De la glace dans une terre de feu [PV Cromwalldo]

Mais que venait-elle faire sur ces terres ? Elle aurait pu rester au frais dans les neiges éternelles, lieu qu'elle préférait, mais non, elle avait décidé d'arpenter les Terres de feu. Il fallait dire qu'elle s'était aventurée dans des environnements qui n'étaient pas très favorables pour elle … Comme parfois. Elle n'avait pas eu la jugeote de réfléchir comme elle le faisait habituellement. Mais de toute manière, elle devait surveiller toutes les terres pour être sure que sa famille biologique ne revienne pas. Alors, elle affronterait la chaleur pour surveiller que personne d'indésirable n'était venu. Elle ne voulait pas les revoir, en même temps, elle ne voulait voir personne. Elle aurait aimé que Feunard et Goupix soient encore là … Mais ils avaient péris à cause des siens, elle devait rester seule pour expier la faute des siens. Oui, c'était peut-être débile, mais elle raisonnait ainsi. Mais ces terres de feu lui rappelaient les sourires de sa famille d'accueil. Elle ne voulait pas se souvenir des mauvais moments, seulement des bons, mais malheureusement, seuls les moments tristes revenaient. Elle avait envie de pleurer, mais cela faisait longtemps que ses larmes ne coulaient plus.

Elle continuait sa marche sur ce sol aride et si chaud, sans la moindre végétation et sans air. Elle avait l'impression d'étouffer … Oh mais pourquoi était-elle venue en ces lieux ? Elle aurait du rester là où elle se sentait bien ! Enfin, ce qui était fait était fait, elle devait finir sa traversée pour trouver une terre moins hostile. Elle avait mangé et bien bu avant d'aller sur ces lieux, heureusement. Elle aurait pu en souffrir d'autant plus. Son pas était de plus en plus tremblant. Elle savait qu'elle devait trouver de l'eau pour se revigorer, et pourquoi pas à manger …

C'est là que le miracle fut …

Elle vit au sol quelques baies sitrus. Elles étaient comme semées, comme si quelqu'un avait marché avec un sac d'où elles étaient tombées. Au début, elle pensa à un piège, mais il n'y avait vraiment personne dans les parages. Elle en prit une et s'éloigna prudemment, en surveillant autour d'elle. Non, il n'y avait personne. Elle en profita pour manger la baie, oubliant de surveiller autour d'elle … Elle aurait du se méfier plus que cela …

Des bruits de pas la fit se relever et elle vit une fumée qui se rapprochait d'elle. Elle resta immobile, à essayer de deviner ce qui se rapprochait. Mais quand elle vit que c'était une horde de ponyta qui se précipitait vers elle, elle englouti le reste de sa baie, puisque qu'elle était trop gourmande pour la laisser, puis, elle se mit à courir. Elle les entendait se rapprocher, et elle, elle souffrait de plus en plus. Elle avait du mal à respirer, et sentait ses jambes à la limite de se dérober. Ils étaient trop nombreux pour qu'elle puisse s'attaquer à eux … Dans sa course, elle ne regarda pas où elle allait, et elle se retrouva près du volcan, bloquée par une impasse. Elle se retourna, essoufflée. Les ponytas étaient devant elle, et semblaient plutôt en colère. Yuki regarda partout, mais elle n'avait pas d'issue. Elle n'aimait pas se battre, et ils étaient trop nombreux, et elle trop faible. Elle tenta quand même un laser glace … Qui fut inefficace. Elle aurait du s'en douter, le feu est plus fort que la glace. Le plus grand des ponyta avança et lui adressa la parole.

« Tu as mangé notre baie. »

Elle ne répondit pas. Malgré la situation, elle ne semblait pas apeurée, au contraire, à par son essoufflement, rien ne laissait à penser qu'elle était terrifiée. Pourtant, elle sentait sa faiblesse et savait que, si ces ponytas décidaient de l'attaquer, elle ne pourrait rien faire. Elle ne répondit pourtant pas.

« Tu te moque de nous ? Pour qui te prends tu avec tes grands airs ? »
« Si vous aviez fait attention, il n'y aurait pas eu ces baies sur le sol, les fautifs, c'est vous. »

Oui, la diplomatie, ce n'était pas son fort, et elle vit la colère des ponytas. Pourtant, elle ajouta :

« Et puis, une de plus, une de moins, c'est pas grand chose pour vous non ? »

Là, elle su qu'ils allaient lui faire sa fête, les voyant taper sur le sol. Elle resta fière, à les défier du regard. Elle savait qu'elle était en tort, mais elle ne l'avouerait jamais.

