visage ne trahit rien, il n'en est pas moins que son attention est minime. Un sentiment étrange flotte dans son estomac. C'est déjà arrivé, et ça arrivera encore à coup sûr.

Elle a l'impression de le connaitre, ou du moins l'avoir déjà vu. Ou entendu parler. Mais rien n'y fait, comme souvent. Pas moyen de retrouver une quelconque trâce de lui dans ses souvenirs. Même lorsqu'il dit son nom, Valdo, rien ne vient briser ce sentiment étrange. Alors comme d'ordinaire, la Mistigrix passe outre.

Il lui arrive régulièrement d'oublier des visages, des noms, des pokémons complétement. Il faut bien dire qu'avec tout le monde qu'elle rencontre, et les problèmes récents de Primera, son esprit est bien occupé ailleurs. Les gens apprennent à oublier sa mémoire défaillante, ils sont indulgents. Et de toute façon, ils ne peuvent rien y faire alors.

Nyurü manque glousser au "Gente Demoiselle". Si ce Valdo savait qui est réellement Nyu, il ne l'appelerait pas ainsi. Elle n'a rien d'une demoiselle. Pas de manière délicate ou rafiné. Pas le sens de la mode et un humour parfois étrange ou absent. Des mots qui partent plus vite que sa pensée et un vocabulaire fleurit. Une préférence pour les armes et l'entrainement des chevaliers que pour les fleurs et les draperies.

Non, le Bras Droit n'est pas une demoiselle et ne sera jamais une dame. Ce qu'elle ne souhaite pas d'ailleurs. La Psy supporte difficilement les bourgeoises de la cours, ce n'est pas pour devenir comme elle, à ça non, par Arceus !

En tout cas, la jeune est surprise. Ainsi, ce pokémon est aussi à la recherche d'une partenaire pour le Bal ? Quelle coincidence ! Comme quoi, elle n'est pas la seule à galérer à cause de ce stupide bal. Est-ce une chance ? Arceus, elle ne perd rien à tenter sa chance !

« Je me nomme Nyurü, chevalier de sa Majesté. Je n'ai donc rien d'une demoiselle mon brave, ne vous en faites pas pour moi. Je vais parfaitement bien, j'en ai vu d'autres.»

Elle se stoppe un instant, passant furtivement sa patte sur son cache-oeil. Il est certain qu'une petite chute sur le fessier n'est rien comparé à ce qu'elle a vécu ce jour là, personne ne pourra la contredire. Puis, elle pose une question qui l'intrigue.

« Vous dîtes être soldat mon ami. Mais je ne me souviens pas de vous, veuillez m'en excusez. Auriez-vous été retenu au loin ces derniers mois ? »

Certes, la mémoire de Nyurü n'est pas la meilleure ni la plus fiable. Mais ce qui l'interpelle, c'est que ce chevalier ignaure qui elle est. On n'oublie pas le Bras Droit du Royaume qu'on sert, surtout avec une réputation et un physique comme le sien, on oublie pas son Général non plus. Alors à moins d'avoir été aux limites du territoire pendant des mois et d'avoir loupé la trahison, ce bonhomme ment à la minette. Elle attend donc avec impatience la réponse de Valdo, les bras croisés et le regard pénétrant.

Invité

«Je réalise à mon grand dam qu'il n'est rien que l'on puisse vous cacher.»

Honnêtement. Cromwalldo était acculé. En effet, le cache-œil et son propriétaire étaient bien connus, tout particulièrement par les militaires, difficile de faire croire le contraire. Il fallait trouver autre chose, et vite. Sachant qu'il avait menti, Nyuru devait déjà avoir des soupçons. Sur ses gardes, elle ne laisserait pas passer d'autres mensonges éhontés. Cromwalldo devait frapper un grand coup, briser les défenses de son interlocutrice pour la déstabiliser et détourner son attention de ses vrais motifs. Mais comment trouver un mensonge d'une telle force et assez discret pour passer inaperçu? Il se lança tout de même.

«Je sais parfaitement qui vous êtes. J'ai quitté ma permission expressément dans l'espoir de vous voir, car je savais que vous seriez auprès de la reine ce soir.»

Non, non et non! Ça ne passerait jamais! Valdo s'imaginait déjà la générale le percer à jour, le dénoncer et mettre un terme aux velléités d'existence de Libertalia. Non! Cela n'arriverait pas! Armaldo trouverait un moyen.

«Vous êtes nimbee d'un nuage de légende, je ne sais si vous en êtes consciente. Vous êtes... légendaire à vrai dire. Un pokemon au-dessus de pratiquement tous les autres, hormis sa Majesté la Reine, quand bien même une Mystigrix ne semble pas être la personnalisation de la force. Mais vous, vous transcendez tout cela. Vous avez survécu aux événements de la trahison et en êtes ressortie plus forte, infiniment plus forte si je puis dire. Et si ce n'était que la puissance...»

Armaldo ne se laissait-il pas quelque peu emporter? Bah, au moins était-il crédible. Il poursuivit.

«Les gens se souviennent encore du temps d'avant la trahison, de celle que vous étiez auparavant. Moi je m'en souviens. (il désigna de la pince le cache-œil, mais s'arrêta avant de frôler le visage, par peur?) Vous portez vos cicatrices, tous nous le savons. Mais je vois encore celle qui a grandi avec Solaris, et qui, il n'y a pas si longtemps, était considérée comme la plus belle à des lieues à la ronde. Je la vois encore, derrière la dureté que ce monde vous a fait porter. Et si j'osais, je vous demanderais de m'accom...»

Mais qu'était-il en train de faire? Cela allait bien trop loin, il allait se mettre dans une situation d'où il ne pourrait plus ressortir! Le pire étant qu'il était conscient de ne pas avoir vraiment menti. Il se souvint fugacement du jour où il s'était enrôlé. Elle avait été là. Et lui mis du temps à regretter ce jour. Ce qui avait été un rêve idiot d'enfant quand il était entré dans l'armée se changeait aujourd'hui en une dangereuse lubie. Comment allait-il se sortir de là?

Invité

Une pointe de fierté transcende la jeune minette suite à la réponse du grand pokémon insecte. Ainsi elle avait vu juste, Valdo s'est permis de lui mentir sur son identité, bien que légèrement. Loin de ressentir de la colère, bien qu'un peu déçue, Nyurü se réjouit d'avoir découvert la supercherie. Malgré les bals, les réunions snobes et les dîners interminables au palais, la jeune Mistigrix a réussi à garder son sens de l'observation et de déduction intacte.

De son seul œil valide, elle observe le pokémon cuirassé. Que va-t-il lui répondre, maintenant que sa stratégie est tombée à l'eau ? Se défendra-t-il ou bien va-t-il se contenter de faire comme si de rien n'était ? Une bonne ou une mauvaise raison, pour avoir caché la vérité au Général des Armées ? Tout cela, Nyu est bien pressée de le découvrir, quitte à devoir faire preuve d’insistance auprès de Valdo.

Et c'est toute confuse qu'elle apprend enfin la raison de la venue en ces lieux du chevalier. Il prétend être venu exprès pour la voir, elle. Pas la Reine Blanche, pas le peuple, pas de la famille. Elle. Valdo a même quitté son poste pour venir, sans savoir si il aurait véritablement la chance de la voir. Si elle n'était pas sortie, ou à un autre moment, ils ne se seraient pas croiser -ou plutôt rentrer dedans- et il aurait alors fait tout le chemin pour rien.

Mais pourquoi donc ? Pourquoi faire tout ce stratagème pour la rencontrer elle, Le Fantôme Borgne ? Elle s'apprête à interroger à ce sujet son interlocuteur, mais Valdo est plus rapide. Il enchaîne donc ensuite. Et c'est bouche bée que la minette écoute son petit monologue sur sa soit disant légende. Est-ce ainsi qu'on la voit alors ? Pour Nyu, elle n'est pas une légende. Elle n'a rien d'une légende. Elle ne mérite pas d'être une légende, ni qu'on la voit comme une légende.

La blanche n'a jamais demandé à ce qu'on pense à elle ainsi. Non, son rôle, c'est de secondé la Reine Solaris et rien d'autre ! C'est sa Majesté, la véritable légende ! Nyu n'a rien pu faire. Elle aurait même sombrer suite à la trahison de Luna, si il n'y avait pas eu Solaris et la promesse qu'elle avait fait à feu le Roi. C'est Solaris qui surmonte les épreuves. C'est Solaris qui fait tout pour le peuple et qui assure son rôle alors qu'elle vient juste de perdre ses parents par la main même de sa jumelle.

Nyurü s'est contentée de survivre. De se culpabiliser. De pleurer, de dépérir. Sans la Reine, il est presque certain que la si grande Nyurü, Bras Droit de Primera, Général des Armées, celle dont on semble louer les exploits, la grande Nyurü aurait mis fin à ses jours ou se serait rendue aux pattes des Renégats. Il ne se passe pas un jour sans qu'elle regrette, qu'elle rejette la faute sur elle. Luna et Ikana, elle n'a pas réussi à les retenir. Elle n'a pas réussi à les sortir des ténèbres. Elle n'a pas vu, pas su, pas compris. Elle ne les a pas aidé, elle ne peut pas les aider, les secourir. Elle les a abandonné.

Valdo continue son récit, pas encore au courant des sentiments qui inondent la jeune minette. Il parle de beauté, de force, de courage. Tout ce que la Psy n'est pas et n'a jamais été. Oui, elle avait été belle, mais pas la plus belle du Royaume, rien qu'avec Solaris et Luna, elle ne pouvait tenir la comparaison. La patte de Valdo est proche de son visage, de son cache-oeil, de sa honte.

La Mistigrix baisse la tête, soudainement très honteuse. Ce chevalier, il... Non. Tout le Royaume. Ils croient la connaître, savoir ce qu'elle ressent, savoir la vérité. Mais il n'en est rien, et c'est d'une petite voix qu'elle répond finalement, après un moment de silence.

« Mon bon Valdo, vous vous trompez. Je ne suis pas une légende, loin de là. Et je ne suis pas si forte que vous semblez le croire. Je...fais ce qui doit être fait, rien de plus. Autrefois, j'aurais été plus que ravie qu'un pokémon de votre envergure s'intéresse à moi, veuille me rencontrer. Mais je ne suis plus cette Mistigrix. J'ai changé, de bien des façons. »

Une nouvelle fois elle frôle son bandeau. Oui, physiquement, c'est visible qu'elle n'est plus la même. Mais même mentalement, la différence est flagrante quand on sait regarder. Cependant la Psy ne veut pas qu'on s'en aperçoive, alors elle le cache au quotidien. Et dans cette phrase à double-sens, elle se confie un peu, secrètement, avec un petit soulagement moindre.

« Je suis désolée que vous aillez fait ce chemin pour voir un pokémon qui malheureusement, n'existe pas. Les rumeurs, et donc les légendes, on tendance à enjoliver la vérité je le crains. Ainsi, je comprendrais que vous souhaitiez que je vous laisse, il semblerait qu'il vous faille trouver une autre partenaire plus méritante que moi... »

C'est avec un pincement au cœur qu'elle ne serait pas crue possible d'avoir que Nyu prononce cette dernière phrase. Si le chevalier n'a pas été au bout de sa pensée, il en a assez dit pour que la minette comprenne. Ils avaient tous les deux le même but en fait, trouver un partenaire pour le bal de ce soir.

HS:

Invité

Les mots de Cromwalldo semblaient faire leur petit effet. Cela dit, il ne savait pas s'il devait s'en réjouir. N'empruntait-il pas un chemin difficile à rebrousser? Pouvait-il, lui, leader nécessaire à une nation naissante, se lier à celle qui bientôt serait sa plus fatale ennemie? Cela était-il bien raisonnable? Quand bien même, Cromwalldo ressentait une sorte de plaisir coupable en voyant la psy frémir à ses mots. Avait-il visé juste? Oui et non. Visiblement, toutes ces références à la légende s'étant formées autour d'elle la mettait bien mal à l'aise. L'armaldo perçut même un discret, mais lourd de sens, geste en direction de son orbite vide. Pour une raison obscure, Valdo se sentait chatouillé par le désir de voir ce que cachait ce bandeau. Il n'y avait désormais plus de place pour la raison sous la carapace de l'insecte.
Son interlocutrice, touchée par son discours, semblait prête à tourner les talons. Non! Surtout pas! Valdo ne pourrait plus reculer, et alors? Cela en valait la peine, et il saurait improviser. Si non, c'est qu'il n'était digne de la reconnaissance et de l'affection de personne, pas même son peuple. Nyuru lui tournait le dos à présent. Sans réfléchir, il se précipita pour la retenir.
«Attends!»
Cromwalldo est figé dans son élan. Sa pince est autour de la main de la Mystigrix. S'il la refermait, la patte délicate de chat serait tranchée, sans doute aucun. Valdo sent comme un picotement en son cœur. Ce qu'il aurait voulu de vraies mains en cet instant précis!.. Mais l'heure n'était pas à la complainte envers la cruauté de la Nature. S'il voulait avoir une chance de rattraper ses erreurs, et de se rapprocher de Nyu... de la Reine, c'était maintenant. Il se redressa, toujours proche de la Générale en civil, et rengaina sa pince.
«Veuillez m'excuser si je vous ai froissée, ce n'était en aucun cas mon dessein! Je... Je me suis sûrement laissé abuser par les ouï-dires, mais je vous prie de croire que je suis plus que prêt à entendre la vérité à votre sujet. Vous prétendez avoir changé, cela se comprend, toute autre, je le crains, eût subi les mêmes effets à votre place. Mais si vos traits ont pu être enjolivés, j'ai vécu assez longtemps sous la bannière pour pouvoir attester de votre force, de votre mérite. Il n'y a aucun mal à faire ce qu'il y a à faire. C'est une preuve de courage au contraire, une preuve que l'on est capable de faire abstraction de ses désirs pour le bien commun. Seuls les chefs dignes de ce nom sont dotés de cette qualité.
Pourquoi se leurrer? Cela ne servait à rien de se mentir: Valdo était sincère. Il était tendu, non pas parce qu'il avait besoin d'un prétexte pour être au bal, mais parce qu'il désirait plaire à Nyuru. Ce martèlement dans son thorax, ce léger frémissement... avait-il seulement ressenti cela auparavant? Cela reviendrait-il un jour? Peu importe les conséquences, Cromwalldo ferait tout ce qui était en son pouvoir pour parvenir à cette fin.
«Je ne veux en aucun cas que vous me laissiez. À vrai dire, je voudrais que vous puissiez invoquer cette partie de vous qui aurait été ravie de l'intérêt que je pourrais vous porter, car c'est à elle que je m'adresse. Nyuru, tu... vous semblez être bien différente de ce que tout un chacun peut penser de vous. Je voudrais apprendre à connaître le pokemon que vous êtes vraiment. Je voudrais l'apprendre de vous. Et pour ce faire... Je voudrais... Voudriez vous me faire l'honneur d'être ma cavalière pour le bal? Voudriez vous vous présenter au bal au bras du Masque Blanc?»
Les dés étaient à présent jetés. Valdo était suspendu aux lèvres de Nyuru, se languissant dans l'attente de sa réponse.

«HRP»:

Invité

La jeune minette a bien du mal à continuer la conversation. La dure réalité lui est revenue en pleine face. Cela ne lui arrive pas souvent car elle ne se promène pas dans la Capitale, alors elle n'a pas écho de ces dires sur elle. La légende qui s'est formée autour de la Mistigrix, elle n'en a juste que de vagues provenances, relatés par les chevaliers qu'elle côtoie. Jamais elle n'aurait imaginé que ça aurait une telle ampleur, et surtout si loin dans le Royaume.

Savoir que tant de gens croient voir en elle une héroïne, alors qu'elle n'est que le contraire de cet idylle personnage. Courageuse ? Pas du tout. Forte ? Encore moins. Nyurü n'est pas forte. Elle est faible. Oh, physiquement, elle peut se défendre quand même, ne la dégradons pas plus que nécessaire. Mais mentalement, son esprit est loin d'avoir la force que son rang exige. Pourtant, elle ne peut déserter le poste. Solaris ne le supporterait pas.

Alors elle doit rester là, malgré son cœur qui pleure, qui saigne de plus en plus. Entre les combats sanglants et meurtriers. Les corps sans vie qu'il faut annoncer à la famille. Les vies éteintes pour des raisons futiles et dont ils ignorent tout. Et elle, qu'est-ce qu'elle fait ? Nyu les envoie à la mort, elle les entraîne pour la mort.

C'est avec toutes ces mauvaises pensées que la Psy fait demi-tour et tente de s'enfuir. Elle ne sait faire que ça de toute façon : fuir. Et puis il ne faut pas se faire d'illusion, Valdo ne voudra certainement plus passer de temps avec elle, maintenant qu'il connaît la vérité sur sa personne.

Mais alors qu'elle avance en direction du château pour s'isoler dans sa chambre, une pression se fait sentir sur sa patte. Douce mais ferme, elle est appliquée avec attention pour ne pas la blesser sans pour autant lui laisser la possibilité de fuir. Et un mot est prononcé, rien qu'un. La minette n'ose plus bougé d'un poil.

Puis Valdo commence sa tirade, il parle longuement. Nyurü l'écoute attentivement, parfois avec stupéfaction, parfois avec désir. Pourquoi ? Ce n'est pas la première fois qu'on lui parle comme ça. Solaris avait voulu que son amie se confie à elle, mais Nyu n'avait pas cédé. Tout, elle garderait tout pour elle. Le monde ne saurait rien.

Pourquoi alors, quand le pokémon insecte parle avec sa pince autour de sa patte, elle souhaite soudainement pouvoir enfin se confier, dire ce qu'elle ressent, ce qu'elle a sur le cœur ? Elle qui n'a même pas eu le courage de tout révéler à Ikana, alors que la rouge le lui demander réellement.

« Je … Je ne pense pas que ce soit une bonne idée Valdo... »

Mais elle s'arrête soudainement quand le grand pokémon lui propose tel quel de l'accompagner au bal de Solaris ce soir. La minette en reste bouche bée. Lui ? Si grand, si fort, il veut sortir en public avec elle ? Nyu ne sait quoi répondre ! Il semble même que...Oui, elle rougit légèrement !

« Eh bien...C'est innatendu... Je... Êtes-vous certain ? Je suppose qu'il serait mal venu de ma part de refuser... Alors j'accepte de vous accompagner, Valdo. »

Pourquoi ? Pourquoi avoir dit oui à un parfait inconnu ? Quoi que dans ce domaine, lui ou un autre, c'est du pareil au même. Elle ne connaît personne spécialement. Alors finalement pourquoi pas ? Mais parce qu'elle n'a pas le temps pour cela ! Pourtant, Solaris a été claire : il faut que la minette est un cavalier et qu'elle s'amuse durant la soirée.

Mais Nyu doit tout de même s'occuper de la sécurité de la Reine avant tout. Heureusement, un plan se forme dans sa tête et elle ne tarde pas à en faire profiter son cavalier tout juste nommé.

« Cependant, il vous faudra faire votre entrée seul. Je serais déjà aux côtés de sa Majesté au début du Bal. Je viendrais donc vous retrouvez, si cela vous convient.»

HS:

Invité

HRP:

«j'accepte de vous accompagner, Valdo. »

Le cœur de Cromwalldo manque un battement. Est ce bien réel? N'est-ce que le rêve d'un rêve, ou bien a-t-il obtenu ce que des années de vie dans une carapace lui avaient refusé? Il était sans doute trop tôt pour le dire. Mais quand même, qu'elle joie! Déjà, l'Armaldo ne se tenait plus. Allons, du calme, un peu de contenance enfin! Pour faire bonne figure, l'insecte s'éclaircit la gorge. Ce n'était pas fini, il y avait encore des choses à préparer pour la soirée, et une danse avec Nyuru ne figurait -malheureusement- pas dans ses priorités les plus urgentes. Certes, il en avait envie... très envie... ... ... Mais il avait des responsabilités! Son peuple ne l'avait pas envoyé pour danser après tout! Reprenant ses esprits, il répondit à la minette:

«Je comprends. Vous avez des obligations envers la Reine, je puis attendre. Sachez toutefois que j'attendrai cette danse avec moult impatience!..»

Mais! Un insecte ne rougit pas voyons! Il était temps de se sortir de là, ou Valdo ne répondrait plus de ses paroles. Il détourna un instant son regard de celui de son interlocutrice, histoire de reprendre quelque peu son calme. À la réflexion, il se demanda si, après son discours, il serait capable de soutenir le regard de sa cavalière. Aurait-il seulement le temps pour la danse promise? Ou devrait-il d'abord fuir et se battre? Et qu'adviendrait-il s'il devait la combattre elle? Aurait-il le courage de répondre à ses assauts? Il le devrait. Oui, il y avait malheureusement peu d'avenir à cette aimable conversation... Cromwalldo se surprit à penser qu'il en eût pu être autrement. Peut-être que s'il était né noble, s'il était devenu un chevalier, Valdo aurait pu espérer plus de chances avec la Mistigrix.

Mais il oubliait quelque chose. Ce n'était pas une question de naissance ou d'ambition qui poussait l'insecte à la rébellion. C'était bien une affaire de conviction. Qu'il soit né noble ou vilain cela ne change pas grand chose à l'injustice du monde, laquelle il avait jugé de combattre. Les choses allaient ainsi: cette histoire serait sans lendemain car elle entrait en opposition avec la lutte dans laquelle il s'impliquait. C'était regrettable -et ce serait amèrement regretté- certes mais inévitable. Pas la peine de s'attarder là-dessus. Au moins aurait-il de quoi rêver la nuit quand le sommeil est inhospitalier... Il raffirma son regard et prononça la sentence nécessaire.

«Je voudrais cependant que vous m'accordiez une faveur: je voudrais que le Masque Blanc figure sur la liste des invités. Ainsi, vous saurez quand mes bras sauront vous recevoir. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je crains avoir quelques choses à régler pour ce soir. J'espère pouvoir vous retrouver promptement.»

Il afficha alors un sourire qui n'avait plus vu le jour depuis bien longtemps. Un sourire heureux et sincère. Car, en dépit de tout ce qui les opposerait bientôt, Cromwalldo espérait de tout son cœur que cette conversation ne serait pas vaine, que cela ne serait pas qu'un moyen comme un autre de pouvoir assister au Bal sans attiser les soupçons.

Partir se révéla être compliqué, d'une part parce que Valdo n'en avait nulle envie, d'autre part parce qu'il n'avait aucune idée de comment s'y prendre. La plupart de ses rencontres avec autrui se concluait par la chute sans vie de l'autre, et il avait bien peu l'habitude des conversations amicales. Il hésita premièrement à baiser la main de la minette, mais il sentit que ce serait déplacé, étant donné le faible avancement de leur relation. Il se retrouva alors pendant quelques secondes à partir légèrement d'avant en arrière, hésitant. Il conclut cet instant maladroit par un salut simple, un abaissement subtil du corps, avant de se retourner. Il lui fallut de grands efforts pour ne pas se retourner sur le chemin. Il devait pourtant s'assurer qu'Abra, son contact, serait bien là au bon endroit et au bon moment. Il versa cependant une larme tandis que son aimée s'éloignait.

Invité

La jeune Mistigrix ne sait plus d'où donner de la tête. On dirait bien que la bonne humeur et la joie de Solaris à propos de ce bal lui est monté au cerveau. D'ordinaire, elle n'eut accepté aucun rendez-vous et surtout pas en public ainsi. Mais pour cette fois, son coeur a répondu avec grande hâte, probablement dans un élan de ... de quoi justement ? Nyu est bien en peine de comprendre les sentiments qui la parcourent.

Est-ce qu'il s'agit d'excitation ? Finalement, cette idée de bal n'est pas une mauvaise idée comme la minette le penser tout d'abord. Il faut croire qu'en l'espace de quelques minutes, son opinon a fortement changé de cap. Mais ce n'est pas pour lui déplaire pour une fois. L'attente sera certainement longue aux côtés de Solaris, pas pour les mêmes raisons que d'habitude cependant.

Avec un petit sourire qu'on ne lui connait pas, la Psy se contente d'hocher la tête à la réflexion pleine d'entrain du pokémon en armure. Elle aussi, elle va attendre avec une grande impatience cette danse. Quoique, ce n'est pas la danse en elle-même que Nyu va attendre avec hâte, mais simplement ce mystérieux cavalier. Pour parler avec lui, pour danser avec lui, pour passer du temps avec lui.

Mais qui est-il donc, ce pokémon qui en quelques paroles passe du statut d'inconnu à un ami très attendu ? Un ami ... Quel doux mot dans le creux des oreilles de la minette. Voilà bien une chose qui lui manque cruellement depuis la trahison de la Reine Noire et d'Ikana. En fait, à part elles, elle n'a personne dans son proche entourage -Solaris exclue-.

« Alors le Masque Blanc sera très attendu en cette soirée. Le temps passera lentement jusqu'à votre arrivée je le crains pour moi. Mais, j'attendrais d'entendre votre titre avec une impatience grandissante. Bonne journée Messire. »

Et voilà le temps du au revoir, déjà présent, bien trop rapidement. Nyurü reste encore un moment dans la rue, regardant son cavalier s'enfuir en toute hâte. A-t-il déjà un costume pour le bal masqué ? Certainement, puisqu'il s'est mis à la recherche d'une cavalière d'un soir. Soupir. Un soir qui sera très certainement long et pourtant si court.

Un air songeur sur le visage, le Fantôme Borgne fait demi-tour et rentre distraitement au château. Cette petite promenade aura été très enrichissante pour elle et très prometteuse ! Finalement, c'est avec hâte que Nyurü attend le bal de Solaris. Tout en espèrant dans un coin de sa tête que rien ne vienne détruire une soirée qui se promet magique.

HS: