Dans ce village paisible ... [PV Koji]

La vie suit son court quoi qu'il arrive, à ce qu'on dit. Pourtant pour certains, la vie s'arrête brutalement, par choix ou par obligation. Par décision arbitraire d'un autre ou par intervention dite divine. La vie ne continue pas quoi qu'il arrive. Et cela, Svum l'a compris il y a longtemps. Il a connu, il a vu, il a vécu. Il sait et survie avec ça.

C'est le début de soirée. Le jeune dragon marche maintenant doucement, fatigué de sa journée. Il a couvert un bon bout de chemin encore aujourd'hui, il est plutôt satisfait. Il s'habitue progressivement à devoir se déplacer en marchant pour toujours. Même si cela lui brise le coeur. Enfin non. Disons que ça le rend plus triste qu'il ne l'est déjà.

Un peu plus loin, le pokémon peut apercevoir un village. On dirait qu'il va pouvoir se reposer tranquillement pour une fois. Il surveillera ses arrières, comme toujours. Mais moins que lorsqu'il dort à la belle étoile. Ca ne peut que lui faire du bien, il a des forces et du courage à reprendre.

Quand il arrive finalement, c'est pour se rendre compte qu'il n'est pas forcément le bienvenue. Les habitants sont rares dans les rues, les volets se ferment rapidement aux maisons. Ont-ils peur de lui ? Les regards qu'ont lui lance pourtant ne semblent pas forcément méchant, au contraire.

Svum se doute alors que ce comportement n'est pas spécifique à son arrivée. Les temps doivent être un peu durs certainement. Il se dirige donc plus serin vers le bâtiment qui semble faire office d'auberge. Si il peut avoir un bon lit pour la nuit, il n'est pas de refus. Mais il se stoppe en entrant. Il n'a rien pour payer. Rien pour échanger.

Finalement, il entre doucement. Des regards se tournent vers lui directement, un petit silence s'installe. Il distingue des Gravalanches, des Colossinges, et même dans un coin, un pokémon qu'il ne put voir correctement. Puis petit à petit, l'ambiance reprend son droit et l'attention est détournée de ce jeune Libégon. Svum s'avance pour faire face à un imposant Capidextre. Il ne fait pas de doute qu'il est le patron ici, vu son attitude.

« Ce que je peux faire pour vous ?»

« Sauriez-vous ou je pourrais passer la nuit s'il-vous-plait ?»

« T'es dans une auberge mon p'tit gars. »

« C'est que je n'ai rien pour payer voyez-vous. »

« Bah, pas de prob' p'tit gars. J'ai bien un coin pour toi.»

« Non non ! Ne vous en faites pas -»

« Ta-ta-ta. J'va te donner un lit, mais j'ai plus de chambre. Si ça te dérange pas d'être sous les étoiles, j'ai un truc pour toi p'tiot.»

« Je ne veux pas déranger vous savez ...»

« Pas de prob' mon p'tit gars. Va derrière.»

Après divers remerciements, Svum se dirige à nouveau vers l'extérieur. Heureusement, y a encore des gens serviables en ce monde ! Voilà de quoi redonner un semblant de sourire à notre petit Dragon Tourmenté. Il n'a pas remarqué cependant les regards sur sa personne lorsqu'il est sorti.

Encore haut dans le ciel, le soleil entame sa chute.
Comme à l'accoutumée, Koji réserve ce moment de la journée pour s'exercer à utiliser ses dagues. Les chevaliers disposent de toute une salle pour s'entraîner à maîtriser leurs armes, mais si le Latios s'y rend chaque fois en début de soirée, c'est bien parce que très peu de monde voire personne n'utilise le matériel ni la pièce a ce moment là. Koji n'aime pas être observé pendant l'entraînement, c'est pour lui un poids qu'il n'aime pas supporter. Evidemment, il est conscient de ses aptitudes, et sait très bien qu'il manie ses dagues avec une dextérité dont seuls peu sont dotés, mais Koji a du mal à apprécier être constamment observé pendant un exercice. D'autant que c'est pendant cet unique moment que le Pokémon Eon préfère retirer sa veste qui fait pourtant son charme. Il est hors de question pour lui de devoir transpirer avec son vêtement sur le dos.
Cette fois-ci, l'entraînement de Koji vise a améliorer sa précision. Il voulait être capable de trouver rapidement les points faibles de ses adversaires pour les transpercer d'un coup de dagues, et ainsi infliger une blessure mortelle. Après avoir dispersé des mannequins de bois de taille et forme diverses à travers toute la salle, le Latios s'est mis au travail. Pendant cet exercice, son imagination joue un rôle crucial et pour cause, les victimes de bois étant inanimées, il faut que Koji leur attribue l'apparence de Pokémon et leur imagine un talon d'Achille. C'est une tâche un peu ardue car malgré les nombreuses qualités du Pokémon Eon, l'imagination sur-développée n'en fait pas partie. Ainsi l'entraînement du jour a bien épuisé Koji, car il lui aura demandé beaucoup de concentration non seulement pour améliorer sa précision, mais aussi pour faire travailler son imagination. Et Arceus sait que les jeux cérébraux sont des plus exigeants.

L'entraînement se termine ...
Quand il est tard comme ça, il y règne dans le dojo une certaine atmosphère, agréable. Les derniers rayons du soleil se reflètent sur le parquet de la pièce, donnant à cette dernière une magnifique teinte ambrée, et un aspect mielleux très joli. Le Latios s'est retourné une dernière fois pour observer ce décor, et c'est à ce moment qu'il porta attention aux quelques affichettes plaquées au mur par les chevaliers de plus haut rang: des avis de recherche. Il a examiné consciencieusement chaque des fiches, et a mémorisé chaque nom. Kylian, Svum, Tyran. Chacun de ces prénoms sont désormais ancrés dans la mémoire du Latios.  Ce dernier quitte alors ce que l'on pourrait appeler le dojo royal avec un visage neutre qui signifie néanmoins beaucoup. Ces Pokémon, Koji ne les apprécie pas. Il ne les connaît pas, mais ils mettent Primera en danger, voilà quelque chose d'insupportable. Si jamais l'un de ces hors-la-loi venait à croiser le chemin du Latios, il n'y a presque aucun doute quant l'issue de la rencontre. Un affrontement probablement mémorable.

Après l'effort, le réconfort.
Libre là dehors, Koji s'est dirigé vers un petit lac pas si connu des Primeriens. Son eau fraîche et cristalline le rendrait pourtant très populaire, mais il semble que les quelques personnes qui en connaissent l'existence préfèrent la garder secrète afin de ne pas troubler la tranquillité et la beauté du lieu.
Arrivé au bord de l'eau, Koji a posé délicatement sa veste qu'il tenait avec son bras droit depuis la fin de son entraînement. Puis, d'un mouvement rapide, il a plongé dans cette l'eau pure. Il est resté sous l'eau de nombreuses dizaines de secondes avant d'en ressortir: retenir sa respiration ne lui pose pas de soucis. Désormais tout trempé, Koji s'est allongé sur le ventre juste à côté de là où il avait précédemment posé sa veste. Il s'est reposé quelques minutes, seul, et a séché directement grâce aux doux rayons du soleil couchant. Ce petit moment l'a bien relaxé, et, une fois tout sec, Koji a enfin enfilé sa veste. Et le voilà reparti ! Sans idée particulière en tête, Koji s'est rapidement envolé vers la campagne Primerienne.

"Professeur Koji et l'étrange village ..."
A peine Koji eut-il atteint le Village du Voyageur -dont il avait déjà entendu parler mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion de visiter jusqu'alors- qu'il fut transporté par une sensation étrange le mettant mal à l'aise. Les volets des quelques maisons sont fermés. Les villageois ne sont pas de sortie. Le village semble désert. C'est assez déçu que Koji constate que ce territoire de Primera ne semble pas respirer la joie de vivre. Mais cela ne l'empêche pas de s'y aventurer. Peut-être trouvera t-il quelqu'un quoi lui expliquera pourquoi tout est si calme ? On croirait que le temps s'est arrêté, ici ...
Et finalement, a force de voleter dans les rues vides du Village du Voyageur, Koji est tombé sur une auberge où il semblait y avoir de l'ambiance. Enfin ! Le Latios s'y est rapidement dirigé, tout content de sa trouvaille. Il y est rentré comme si ne rien était, il ne semblait pas déranger. Quelques Pokémon d'apparence peu commode comme des Colossinge l'ont regardé de travers avant de reprendre leur partie de cartes. Mais il ne faut pas se fier aux apparences et ça, Koji le sait bien. Et malgré sa envie folle de crier quelque chose du genre "BONJOUR TRÈS CHER PEUPLE PRIMERIEN" à travers toute la taverne, comme il lui arrive de faire dans ses moments de grande euphorie, il s'est retenu. Après réflexion, attirer l'attention dans ce village qu'il juge déjà assez particulier ne lui semble pas être une option intéressante. Il s'est simplement rendu au comptoir, où l'aubergiste, un Capidextre, l'a accueilli relativement chaleureusement.