Armaldo avait entendu dire que son espèce avait été l'une des premières à avoir quitté l'océan pour tenter la vie sur la terre ferme. Quelle perte de temps! Cette chaleur était insupportable! Grodoudou devait probablement en souffrir encore plus que lui, mais il ne le laissa pas paraître, tandis qu'ils foulaient du pied la cendre des terres de feu. Cromwalldo tenta de se remémorer la raison qui les avait poussé à venir dans un territoire aussi naturellement peu accueillant.

« Le peuple Ponyta est très fier. C'est une horde, constamment en déplacement, évitant tout contact avec les différents royaumes. Ils ont un esprit très farouche, et une culture très attachée à l'idée de liberté. Jamais ils n'accepteront un seigneur, dussent-ils mourir pour leur liberté. Ce sont des guerriers de grande valeur, on peut compter sur leur sens de l'honneur et leur vaillance. Avec de la chance, on pourra en faire nos protecteurs. Avec ton talent, on pourra en faire nos concitoyens...»

Beaucoup de bla-bla. Pas que Cromwalldo discutait les connaissances de Grodoudou, il respectait son mentor et sa sagesse, mais son expérience en tant que soldat lui avait appris le large fossé entre l'érudition et l'expérience. Les définitions avaient tendance à refléter des règles générales et non pas la complexité de la réalité. Grodoudou avait, dès le départ, été très optimiste quant à cette campagne diplomatique dans les terres de feu. Quand Cromwalldo vit la horde se masser autour d'une Givrali à l'air présomptueux, il eut immédiatement l'instinct du contraire.

*Aïe...*

Cromwalldo n'attendit ni instruction ni approbation aucune. Il se jeta en avant, devalant les collines de cendre. Sans même que les Ponytas puissent le remarquer, il s'était déjà frayé un passage au centre de l'attention et avait dévié la course du leader. Les deux chefs s'ecroulerent dans la cendre, côte à côte, pince contre sabot. Dans sa tête, Cromwalldo entendait déjà les brimades de son associé: cela ne faisait pas cinq minutes qu'il avait rencontré le peuple qu'ils cherchaient et déjà il avait réduit leur chance à néant! Ils devraient s'estimer heureux s'ils parvenaient à s'en tirer indemne! Oui, Cromwalldo savait bien tout cela, il savait ne pas avoir assez réfléchi... Mais qu'y pouvait il? Cromwalldo était un pokemon d'action, poussé par l'insinct. Il avait senti quelque chose dans cette Givrali culottée osant s'opposer à une harde toute entière. Et si c'etait elle qu'il était venu chercher et pas les chevaux de feu? Non, vite, revenir à la réalité, ne pas se laisser envahir par les pensées...

Armaldo se releva le premier, dans l'expectative de la réaction du Ponyta. Allait-il déchaîner son ire contre lui? Ou bien allait-il, en bon barbare, reconnaître la valeur de sa témérité? Ponyta se leva, et poussa un rire gras et bruyant. La tension et la chaleur firent perler une goutte de sueur sur la tempe de Cromwalldo.

Alors que les Ponytas avaient décidé de charger, Yuki sentit ses jambes l'abandonner, elle ne pouvait plus bouger à cause de la chaleur et, il fallait l'avouer même si elle n'aimait pas, de la peur. Elle resta droite et fière, et attendit. Le sol tremblait sous le martèlement, et elle sentait la chaleur envahir son corps, habituellement froid. Elle n'aurait vraiment pas du venir ici, c'était courut d'avance qu'elle aurait eu des soucis, en même temps, avec son caractère, elle en avait parfois. Elle ne savait pas s'excuser, ni même transmettre le moindre regrets sur ce qu'elle avait fait. Aussi, elle savait que les ponytas allaient la mettre vraiment, mais vraiment, mal en point. Elle resta à observer leur chef droit dans les yeux.

Mais elle vit un autre pokemon modifier la course des ponytas. Elle eut des yeux surpris pendant une seconde, avant d'observer ce qui se passait, sans vraiment savoir d'où venait ce pokemon. C'était un Armaldo, mais qu'est ce qu'il faisait ici ? Et pourquoi il avait réagit ainsi ? Yuki n'aimait pas être en redevance d'un autre pokemon, et là, elle était dans cette situation. Elle fronça les sourcils mais resta où elle était, à observer ce qui se passait. Elle n'avait pas vraiment compris ce qui venait de se passer, mais elle savait qu'il l'avait sauvé. Elle observa autours d'elle et vit un peu plus loin un Grodoudou. Ils étaient deux ? Mais pourquoi étaient-il dans ces terres hostiles … Oui bon, elle pouvait se retourner la question, mais elle, elle savait ce qu'elle était venue faire.

