Ceci n'est plus une mort surprise. [Pv Seth]

Un silhouette noire et bleue était étendue dans l'herbe, une légère brise agitant ses poils, le berçant. Depuis quand était-il là ? Dans ses souvenirs, il était arrivé durant la nuit, mais les pokémons avaient été très accueillants. Du moins, il l'avaient été grâce à l'enfant qui l'accompagnait car après tout, les nombreux actes du luxray n'étaient pas inconnus,il était un mercenaire assez demandé et assez connu, bien que sa notoriété se limitait aux gens normaux, très peu de haut gradés. Bien sûr, il faisait exprès d'éviter les demandes de pokémon trop hauts placés, il ne souhaitait pas qu'on le reconnaisse à chaque coin de rue, bien qu'intimider les autres était assez divertissant. Quoiqu'il en soit, la présence de Herz avait permis à ce que les paysans du paradis fruités acceptent de les aider en leur donnant quelques fruits. Notons d'ailleurs que lui et ces gens n'avaient pas la même définition du mot "quelques". Autour d'eux se trouvaient une multitude de baies différentes, plus exotiques les unes que les autres, et tout cela était pour eux, pour qu'ils se rétablissent. Toute cette quantité n'était évidemment pas nécessaire, il avait suffit de faire boire à la renarde un jus de baie pêcha durant son sommeil pour qu'elle soit guérie. Lui-même avait mangé quelques baies pour finalement s'écrouler dans les bras de Morphée, plus épuisé qu'il ne se l'était imaginé. Et nous revenons au point de départ : Seth dormant sous un arbre, recouvert par l'ombre de sa cime. Pour une fois, il avait eu la chance de ne faire aucun cauchemar, lui qui avait pour habitude de se faire hanter par de mauvais souvenirs durant son sommeil. Il fallait croire que les baies étaient réellement bénéfiques, bien qu'il ait une large préférence pour la viande.

« Mais qu'est ce que j'ai fais...? »

Une petite voix tremblante s'éleva, brisant le magnifique silence. Le lion la reconnut tout de suite, faisant pivoter ses oreilles vers son origine qui s'avérait être dans son dos. Qu'est-ce qui lui arrivait encore ? Elle était guérie, en sécurité, loin de sa tante et des renégats, bref, la belle vie. À moins qu'elle ne parlait dans son sommeil.
Le félin décida donc de se relever en s'étirant de tout son long, poussant en même temps un long grognement -semblable au bruit d'un moteur de voiture-. Puis, il s'ébroua rapidement et se dirigea vers l'enfant.

« Bonjour. »

Il commença alors à se toiletter la patte avant sans se gêner. Enfin, ils étaient tout deux des pokémons après tout, il n'y avait aucun mal, elle même devait sûrement se toiletter. Ainsi, grâce à sa souplesse légendaire, il commença à lécher la fourrure de son dos, du moins celle qu'il pouvait atteindre. Puis, il tourna à nouveau son regard vers l'enfant :

« Tu te sens mieux ? On est arrivé hier dans la nuit. »

« Bonjour ! »

Elle lui avait répondu avec un grand sourire, visiblement de bonne humeur, même le matin. Le luxray se demanda comment diable pouvait-elle être aussi enjouée après avoir dormi. Pour lui, c'était peine perdu, quoique même sans s'être tout juste réveillé, il pouvait être froid et sec. Elle commença à se toiletter aussi et avec beaucoup d'ardeur à tel point qu'il songea un instant que plus propre que ça, elle pouvait toujours s'arracher les poils. Il ignora les sombres raisons de cette attitude mais remarqua rapidement qu'elle fixait les baies qui les entouraient. Il se demanda ce qu'elle faisait : pourquoi ne mangeait-elle pas si elle avait faim ?

Il réalisa alors, malgré les similitudes qu'il avait pu voir entre eux deux, qu'ils étaient loin d'avoir reçu la même éducation. Enfin, autant dire tout de suite que Seth n'en avait reçu aucune, sa mère avait été bien trop occupée à s'occuper de ses quatre autres lionceaux, tss... Il chassa ses idées noires en secouant la tête : c'était inutile de ressasser de mauvais souvenirs pour broyer du noir.

« Oui oui, beaucoup mieux ! Et merci beaucoup de m'avoir transporté... Ça fait la deuxième fois que vou... tu me sauve ! Ma vie entière ne suffira pas pour te remercier ! »

Au moins, elle lui était reconnaissante. Il haussa des épaules, assez indifférent à sa remarque. Il n'allait pas demander de "récompense", de toute façon, elle n'avait probablement pas d'argent à lui proposer, ni quoique ce soit de valeur. Il se rappela soudainement de sa condition : ruiné. Il était vrai qu'à la base, il avait accepté d'assassiner l'enfant juste pour avoir une bonne somme d'argent, au moins de quoi vivre durant un bon bout de temps. Mais étant donné qu'il avait abandonné l'idée de tuer un être aussi jeune et innocent, le voilà qui était retourné à la case départ. Et il ne risquait pas de retrouver une mission proposant une tel somme avant longtemps...

« Connor, tu sais c'est à qui qu'on doit demander, pour manger des baies ? »

Il baissa les yeux vers elle en la regardant d'un air perplexe. Pourquoi faire autant de manières alors qu'elle avait un buffet à volonté à porté de la patte ? Décidément, ils ne vivaient pas dans le même monde. D'un côté ce n'était pas si mal, le sien était assez terne et sombre, tâché de sang et encombré de missions sordides... D'un ton las se voulant moqueur, il répondit alors :

« À ton avis ? Si elles sont là c'est pour une bonne raison, pas pour décorer. Ils nous les ont offertes donc mange autant que tu veux, elles sont faites pour ça. »

Il soupira, laissant Herz commencer à manger. Il remarqua comme le nom "Connor" avait très mal sonné à ses oreilles. Il était conscient que ce n'avait peut-être pas été le meilleur choix à faire après tout, mais prudence est mère de sûreté. Enfin, quelle idée d'être prudent avec une petite evoli... Il roula des yeux, exaspéré par sa propre personne.

« Eh petite, tu sais... »

Il marqua une pause. Non, il n'allait pas lui dire, tout compte fait. Après tout, ils allaient sûrement bientôt se séparer et n'entendraient plus parler de l'un et de l'autre. Ainsi, avec le nom "Connor", on ne saurait pas qu'il était en réalité le fameux luxray qui avait sauvé une petite fille en détresse. Oui, c'était bien ainsi. Il se rattrapa donc :

« ...Non, rien. Quand tu auras fini, il faudra aller vers Priméra. »

Sans donner plus de détails, il se coucha sur le côté en attendant qu'elle finisse de manger, laissant les rayons du matin le réchauffer doucement. Il avait déjà prévu comment tout se déroulerait : ils iraient à Priméra et, là-bas, Seth se renseignerait pour une bonne famille qui pourrait la recueillir. En  ces temps difficiles, bon nombres de foyers avaient perdus un membre, elle serait donc vite accueillie par des gens bien. Oui, tout devrait bien se passer. Normalement...

Seth regardait le petite tenter d'attraper une baie, c'était assez mignon en soit de voir qu'elle était trop petite pour attraper un simple fruit. Mais qu'est-ce que je suis en train de raconter moi ? Il secoua la tête en réalisant ce qu'il venait de penser à l'instant. Il ne fallait pas qu'il commence à se laisser attendrire par une simple Evoli c'était beaucoup trop... Simplet. C'était niais, c'était idiot, bref, ce n'était pas Seth. Il tourna donc la tête afin de se changer les idées. Le paysage était bien différent de celui auquel ils avaient eu affaire précédemment. Il était bien plus agréable, inutile de se le cacher, bien qu'il appréciait les climats orageux du Royaume Renégat.

« Mais... Connor, comment tu-veux que j'aille à Primera ? Je pus le Rénégat... Les Primeriens se poseront des questions en me voyant... »

Il la regarda à nouveau, en clignant des yeux. Il n'y avait pas vraiment pensé, en réalité, il ne s'en était pas soucié. Elle n'avait tellement pas le profil des gens cruels qui servaient la Reine Noire, il n'avait pas cru nécessaire de s'attarder sur ce point, mais peut-être qu'elle n'en était pas consciente.

« Les primériens sont des gens bons et compréhensifs, ils verront bien vite que tu n'avais rien à faire là-bas, ils ne devraient pas t'en tenir rigueur, crois-moi. »

Oui, les primériens n'étaient pas aussi sots que les renégats, ils n'iraient pas jusqu'à la condamner parce qu'elle sentait le renégat. De plus, les changements de camps étaient possibles, bien que périlleux au niveau de la réputation et de l'image qu'ils donnaient. Seulement, cela ne la rassurerait probablement pas. En effet, les gens risquaient de se poser des questions et donc d'attirer l'attention sur elle, lui imposant même peut-être un interrogatoire. Face à cette idée, il changea d'avis :

« Oublie ce que j'ai dis. Ne t'inquiètes pas, il n'y aura plus aucune trace de ces sales renégats sur toi. »

Il attrapa la petite par la peau du cou en l'incitant à se laisser faire et la déposa dans une caisse de baies. Puis, il repartit chercher un panier et s'approcha de la renarde pour lui renverser sur la tête. Son pelage allait ainsi s'imprégner de l'odeur sucré des fruits. Il répéta l'opération deux fois de plus, et l'amena plus loin, toujours par la peau du cou. Durant quelques secondes, il inspecta son odeur et déclara de façon presque solennelle :

« Et voilà, il semblerait que tu ne sentes plus que l'odeur des baies. C'est mieux comme ça. »

« Merci, même si maintenant j'ai la fourrure collante. Encore. »

Encore ? Il ignorait ce qu'elle sous-entendait par là, probablement une mauvaise expérience qu'elle avait dû avoir récemment. Il ne s'y attarda pas, considérant que ce n'était pas son affaire. En fait, la vie même de la petite n'était aucunement de son affaire. C'était inutile qu'il cherche à en apprendre plus sur elle et inversement. Leurs chemins allaient être séparés bien assez tôt, il ne fallait pas que des liens commencent à se créer. De toute façon, quoiqu'il adviendrait, il ne chercherait pas à la revoir après cette affaire : elle lui avait causé bien trop de soucis pour pas grand chose au final. Il allait donc retrouver son train de vie quotidien seul et peinard.

« Tu viens, Connor ? »

Il sortit de sa rêverie brusquement, se rappelant qu'ils avaient de la route à faire. Ce n'était pas très loin, mais pas non plus la porte à côté, mieux valait partir tout de suite. Ils allaient sûrement arriver dans l'après-midi alors, après un signe de tête pour acquiescer, il commença à se mettre en marche. Jusqu'à ce qu'il s'arrête pour constater avec consternation que Herz venait tout juste de se prendre un arbre dans la figure, faute de ne pas avoir regardé devant elle. Le lion poussa un long soupir, se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire d'elle. Il se serait bien moqué d'elle juste pour le plaisir mais ne souhaitait pas se montrer aussi enfantin qu'elle dans un tel moment. Il secoua donc la tête et dépassa la renarde en trottinant, lui glissant au passage :

« Regarde devant toi la prochaine fois... »

En le voyant ainsi, on pouvait tout de suite penser que Seth n'était pas un rigolo du tout. Cependant, il lui arrivait de se prêter à rire, tout dépendait du contexte, de sa compagnie. Là en l’occurrence, rire avec elle le faisait se ressentir rabaisser au niveau d'enfantillage. L'Evoli était naturellement ridicule, il ne jugea pas nécessaire d'en rajouter en se moquant d'elle, contrairement à lorsqu'il faisait face à un adulte, là où humilier était beaucoup plus amusant. Assez cruel, mais c'est ce qui a toujours amusé notre beau félin : se moquer, provoquer ses semblables. Sauf les enfants car, comme je l'ai dit juste avant, ils se suffisent à eux-même pour être ridicules.

Ils marchaient alors tout deux, bien qu'Herz avait tendance à courir, prêts à faire cap vers Priméra. Du moins, c'est ce que pensait et surtout espérait enfin Seth qui commençait à en avoir assez de toute cette histoire. Il avait d'autres chacripans à fouetter que de s'occuper d'une Evoli. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas les enfants, non. Ils n'aimaient pas quand ils débordaient d'insouciance et de naïveté, d'une niaiserie qui le faisait presque vomir. Ils étaient la plupart fatigants et ne servaient qu'à faire du bruit où embêter les adultes pour jouer. Bon, d'accord, admettons. Il n'aimait pas beaucoup les enfants. Mais peut-être cela changerait-il, un jour, lorsqu'il serait père lui même... Ou peut-être pas. L'idée d'avoir une bande de marmots à s'occuper lui donna des frissons. D'un côté, il comprit pourquoi ses parents n'avaient pas voulu de lui. Du moins, il aurait comprit s'il avait été un Lixy insupportable, or il avait du être le plus sage de la fratrie. Il secoua la tête, commençant à être agacé de toujours devoir se ressasser ces mauvais souvenirs qui n'avaient plus lieu d'être. Il avait bien remarqué que depuis l'arrivée de la petite Evoli, il n'avait cessé de repenser à ce passé. Raison de plus pour arriver rapidement à la Capitale afin de confier la renarde au plus vite. Du moins, c'était sans compter sur elle et ses idées génialissimes qui ne leur faisait pas du tout perdre du temps...

« Dit, ça ne te gêne pas si on fait un petit détour...? »

Il leva une fois de plus les yeux, rajoutant à cela un long soupir lorsqu'il vit qu'elle n'attendait même pas une réponse de sa part, cette dernière qui aurait été strictement négative. Elle commença à partir vers le côté, dans la forêt enchantée. Elle n'espérait tout de même pas faire marche arrière ? Si c'était le cas, il en était évidemment hors de question pour le lion d'avoir fait tout ça pour rien. Il décida donc de la suivre, dans le but bien sûr de la faire reprendre le droit chemin, direction la ville de la Reine Blanche.

Cependant, il ne put s'empêcher de s'attarder sur ce qu'elle était venue y faire réellement. Elle semblait prendre une fleur à forte odeur, qui ne paraissait pas lui plaire en vue de la grimace qu'elle avait tiré. Pourquoi diable cueillir une fleur qu'elle n'aimait pas ? Continuant de la regarder de son air blasé, il la suivit jusqu'à un endroit plus reculé de la forêt, dans une sorte de petite clairière. Deux pierres tombales s'élevaient fièrement parmi la végétation, dures et froides, abritant probablement un sombre passé. Si le félin s'attendait à cela.

L'enfant alla déposer la fleur entre les deux sépultures. Seth l'observait sans rien dire, assez mal-à-l'aise en réalité. Il ignorait comment se comporter dans un cas comme ici, sa présence était probablement dérangeante pour la petite. Cependant, il ne pouvait pas attendre ici sans rien faire de concret, il se décida donc à faire marche arrière. Lorsqu'il revint sur ses pas, il retrouva une fleur pareille à celle que la renarde avait prise pour se recueillir. La prenant entre ses dents, grimaçant au passage à cause des senteurs, il retourna auprès des deux tombes et plaça au même endroit que la deuxième, la plante qu'il était allé chercher. N'ayant rien d'autre à faire, il s'assit à côté de l'orpheline qui versait une larme en murmurant une phrase à l'intention d'un de ses parents décédé. Le luxray prit alors une grande inspiration et ferma les yeux, droit comme un i, laissant le silence envahir les lieux. La nature elle-même semblait s'être arrêtée d'agir, voulant laisser un instant de répit, le temps d'une longue minute de silence pour les deux défunts...

Une agitation à ses côtés fit remuer les oreilles du beau lion. La petite avait probablement fini de se recueillir, il allait donc commencer à ouvrir ses paupières jusqu'à ce qu'une douce chaleur lui caressa la joue. Il écarquilla les yeux suite à cette sensation qu'il n'avait pas ressenti depuis... Non, cette sensation qu'il n'avait jamais ressenti, aussi loin que ses souvenirs le lui rappelait. Celui que représentait généralement ce geste si anodin d'un baiser sur la joue.

« Merci d'être venu à mes côtés, Connor. Merci beaucoup. »

Cette sensation d'être reconnu. Il avait oublié ce simple mot : « Merci. » qui pouvait pourtant signifier tant. D'un petit sourire, l'evoli se détacha d'un Seth encore un peu perturbé. Ce n'était pas de ses habitudes de se laisser surprendre ainsi pour si peu. Enfin, si peu pour qui. Ce n'était pas tous les jours qu'il se laissait approcher à ce point. Et pourtant, il fallait croire que cette Herz avait le don de faire changer beaucoup de choses chez lui, à tel point qu'il ne se reconnaissait presque plus. Gracier une victime ? Limite. Sauver une enfant ? Passable. L'escorter jusqu'à Priméra ? Ça commençait à faire beaucoup. Se recueillir sur la tombe de ses parents ? Point de non-retour. Bien qu'il ne voulait encore l'admettre, il avait désormais un lien avec elle, qu'il le veuille ou non. Ça l'agaçait, mais c'était comme ça.

Il secoua la tête et posa son regard sur les poils marrons de la jeunette qui semblait se diriger vers un arbre, sans trop qu'il ne sache pourquoi. Un arbre avec une forme assez particulière quand on s'attarde dessus. Elle se tourna vers lui, un sourire de retour à ses babines :

« Ne bouge pas, je reviens ! J'ai quelque chose à t'offrir ! »

Sans écouter sa recommandation, il la suivit. Quelque chose à lui offrir ? À cette idée, il ne se sentit pas rassuré. Il refusait d'avoir de comptes à rendre et de recevoir un argent qu'il ne méritait pas. Argent d'une enfant, qui plus est. Se plaçant juste derrière elle, il observa le moindre de ses faits et gestes, guettant en même temps aux alentours, à l’affût du moindre invité surprise. Lorsqu'il reposa son regard sur elle, elle agitait sa patte sous un arbre, tentant d'agripper quelque chose, lui semblait-il du moins. Il vit son visage s'illuminer soudainement et remonter un petit coffret du bout de sa griffe. Elle usa d'une pierre lune pour ouvrir le boîtier et en saisir un sac en laine pour finalement lui tendre.

« Tiens, c'est pour te remercier de m'avoir sauvée tellement de fois, et pour rembourser l'argent que tu as perdu, en ne me tuant pas. »

Elle souriait bêtement tandis qu'il posait sur elle son regard blasé, au bord de l'exaspération. Ce qu'il craignait était arrivé, elle voulait lui donner de l'argent. Il ignorait encore combien, probablement une somme misérable qu'elle pouvait avoir eu en tant qu'argent de poche, donné de la poche de parents chérissant, voulant faire plaisir à leur fille avec quelques pièces et...

« 44 500 pokedollars, en espérant que ma tante n'est pas payer plus chère que ça... »

44 500 pokédollars ?! Il déglutit péniblement en entendant le chiffre. Jamais Ô grand jamais on ne lui avait proposé une tel somme, pas même la tante de l'enfant, bien qu'elle eut quatre zéros. Refuser autant d'argent pouvait lui être fatal, peut-être regretterait-il même. Mais n'oublions pas que Seth avait des principes. Il déclara donc d'une voix se voulant indifférente :

« La différence est que j'ai vendu mes services à ta tante. Si je t'ai sauvé c'est uniquement par pur charité. Je ne veux pas de ton argent. »

« Mais vous m'avez sauvé à plusieurs reprise ! Ce n'est même plus que pour ma tante ! Je dois dire que même tout cet argent n'est pas suffisant pour tous ce que vous avez fait pour moi... »

Il poussa un long soupire d'agacement. Comme il le craignait, la renarde tenait réellement à lui donner cet argent dont il ne voulait pas. Quel genre de pokémons pourrait accepter l'argent d'une orpheline comme ça ? Hormis les Renégats bien sûr, et encore... Alors qu'elle baissait la tête, il ouvrit la gueule pour commencer à protester à nouveau, mais la petite reprit de plus belle :

« Si vous ne voulez pas mon argent pour vous remercier, alors laissez moi vous le donnez contre un service ! »

Il la regarda en haussant un sourcil, interloqué. Un service disait-elle ? Qu'importait le service, il refuserait catégoriquement l'argent, c'était peine perdu. En revanche, pour se requête, il n'avait pas encore dit non. Voyant son sourire habituel s'afficher, il cligna des yeux :

« J'ai toujours rêvé d'avoir une Pierre Foudre, mais je suis trop faible pour aller en chercher. Et je ne fais pas confiance aux magasins ! »

Il hocha la tête brièvement en signe d'approbation sur sa dernière remarque. Il était vrai que certains marchands vendait de fausses pierres, ou parfois à des prix exorbitant. Il comprenait totalement sa méfiance et la partageait même. Lui, il savait où était les bonnes affaires, les vraies. Puis, il se figea. Une pierre foudre ? Cela signifiait, premièrement, qu'elle envisageait d'évoluer, c'était tout à son honneur. Puis, cela voulait aussi dire qu'elle souhaitait devenir une Voltali, un type foudre. Il ne pouvait donc que l'encourager sur cette voie, lui-même de ce type. Il ne put s'empêcher de laisser échapper un léger sourire, qui disparu aussi vite qu'il était apparu. Levant le menton vers le ciel, contemplant un instant les nuages l'air pensif, il reporta à nouveau son attention vers elle lorsqu'elle prit une fois de plus la parole, le laissant toujours dans le silence.

« Tu sais quoi, se n'est pas si grave ! Mais sache que je ferai tout pour pouvoir te remercier ! Parce que tout se que tu as fais pour moi, et bien y'a pas beaucoup de personne qui l'aurait fait ! »

Il ne comprenait plus trop vers quoi la conversation dérivée, mais cela ne l'enchantait pas. Il trouvait cela ridicule cette overdose de compassion et de reconnaissance, il commençait à être écœuré. Il refusait de recevoir tous ces bons sentiments, il ne les méritait pas. Il l'avait sauvé, deux fois même, mais cela ne signifiait rien pour lui. Il l'aidait à aller à Priméra, à se trouver une nouvelle famille, mais ça ne voulait rien dire. Rien, rien, rien. Tentait-il de se persuader.

« Je suis vraiment heureuse de t'avoir rencontré, Connor ! »

Ce fut trop lorsqu'elle fut retournée vers lui, son grand sourire niais collé à sa petite bouille. Le lion baissa la tête, impuissant, fuyant son regard. Comment diable cette petite pouvait-elle encore reconsidérer celui qui avait tenté de l'assassiner ? Comment pouvait-on être à la fois si naïf et... Gentil ? Il était loin le temps de la dernière fois qu'on lui avait montré autant d'attention, autant de considération, autant de tout ça. Il était faible désormais, désarmé, comme à nu, et déclara donc tandis qu'elle lui tournait le dos, ce qui l'arrangeait puisqu'elle ne pouvait pas voir son visage décomposé :

« D'accord. Je... Prends cet argent. Et tu auras ta pierre foudre. »

Quelle galère. S'il avait su qu'il aurait suffit d'une enfant comme ça pour faire un travail de son propre chef. L’Éclair Noir ? Tu parles. Sa crédibilité en prenait un coup, tout comme sa fierté. Il attrapa le petit sac de toile rempli d'argent et enroula la ficelle autour de son cou. Certes il prenait l'argent, mais pas pour lui. Dès lors qu'ils seraient à la Capitale, il ouvrirait un compte en banque au nom de la evoli et y déposerait tout ça. Pour une fois, ce n'était pas à contrecœur qu'il se séparait d'une belle somme de monnaie, aussi étrange cela puisse paraître.  

« A ton avis, Connor, je vais tombé sur quelle genre de famille ? »

Il commença à marcher, haussant des épaules en passant à côté d'elle :

« Je l'ignore. On avisera sur place. J'essaierai de faire en sorte que tu sois dans une bonne famille, des gens pas trop louches. »

« J'espère vraiment avoir une famille gentille... Avec peut-être un garçon de mon âge, ça pourrait-être sympa ! »

Il roula des yeux. L'innocence de la petite pouvait être assez mignonne, selon les points de vue. De celui de Seth, elle était plutôt ridicule, mais il se passa de commentaire.

« Excuse moi, Connor, ça ne doit pas t'intéresser... »

« En temps normal, ça ne devrait pas m'intéresser. Mais étant donné que c'est à moi que revient le choix de la famille dans laquelle je vais te déposer, je suppose que je n'ai pas le choix. Je verrai pour que tu aies un frère ou une sœur au moins, afin que tu ne sois pas toute seule. »

Le lion marchait d'un pas assez lent en direction de Priméra. Il était pressé de placer l'enfant entre les pattes de quelqu'un d'autre, mais n'était pas réellement enchanté de se rendre dans la capitale : il y serait très mal vu. Certains passants, notamment des marchands, risquaient de le reconnaître, à vrai dire. Il en avait l'habitude, en quelques sortes, mais c'était toujours désagréable d'être criblé de regards mauvais. Il méprisait les primériens autant que les renégats, mais devait bien se résoudre au fait que la petite Herz y serait comme un poisson dans l'eau.

Il jeta d'ailleurs un coup d’œil à cette dernière. C'était incroyable de se dire qu'il avait fait tant de choses pour elle, il n'en revenait même pas. Elle était pourtant une enfant comme une autre, naïve, pleurnicharde, niaise et un peu maladroite. Chiante, sur les bords. Seulement, c'était Herz. La Herz qui avait carrément forcé Seth à prendre une somme d'argent considérable, à le surprendre, à l’attendrir (ce dernier point était probablement celui qu'il supportait le moins). Ca l'énervait d'ailleurs, mais c'était comme ça. Incompréhensible.

« Connor, je sais chez quel famille je pourrais aller ! C'est un couple de Feunard qui avait voulut m'adopter après la mort de mes parents, mais qui n'avaient pas réussis à cause de ma tante ! Je suis sûr qu'ils s'occuperont bien de moi! Enfin, si ils m'acceptent... »

Il prit un air songeur, pesant les mots de l'evoli. La situation prenait une tournure qui arrangeait très bien le fauve, il n'aurait pas à entamer des recherches pour une famille bienveillante qui accepterait une enfant inconnue dans son foyer. Si elle les connaissait, alors elle n'aurait aucun mal à expliquer le pourquoi du comment.

« Ce serait parfait. Je pense qu'ils t'accepteront, crois-moi. Dépêchons-nous d'atteindre la capitale.»

Qui n'accepterait pas une pauvre orpheline sans famille ni toit ? Personne, encore moins des primériens. La preuve, même le Luxray s'était occupé d'elle le temps d'une journée, un exploit pour lui. Rares étaient les instants où il était attentif à quelqu'un d'autre que lui. Rares ou inexistants. Il commença à presser le pas en levant les yeux aux ciels pour voir la position du soleil. Il déclara de façon un peu évasive :

« Nous sommes en milieu d'après-midi, mais arriver le plus tôt sera le mieux. Je suppose que tu es pressée de rejoindre ta nouvelle famille. »

« Connor... »

La façon dont elle l'appelait, c'est-à-dire un peu intimidée, l'étonna. Bon, il était naturellement intimidant, c'était sa nature, comme pour tous les Luxrays. Mais après tout ce qu'ils avaient entre autres vécus, elle n'avait plus vraiment raison de l'être. En fait, cette idée déplaisait au lion, mais c'était vrai : elle n'avait plus à avoir peur de lui. Elle se racla la gorge pour enchaîner :

« Comptes-tu reprendre ton ancien... »

Elle marqua une pause, sans que le mâle ne comprenne vraiment pourquoi. Un peu dans le vague, il ne réalisa pas tout de suite ce qu'elle lui demandait.

« ... Métier ? »

Cette fois-ci, Seth s'arrêta net d'avancer, fixant l'enfant d'un air assez indéfinissable. Il avait l'air calme à vrai dire, droit, la respiration régulière, aucune agressivité ou froideur apparente. Juste paisible. Il lâcha finalement un long soupir et déclara doucement :

« Herz. »

Il marqua une courte pause pour lever la tête et regarder l'horizon, l'air un peu absent.

« Je suis fait pour être mercenaire. C'est une voie que j'ai choisi, je fais ça depuis bien trop longtemps pour espérer devenir un jour un citoyen honnête ou quoique ce soit d'autre. »

Il reprit sa marche en faisant signe à l'enfant de le suivre. C'était peut-être dur à concevoir pour elle que quelqu'un soit obligé de tuer pour vivre, mais c'était ainsi. Elle devait pourtant connaître la cruauté de la vie en ayant côtoyé des renégats pendant tout ce temps.

« Si ça peut te rassurer, je ne tue pas par plaisir, comme les Marchombres. Les missions d'assassinats sont d'ailleurs celles que je choisis en dernier recours, lorsque je n'ai plus d'autre choix.»

Il restait assez évasif dans sa réponse, essayant au mieux de la rassurer sans rentrer dans les détails. Il ne voulait pas qu'elle le voit comme un monstre, tuant de sang-froid. Mais il ne voulait pas non plus qu'elle en sache trop sur lui. S'ouvrir à elle était bien ma dernière de ses volontés, elle n'avait pas à connaître son passé, tout comme il n'avait pas à connaître le sien. Mieux valait se concentrer sur le présent, et le futur à construire.

Priméra était enfin devant eux, les grandes portes de la capitale ouvertes. D'un pas assuré, le lion pénétra l'enceinte de la ville, sans se soucier du regard méprisant des gardes. Déjà deux pokémons qui semblaient le connaître, génial. Il murmura doucement à l'intention de Herz :

« Est-ce que tu arriverais à te souvenir de l'endroit où ils vivaient ? »

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