[FLASH-BACK] Be a good slave ~ [CAMP BETA]

« Du nerf ! On se réveille !  »

J’ouvre mes paupières rapidement en entendant un esclavagiste hurler. Je cligne des yeux pour m’habituer à la lumière soudaine. Je tourne la tête de gauche à droite pour voir l’environnement qui m’entoure. Je vois beaucoup de pokémons ici, certains en tenue de noble, d’autre plus pauvre, et d’autre encore à quatre pattes. L’ambiance est sinistre, les visages froids ce qui me donne un long frisson. Nous sommes arrêtés près d’une grande tente verte et la plupart des esclaves lâchent des cris effrayés, ou tremblent de peur. Je suis tombée chez des esclavagistes vendant des espèces plutôt rares et, à ce que j’ai compris, nous serons vendus dans une vente aux enchères. J’avoue être un peu… stressée. Je vais surement avoir un nouveau Maître et j’espère sincèrement que ma vie ne sera pas un cauchemar, cette fois-ci…

« Toi là ! Qu’est-ce que tu fais encore là dedans ?! Bouge de là et suit les autres !  
- Euh… O-Oui… P…Pardon…  »

Je me hâte de sortir de la cage, regardant l’esclavagiste du coin de l’œil qui se met à grogner. Je me dépêche de rejoindre les autres qui sont en file, puis une fois arrivée, je me mets à la chercher. Je ne la vois pas… Pourtant, ils ne l’ont pas vendue ? Non, elle ne se serait pas enfuie… Mais alors… Ou est-elle ? Je me retourne soudainement et je souris en la voyant courir vers moi en grommelant.

« Alors Cihane , en retard ? Toi aussi tu as piqué un petit somme ?
- M’en parle pas… Ils sont durs au réveil eux !

Cihane, c’est une belle Leopardus shiney. Nous nous sommes rencontrées dans les cages  et depuis, nous sommes amies. Elle a été séparée de ma cage peu de temps après… Mais ça ne nous as pas empêchées de rester amies, coûte que coûte. Nous savons toutes deux que nous allons être vendues à quelqu’un aujourd’hui… Nous commençons à discuter jusqu’à ce qu’un esclavagiste nous ordonne de nous taire. Je finis par arriver à mon tour dans la tente, ou un Crocorhible s’avance vers moi et regarde si je ne porte des cicatrices ou des marquages quelconques.

« C’est bon pour celle-là. »

On me poussa un peu et en partant, je jette un coup d’œil à Cihane qui passe à son tour. Normalement elle devrait me rejoindre bientôt, mais je n’en suis pas sûre…
Je sors, toujours en file d’attente. J’ai entendu les esclavagistes dire que j’étais un des spécimens les plus rares de leur collection, et qu’ils pourraient tirer un bon prix de moi. Je me contente de soupirer. Le temps passe et j’attends toujours mon tour, derrière l’estrade en bois, le stress montant de plus en plus en moi. J’ai peur, de tomber sur un pokémon qui me martyrisera chaque jour… Ou quelqu’un qui m’abandonnera à mon sort, sans boire ou sans manger… Ou quelqu’un d’autre encore, qui s’amusera à me vendre pour une durée limitée… Ou quelqu’un qui me tuera à la tâche… Je soupire. J’espère vraiment ne pas mener la vie dure, comme avec Fluze par exemple… Je soupire à nouveau et attend patiemment…
Un esclavagiste arrive vers moi et je me redresse immédiatement.

« C’est à toi ! Aller, du nerf ! »

Je hoche la tête rapidement et prend une grande inspiration avant de monter sur l’estrade. Je viens aux côtés de l’esclavagiste et en voyant tout les regards posés sur moi, je baisse les yeux en rougissant. Il faut dire que je n’aime pas être le centre d’attention… Puis je me souviens que Cihane n'est pas sortie de la tente... J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose.

«  Et voici une de nos meilleurs spécimens, une Lockpin chromatique ! Elle est en bonne santé et en parfait état… Le prix de départ est de 3500 ! 3600 pour là bas ! 3650 ici !... »

Le prix monte à une vitesse incroyable. Je me force à ne pas soupirer, crispée. Je commence à avoir réellement peur… Qui devrais-je servir ?

Le temps me paraissait drôlement long depuis qu’Adragas avait quitté mon appartement. Oui, il fallait bien avouer que je n’aimais pas vraiment la solitude. A mon plus grand regret. Malheureusement, j’avais beau essayé de penser à autre chose ou de faire autre chose, rien n’y faisait. L’endroit où je logeais me semblait étrangement vide (et pourtant, ce n’était pas faute de l’avoir rempli de toutes sortes de meubles…). Je ne m’étais jamais senti aussi seule et aussi perdue. Je me détestais pour être comme cela ! Ce n’était tout simplement pas digne d’une noble telle que moi, n’est-il pas ? Mais me mentir sans arrêt n’était pas la solution, et je le savais. J’avais grandement réfléchi à une possibilité un peu… Etrange selon moi. J’avais entendu dire qu’il y avait des commerces d’esclaves par ici. Rien qu’à l’idée de penser que certains achetaient des gueux impropres me faisait frissonner, mais malheureusement… Cela pouvait certainement régler mon problème.

La veille, j’avais vu par la fenêtre un Pokémon riche qui se baladait tranquillement. Derrière, un autre suivait la cadence péniblement. Il portait les bagages du premier, son pelage était sale et il avait mauvaise mine. Cela m’avait dégouté mais avait confirmé un doute que j’avais : un esclave pouvait très bien me servir. Je n’aimais pas vraiment travailler. Après tout, je n’avais jamais eu à le faire dans ma famille. De plus, les richesses de ma famille étaient grandes donc il était absurde pour moi de gagner sa vie par moi-même. Un pauvre gueux pouvait faire cela à ma place. Mais encore mieux, il pouvait me tenir compagnie. Bien entendu, il fallait qu’il soit propre, nourri, présentable… Je ne voulais pas d’un Pokémon en piteux état. Alors c’était décidé : ce jour ci se tenait un marché d’esclave et j’allais m’y rendre.

[…]

Après de longues minutes de voyage comme ce n’était pas permis, j’étais enfin arrivée sur les lieux. C’était un endroit horrible. Il y avait des cris partout, des Pokémon qui en frappaient d’autre, des pleurs, du sang… J’en avais déjà assez. Sans compter tous les pauvres qui se trouvaient ici. Ô Arceus, qu’elle idée m’avait traversé la tête !
Néanmoins, ce n’était pas le moment de faire marche arrière. Je vis un endroit où il y avait une petite foule. Cela devait être plutôt intéressant. Curieuse, je me dirigeais donc vers tout ce monde. A mon arrivée, beaucoup se bousculaient pour voir un esclave apparemment. Comme je n’avais pas de garde du corps, c’était compliqué pour moi de me faire une place. Alors, je trouvais quelqu’un ayant le profil d’un garde et le paya avec une grosse somme d’argent.

C’était un Tranchodon fort et il poussa tous ces… Erg, ces rustres et je pu enfin voir la personne de tant de convoitise. Effectivement, ils savaient bel et bien mettre en scène leurs esclaves. Il y avait un estrade et le Pokémon était à la vue de tous. Pas mal pour un pauvre ! Enfin, une pauvre car c’était une femelle. Une Lockpin aux couleurs plus sombres et rosées par endroit. Pas de doute, nous étions similaires sur un point : notre nature chromatique. Cela m’attira largement car en dépit d’être une gueuse de la campagne (du moins c’était possible), elle avait un certain charme. Pile ce que je recherchais ! Je ne voulais pas être en compagnie de quelqu’un de repoussant.

L’enchère pour obtenir la Lockpin battait son plein. Le prix montait rapidement mais j’avais des ressources. Il y avait beaucoup de nobles ici mais ils n’étaient pas à mon niveau. Ca non ! Je n’aurais aucun mal à obtenir cette esclave. J’attendais encore un peu, que le prix monte. Puis une fois qu’il atteignit une somme raisonnable pour moi, je commandais à mon garde du corps temporaire d’attirer l’attention du commerçant. Ce dernier poussa un beuglement horrible puis la foule se tut. Alors avec grâce, j’annonçais :

« Je vous prend cette esclave pour la modique somme de 6850 pièces d’or. »

Il eut un silence prolongeait : mon attente avait fonctionné et mes paroles avaient eu l’effet d’un coup de massue sur cette foule de pauvre. Je souriais doucement en m’approchant un peu de l’estrade et en fixant le vendeur.

« Alors qu’attendez-vous ? Il me semble qu’ici, personne ne pourra me-… »

Mais alors que je croyais être la gagnante de l’enchère, une voix grasse et insupportable se fit entendre. Un gros Spinda venait de faire son apparition. Ô Arceus… Qu’il était laid et répugnant.

« AH ! Je vous prends celle-là pour 7500 pièces d’or ! »

Pardon ? Que faisait ce gueux ?! Il ricana ensuite et s’approcha de moi. Le dragon que j’avais embauché se plaça entre ce Pokémon horrible et ma précieuse personne. Il lui ordonna de ne plus bouger mais ce gros… Gros… N’écouta pas. Le Tranchodon prit un air menaçant et l’inconnu recommença à ouvrir sa bouche qui devait être bien horrible.

« Minute poupée. J’ai aussi mon mot à dire. »

Je ne voulais pas répondre à ce rustre alors je me tournais à nouveau vers la Lockpin et le vendeur.

« 8000 pièces d’or. »

Alors là, je ne m’y attendais pas. Je ne m’y attendais vraiment pas.
Le prix grimpait en un clin d’œil et l’esclavagiste avait l’air ravi. C’est normal en même temps, il était en train de s’enrichir sur mon dos. Et moi, alors ? Moi, on s’en fiche. Je suis inférieure à eux, c’est surtout pour ça. Pourquoi ? Aucune idée. Pourtant certains Lockpins ne sont pas esclaves. Alors pourquoi moi ? Pourquoi certains sont forcément au-dessus des autres ? Ils sont comme tout le monde, pourtant. Les esclaves sont comme tout le monde. Les nobles sont comme tout le monde. Alors pourquoi instaurer la loi du plus fort alors que nous sommes censés être tous égaux ? Je n’avais évidemment, la réponse à aucune de ces questions. Un silence soudain m’a tiré de mes pensées. Les enchères sont finies ? Il me semblait. J’ai alors vu une Roussil s’avancer juste devant l’estrade. Une Roussil bien différente des autres, d’ailleurs. Son pelage était violet au lieu de jaune et ses yeux étaient tous deux d’une couleur différente. L’un jaune et l’autre bleu. Au moins, nous étions identiques sur un point : nous avons reçu toutes les deux un physique qui sort de l’ordinaire. Alors que je la voyais s’avancer, un deuxième individu fit son apparition. C’est un Spinda et… Mon dieu qu’il était laid !

« AH ! Je vous prends celle-là pour 7500 pièces d’or ! »

Attendez, il parle de moi là ? Oh pitié, je n’ai aucune envie d’aller avec lui ! Aucune ! Je le regarde ricaner, ne sachant quoi dire. Je prie pour que cette Roussil m’achète à la place de ce… ce monstre. Non mais franchement, je n’avais aucune envie de rentrer avec lui. Et puis quoi encore ? J’étais aussi certaine que son caractère était identique à son physique. Ça se voyait bien. Il n’y avait que quelques chances pour qu’il soit quelqu’un d’aimable. Ca se voyait, rien qu'avec sa manie, son language... J'eus un frisson.

« 8 000 pièces d’or. »

J'eus un petit sourire soulagé. Elle comptait renchérir ! 8 000 pièces d’or, c’était une grosse somme, une très grosse somme. Et pourtant, le Spinda renchéri à nouveau par-dessus. Et la Roussil augmenta son offre. En regardant celle-ci, je lui fis bien comprendre que je voulais à tout prix être avec elle plutôt que lui. Et finalement, le Spinda grogna lorsque la noble proposa 10 000 pièces d’or. A vrai dire, j’étais assez surprise. 10 000 pièces, pour une esclave ? C’était tout simplement énorme. Et l’esclavagiste avait l’air plus que ravi. Il s’était fait beaucoup de pièces, ça c’est sûr.

« Merci bien ! Et voici votre acquisition. Amusez-vous bien avec elle. »

Amusez-vous bien. Tss. C’est tout ce que j’ai retenu. La Roussil lui donna alors un paquet rempli de pièces et parti aussitôt en m’ordonnant de la suivre. Je m’obéissais donc en remarquant que le Spinda me fixait toujours. J’eus un frisson : que ça pouvait être flippant ! On aurait dit qu’il allait nous suivre pour harceler ma nouvelle maîtresse de m’acheter. Un peu plus tard, j’ai pu savoir que ma maîtresse se nommait Nailah. Bien sûr je ne l’appelais pas par son prénom, mais au moins, comme ça, je pouvais savoir. Et que conte toute attente, elle était plutôt gentille avec moi. Enfin ! Ça me changeait des autres… En tout cas j’espérais sincèrement rester longtemps à ces côtés. Elle avait l’air si gentille comparé à Fluz… Quelques images sont revenues dans ma tête, mais je les ai chassées rapidement. Non, Fluz n’était plus rien pour moi. Malgré nos bons débuts ensemble, elle m’avait prouvé que c’était une personne avec qui je ne pouvais pas avoir confiance. A qui je n’ai absolument pas confiance, comparé à… Nailah. J'eus une dernière pensée pour Cihane. La reverrais-je un jour, elle aussi ? Je me demande bien. En tout cas j'éspère sincèrement qu'elle va bien et surtout qu'elle ira bien. Mais peu importe, désormais j'ai une nouvelle maîtresse et je compte bien la servir le plus longtemps possible. Et puis, je suis sûre que tout va bien se passer.

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