Elle bougea un peu en voyant que son sauveur et le chef des ponytas étaient tombés. Elle ne savait pas vraiment quoi faire, fuir … Non, ce n'était pas loyal vis à vis de son sauveur. Elle n'agirait pas ainsi. Elle pouvait aussi aller s'excuser … Non, elle était trop fière. Elle se contenta d'avancer un peu tout en restant à distance respectable pour que le ponyta ne le revoit pas et n'ait pas envie de finir ce qu'il avait voulut commencer. Elle les vit se relever et entendit le rire du ponyta chef. Elle ne recula pas, et observait avec attention ce qui se passait. Elle vit une pierre à côté d'elle et alla se cacher derrière, voyant que le ponyta ne semblait plus autant en colère que lorsqu'il était face à elle.

Elle n'entendait pas ce qui se disait, mais elle les vit partir. Elle resta cachée pour ne pas raviver le sentiment de colère du chef, qui passa un peu plus loin que là où elle se trouvait. Une fois qu'il fut assez loin, elle sortit de sa cachette. Elle les observa s'éloigner au galop et se tourna vers son sauveur. Elle n'alla pas le voir, restant impassible. Elle ne le remercierait pas de bon cœur, mais elle devait bien le remercier quand même, il lui avait peut-être sauvé la vie. Elle se dirigea d'un pas lent, mais sur d'elle, vers lui. Une fois à sa hauteur, elle resta sans rien dire. Il était un pokemon, elle n'avait pas de raison valable de lui faire confiance. La trahison est présente partout, même chez ceux qui semblent honnêtes. Elle eut pourtant une petite voix, mais son regard était évasif et elle ne le regardait pas.

« Merci ... »

Puis, elle fit demi tour et commença à partir. Qu'est ce qu'elle pouvait faire d'autre, elle n'aimait pas la compagnie, ni même la présence d'autres pokemons.

Le rire du Ponyta barbare sembla retentir une éternité entière. Pourtant il finit par prononcer ces mots:

« Tu as du cran l'insecte! Je respecte cela! Rien que pour cela, je te laisse la vie sauve. Allez les gars, on cavale!»

Un dernier regard -d'amitié? de défi? qui aurait pu le dire?- et ils étaient déjà repartis, aussi vite qu'ils étaient venus. Grodoudou, qui rejoignait enfin l'Armaldo, se mit à pester.

«Bravo Cromwalldo! Une semaine que nous voyageons vers ces terres, cinq minutes pour gâcher toutes nos chances de recruter les Ponytas! Splendide! Nous n'avons plus qu'à retourner à Daetsemoh!»

Et bla et bla et bla. Cromwalldo avait bien vite arrêté d'écouter le discours de son mentor. Avec la Givrali qui repartait la queue entre les pattes -elle s'était défilée avec un simple merci- il fallait prendre une décision, et vite, sur qui suivre. Le soldat protecteur l'emporta sur l'ambassadeur intéressé. Prestement, il coupa la route à l'intrus. Si Grodoudou voulait vraiment arranger les choses avec les Ponytas, qu'il le fasse lui-même.

«Eh! Quoi, tu penses pouvoir t'en tirer aussi facilement?»

Un temps. Sans s'en rendre compte, Cromwalldo avait laissé l'animosité teinter sa voix. Il avait certes ses raisons. Cette Givrali gachait bel et bien ses plans. Libertalia avait besoin de troupes de défense de toute urgence. Prise entre deux royaumes puissants et potentiellement hostiles, la principauté ne survivrait pas bien longtemps sans renforts. Sauver la Givrali avait fait du bien à son sens de la justice, mais le plaçait dans l'embarras. Le clan des Ponytas correspondait exactement au type de populations susceptibles d'être intéressées par ses projets. Un échec dans les négociations deploierait une ombre bien sombre sur l'avenir de Libertalia. Toutefois, Cromwalldo se rappela de ses obligations de courtoisie en tant que leader, s'éclaircit la voix, et rendit celle-ci moins agressive.

«Mes excuses. Mais je ne comprends pas ce que vous faites par ici. Sans doute me mêle-je de ce qui n'est pas sous mon autorité mais... Je ne peux pas vous laisser vagabonder en ces terres hostiles seules. Vous avez bien failli déclencher une guerre privée avec cette tribu. Vous laisser vous balader seule par ici aurait des conséquences fâcheuses. Je n'ai guère le choix: Considérez, faute de mieux, que vous êtes ma prisonnière.»

Aïe. Était-ce vraiment ce qu'il voulait dire? Pour la maîtrise de soi, on repasserait. Même si ses attributs naturels devaient tout de même faciliter l'exécution d'un ordre aussi outrageux. Trop tard pour flancher maintenant. Soit cette Givrali acceptait de coopérer, soit... Eh bien il semblait préférable de penser que cette hypothèse était la bonne.

Coucou, on attend une réponse ici. (: