Un nouveau départ

J'avais cherché un esclave à la hauteur de ma grandeur. Et je l'avais enfin trouvé.

Cette journée avait commencé comme tous les autres jours. Je me levais toujours à la même heure, honorais mon maître avec la même ferveur, et me promenais dans la Cité Noire pour passer le temps. Ce jour-là, je venais de remarquer quelque chose de troublant. Mon sommeil était de plus en plus troublé par des étranges rêves. Dans ce domaine onirique, je me trouvais au sommet d'un grand volcan, et j'entendais un puissant chant. Une musique irrésistible qui me prenais les entrailles, et m'entrainais au cœur du volcan. Plus je m'approchais, plus le chant était puissant. Et, plus curieux encore, une autre musique s’élevait en parallèle. Et elle venait de Nightmare. Lorsque je m'en rendais compte, et que je comprenais que l'épée répondait à l'appel du volcan, il était trop tard. Une ombre apparaissait devant moi, et sans que ne puisse rien faire, m'enveloppais de ténèbres. Je me réveillais toujours à ce moment-là.

J'étais donc sortis de chez moi avec ces cauchemars en tête. Ils voulaient forcément dire quelque chose, même symboliquement, mais je n'arrivais pas à savoir quoi. Je posais donc la question à mon maître, qui était le donateur de cette lame. "Cette épée est appelé par une force terriblement puissante, et son secret ne doit être découvert que par toi." me répondit-il. Ça ne m'aidait pas vraiment.

Puis je décidai qu'il était temps de me changer les esprits. J'aurais plein d'autre occasion de revenir sur le sujet. Je me dirigeai donc vers la foire aux esclaves, je venais juste d'apprendre qu'un nouveau convoi venait d'arriver, et j'étais toujours à la recherche d'un esclave-monture. Alors que j'arrivais, je vis un attroupement de pokémon devant un étal. J'interpellais un Oursaring qui se trouvait là.

"Qu'est ce qui se passe ici renégat ? Y aurait-il une baston ?"

A vrai dire, c'est ce que j’espérais intérieurement. J'avais envie de me battre, et de dégainer Nightmare pour voir son éclat dans le sang.

"Non" me répondit-il "Mais presque ! Ils débattent presque avec les poings pour savoir qui d'eux deux auront la Latias chromatique"

Impossible. Avais-je bien entendu ? Une Latias chromatique ?! Enfin un esclave digne de mon rang. Et une occasion pareil ne se représenterait pas. Je m'élançai donc dans la foule, avec une petite idée en tête. La foule était dense, mais ma conviction l'était beaucoup plus. Alors que j'émergeai enfin de cette marée de pokémon, je la vis. Une Latias aux couleurs du soleil naissant, d'un dorée superbe. Il me la faut. pensais-je. L'arbitre de la vente s’avérait être une Momartik, très rare dans nos contrées, et les deux concurrents étaient un Monaflemit et un Ninjask. Ils se donnaient à cœur joie dans la bataille. Les prix étaient déjà exorbitant. 200 000 pokédollars, une somme pour s'acheter 5 esclaves. Je pris donc mon inspiration.

"500 000 pokédollars !" hurlais-je. "J'offre 500 000 pokédollars et un combat pour cette esclave !"

Le silence se fit presque immédiatement. Les deux acheteurs se retournèrent, les yeux exorbités. Personne n'avait jamais offert une tel somme pour un esclave, et je voyais que ça plaisait à la Momartik.

"Es-tu sûr de ce que tu dis ?!" s'indigna le Monaflemit.

"Aussi sûrement que je peux vous battre tous les deux en même temps !" lui répondis-je.

Ils se regardèrent pendant un moment, et débattirent, sûrement sur la probabilité de m'écraser. Puis ils se retournèrent, et m'annoncèrent qu'ils étaient d'accord. Un grand sourire s'étira sur mes lèvres, et je m'élançait en dégainant mon arme. Le Monaflemit, confiant de sa force, se mit en face de moi et utilisa Ultralaser, pendant que le Ninjak passa derrière moi et lança un Dard-Nuée. "Trop confiant" pensais je, et j'utilisais Reflet pour que l'attaque Ultralaser ne touche qu'un de mes reflets. Et le stratagème réussit pour cette attaque et pour le Dard-Nuée. Puis deux temps trois mouvements plus tard, ils étaient par terre, la lame de Nightmare sur la gorge.

"J'ai gagné" dis-je avec le plus grand sang-froid, et les relachai.

La vente était ainsi terminer, et la foule se dispersait. Je me tournais ensuite vers la Momartik, qui me donna les modalités de l'échange. Elle me précisa que la Latias était amnésique, et qu'elle n'avait que très peu de souvenir. Alors une idée germa dans mon esprit. Peut-être pourrais-je essayer de la conquérir et de la soumettre par la confiance, et non par la peur comme d'habitude. Je payais donc la somme dû, et emmenai la Latias pour voir ce de quoi elle était capable. J'essayais d'être le plus doux possible, mais ce n'était pas vraiment dans mes habitudes.

Je l'emmenais donc dans le Colisée Sanglant, et une fois là-bas, commençai la découverte de son peu de passé.

"Donc, donc, donc ... J'aimerais savoir comment tu t'appelle, et surtout, ce dont tu te souviens." dis-je avec la voix la plus amical possible.

Si elle ne se souvenais même pas de son nom, alors elle serais parfaite pour que je "l'éduque" à ma façon.

Je le sentais. Je sentais la peur. N'importe où, je la sentais venir et envahir l'air.

Au moins, elle avait un nom. C'était déjà un début. Mais son autre souvenir me dérangeait. Si elle se souvenait d'un visage, sa mémoire lui reviendrait en même tant que sa rencontre avec l'être dont elle se souvient. Je n'aimais pas ça, de savoir que tout ce que je ferais pourrait être anéantit d'un seul regard. Je détestait faire quelque chose sans savoir si il serais rentable ou pas. Mais je devait arrêter de me prendre la tête pour si peu. Même si elle retrouvait la mémoire, je ferais en sorte qu'elle m'obéisse toujours. Je n'avais pas dépensé tout cet argent pour rien. Je le rentabiliserais, par tous les moyens possibles. Mais pour ça il fallait que je fasse disparaître sa peur, même si mon point fort était justement de la faire apparaître.

"Tu es tendu et tu as peur, je le sens." dis-je avec la maximum de douceur possible. "Je t'en pris, n'ai pas peur, je ne te veux aucun mal."

Alors que je prononçais ces paroles, je touchais sa tête baissée, en essayant de ne pas lui enfoncer de piques dans la crâne. Un esprit était divisé en 2. D'un coté la partie qui approuvait mon plan et qui faisait de son mieux pour être doux, et de l'autre, le coté qui me hurlait de lui imposer la servitude par la souffrance et la torture mentale et physique. Pour l'instant, le coté "calme" prenait le dessus, mais que ce passerait-il lorsque j'en aurais assez, ou si elle ne m'obéit pas comme je veux ? Je n'osais même pas imaginer ce qui pourrait se produire. C'est aussi pour cette raison que je l'avais conduit au Colisée Sanglant. Au moins, si elle me résistait, je n'aurais pas à la déplacer pour lui faire subir les pires tortures.

"Reza, je ne veux pas que tu ais peur, ni que tu te sente mal" dis-je en lui relevant la tête. "C'est pourquoi je ne te ferais rien. Aucune torture, et aucune maltraitance. Mais ce n'est pas pour ça que tu dois me désobéir, c'est bien d'accord ?"

Si mon maître voyais cette scène, je suis sûr qu'il éclaterait de rire devant mon ridicule. L'Emissaire des Cauchemars, le Hérault des Tourments, l'Ambassadeur de la Mort, en train de réconforter une esclave. Voilà qui me vaudrait une belle réputation. Mais il était temps de voir ce que Reza avait dans le ventre.

"Maintenant que nous avons posé les modalités de notre relation de maître à esclave, il est temps de voir ce que tu vaux." dis-je avec le plus grand sérieux. "Fait moi voir ce que tu peux faire. Je veux que tu te donne à fond. Je veux que tu m'éblouisses. Vole, combat, fait ce que tu sais faire de mieux. Mais je compte sur toi pour revenir à moi."

Si elle ne revenait pas, je sentais que je l'aurais bien mérité. Et j'aurais tout perdu. Mon argent, mon honneur, et le peu de bonté qu'il me reste.

Lorsque je la vis s'envoler dans les airs, je sus que j'avais fait un bon choix.

Son envol fut majestueux, comme sa nature lui autorisait. Puis elle s'éloigna de plus en plus, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une balle dorée. Une lueur de vie dans le morne ciel du Royaume renégat. C'est alors que mon maître se manifesta. Qu'est ce que tu es en train de faire Alcadeias ?! Serais-tu en train de t'attendrir ? Si c'est le cas, alors je tuerais la cause, et tu en payeras un autre tribut. Je savais ce que j'allais subir, et je lui répondis que c'était un stratagème pour avoir une emprise totale sur mon esclave, mais il ne m'entendis pas. Il m'envoya une puissante attaque psychique, le genre d'attaque que je déteste, et qui me fit poser un genou à terre en tenant ma tête à deux mains. J'essayais de garder les esprits clairs, et de le convaincre d'arrêter, mais à croire que je l'avais trop énervé, si bien que je tombais sur le sol ensanglanté, pris de spasmes. Je ne me concentrais maintenant que sur le fait de ne surtout pas crier, pour ne pas perdre mon honneur. Puis mes yeux se retournèrent dans leurs orbites, et je souffrais alors dans le noirs le vide et la folie.

Lorsque la douleur se calma et lorsque je pus de nouveau rouvrir les yeux, Reza n'était toujours pas revenu à mes cotés. D'un coté, c'était une chance, car elle ne m'avait pas vu comme "ça", et de l'autre coté, je pensais que si elle n'était pas rentrée, c'est que mon maître l'avait soit tuée, soit elle était parti. Et j'avais tout perdu. Alors qu'une profonde colère naissait en moi, je vis une puissante Balle Brume passer non loin de moi et détruire un mannequin. Je me retournais vivement, et je vis qu'elle était là. Elle n'était pas parti. Elle vola encore un peu, juste assez de temps pour me remettre de ma douleur, puis elle atterrit. Et elle s'excusa, pour une raison évidente. Si elle avait duré aussi longtemps, c'est parce qu'elle avait tenté de s'enfuir. Mais elle était qu'en même revenu.

"Bravo" dis-je en applaudissant, mais d'une voix mal assurée "Tu es parfaitement à la hauteur de mes attentes. Magnifique, c'était magnifique. Reza ... Je crois que je sais à quoi tu vas servir."

Je marquais une pause, juste pour faire durer le suspense.

"Es-tu capable de porter une personne ?" demandais-je.

Elle le devait, si elle voulait rester sous mes ordres.

Elle devait réussir à me porter. Ou elle ne me servirait à rien du tout.

Alors que je la voyais se baissais pour que je lui monte dessus, je fus pris d'une profonde anxiété. En effet, je n'avais jamais volé, et je ne savais absolument pas quel effet cela produisait. J'avais aussi franchement peur de tomber du dos de Reza, et je mourrais si il se passait tel chose ... J'avais vu nombre de pokémons tomber de pokémon oiseaux alors que la sensation de voler les enivraient. Mais je ne devais pas montrer que j'avais peur. Je ne voulais perdre la face, devant une esclave qui plus est. Dans le désert, tout ce qui venait du ciel était un ennemi, et, même si j'avais toujours rêver voyager dans les airs, je doutais de ma capacité à tenir sur le dos d'un pokémon éon qui volait à une vitesse de 80km/h à environ deux mille mètre du sol.

Mais je pris mon courage à deux mains, et montai sur le dos jaune or de ma nouvelle esclave, et faisant attention de ne pas l'abimer avec mes pics. Son contact était chaud, doux, et étrangement vibrant. Je sentais ses muscles tendus et son cœur battant sous cette peau blanche et dorée. Je pris une grande inspiration, et dis d'une voix que je faisais le plus déterminé possible :

"Allez, il est temps de voler Reza. Tu peux y aller tout doucement pour tester tes capacités. Je ne veux pas que tu tombe dès ton premier vol à cause de l'orgueil."

A vrai dire, c'était surtout pour moi que je disais ça. Mais je tenais à ce que ça ne se voit pas.

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