Envoyé vers l'inconnu.
L'après-midi était bien entamé, et Koji venait de terminer un entraînement, toujours au même petit dojo près du campement des chevaliers. Alors qu'il y revenait pour faire une petite pause, un supérieur l'aborda, lui imposant une tâche mettant au profit sa vitesse de vol et sa discrétion. Il lui fallait partir en repérage sur les Terres Désolées, territoire faisant cependant partie intégrante du Royaume Renégat. On lui a ordonné d'aller vérifier si l'activité du royaume de la Reine Noire s'étendait jusque là. Les Terres Désolées sont normalement un lieu silencieux, triste et peu fréquenté ; elles ne présentent pas un danger imminent pour Primera, malgré leur proximité. Si les Terres Désolées venaient à s'urbaniser, il faudrait s'en méfier. A ce moment, seuls les alentours du Château Obscur étaient dangereux, du fait de la présence très élevée des renégats. Mais que se passerait-il si le peuple de l'ombre venait à profiter de toute la superficie du territoire ? Cela poserait probablement problème. Le pokémon Eon comprenait parfaitement la légère crainte éprouvée par son supérieur.
Ainsi le Latios dit adieu à sa petite pause, et partit avec hâte dans la direction du malheureux lieu qu'il devait aller observer de plus près.
Deux univers différents.
Sur la route, le paysage changeait du tout au tout. Il était impossible de ne pas remarquer des différences flagrantes telles que la couleur de l'herbe, tout simplement. Aussi étrange que cela puisse paraître, même le climat semblait changer au fur et a mesure que Koji se rapprochait du Royaume ennemi, le ciel bleu se parant de gros nuages gris peu rassurants. Le Latios n'allait pas souvent au sein du Royaume Renégat, mais quand il était contraint à y passer, il était chaque fois surpris par le contraste important entre ce triste royaume et le sien. Aussi, il ne pouvait s'empêcher de penser à son vieil ami Keith qui devait toujours y vivre. Comment pouvait-il supporter cet environnement ? Koji se le demandait.
En arrivant, le Latios rabattit sa capuche sur sa tête. Même si sa silhouette en disait beaucoup sur son identité, il voulait éviter qu'on le reconnaisse, ou du moins que l'on voie complètement son visage. Et à titre humoristique, s'il venait à pleuvoir, ce sera fait, ha !
De la couleur dans ce monde négatif.
En commençant la mission qui lui était confiée, Koji constata que les Terres Désolées portaient parfaitement bien le nom, et que la description sinistre que de nombreux dressaient à partir d'elles leur correspondait merveilleusement bien. Une plaine au sol noir qui semble s'étendre à perte de vue, de grandes collines sombres, de quelques gros rochers par-ci par-là ... Koji avait hâte d'avoir fait l'état des lieux pour repartir faire son rapport, mais il savait qu'il n'en était qu'au début de sa mission. Par chance, vu comme le lieu est désert, il n'aurait de problème avec personne.
Malgré l'atmosphère pesante de l'endroit, et le fait qu'il soit enfin au sein du Royaume qu'il déteste tant, le Latios tentait de garder un air guilleret comme à son habitude. Il volait doucement pour ne manquer aucun détail au sol, et soufflait une douce mélodie qu'il avait entendu il y a peu.
Quand tout à coup, le Latios a remarqué une "tâche colorée" au sol. Au début, il a cru halluciner, mais il y avait bien une petite charrette comportant quelques bouquets de magnifiques fleur ici-bas. Et quelqu'un, une Banshitrouye, sans doute sa propriétaire. Curieux, Koji s'est approché sans bruit. Alors que quelques mètres distançaient encore les deux individus, le pokémon Eon pouvait entendre la citrouille marmonner ou chantonner elle aussi. Peut-être même qu'elle parlait toute seule. Il n'osa pas s'approcher davantage, la trouvant un peu suspecte. Elle pouvait être une renégate, et Arceus sait qu'ils ne sont pas commodes. Mais elle pouvait tout aussi bien être de passage, et auquel cas, elle pourrait peut-être fournir quelques informations intéressantes à Koji à propos du Royaume Renégat.
Il fallait que Koji fasse un choix, engager une conversation au risque d'y trouver des ennuis ou partir aussi vite qu'il est arrivé. En vérité, il n'avait rien à perdre à tenter de dialoguer. Mais ... La question était: par où commencer ? Il décida finalement de s'approcher un peu plus, de descendre à côté d'elle ou presque. Sous sa capuche se cachait un visage un peu crispé, qu'il tentait de cacher au maximum. D'un ton neutre, il déclara alors:
- Bien le bonjour, gente dame. Je n'aurais jamais pensé rencontrer quelqu'un transportant de si jolies fleurs dans un endroit aussi déprimant. Elles égaieraient presque le paysage.