- Bonjour mon garçon. Tu veux quelque chose ?
- Un jus de baie Mangou m'ira très bien, si vous avez.
- Malheureusement nous n'en avons plus. Mais si t'aimes les boissons sucrées j'ai de quoi faire un jus de baies Stekpa. Il m'en reste quelques unes.
- Volontiers, merci beaucoup.

Malgré la gentillesse du patron et le fait qu'il tutoie Koji, ce dernier a préféré conserver la forme du vouvoiement, plus solennelle et digne de son rang. Le Latios a alors choisi de régler directement pour son jus de baies, et est parti s'installer sur une petite table d'un place afin d'être tranquille. Il a rabattu la capuche de sa veste sur sa tête, faisant passer ses fines oreilles à travers avec un peu de peine cette fois-ci. Sa capuche lui permet d'observer discrètement la population du village, mais mis a part ces quelques joueurs de carte, il n'y a personne de vraiment particulier.

- Ton jus de baie Stekpa p'tit gars. Eh, si j'peux me permettre, mettre une capuche en intérieur n'est pas très ... euh ...
- Ah, désolé, je ne voulais pas déranger. Je l'enlève de suite. Merci pour le jus de baie mon brave.
- Un plaisir. Si t'as besoin d'autre chose tu d'mandes mon garçon !
- Entendu, merci encore.

Koji a commencé à siroter son jus de baie tranquillement. Quand peu de temps après, un individu très, très particulier a fait son entrée. Un Libegon est rentré. Il semble timide et hésitant. Ce pokémon a tout de suite attiré l'attention de toute l'auberge de par son comportement, celle de Koji comprise. Mais alors que les clients relâchent leur attention, le Latios, lui, continue de fixer le dragon vert, intéressé ... Et perturbé aussi. La queue du Libegon, enfin son bout tout du moins, est vraiment étrange. On la croirait ... métallique ? Artificielle ? C'est très très bizarre. Et ces quelques blessures qui ressortent par-ci par-là sur son corps ... Koji commence vraiment à trouver ce pokémon louche.
Soudain, il s'est rappelé des avis de recherches affichés au dojo. Svum, un Libegon, est actuellement recherché pour séquestrations et meurtres. Et à y regarder de plus près, Koji a trouvé quelques ressemblances entre la photo sur la fiche et ce Libegon si unique en son genre. Mais d'un côté, le Latios se dit aussi qu'il imagine probablement des choses qui n'ont pas lieu d'être. Ce pokémon est louche. Mais est-il pour autant un meurtrier ? Voilà le genre de question typique qu'il ne faudrait pas poser en public, tiens.
Koji écoute la discussion entre le patron de l'auberge et le dragon vert avec attention. Le Libegon aimerait passer la nuit ici, mais n'a pas les fonds nécessaires pour se payer une chambre. Et de toute façon, de ce que Koji a compris, les chambres sont toutes prises. L'aubergiste a fini par proposer au dragon de dormir à l'arrière de l'auberge, à la belle étoile, tout en lui mettant un lit a disposition. Voilà quelqu'un de très généreux, dont l'acte noble a pour effet de faire grandement sourire de Latios.
Après quoi, le Libegon est sorti. Koji le suit toujours du regard ... Mais pas que.

Un intérêt ?
Certainement. C'est difficile à dire, mais Koji est vraiment intéressé par cet étrange individu, qui qu'il puisse être. Koji a quitté sa table quelques secondes après la sortie du Libegon. En sortant, il a salué silencieusement mais respectueusement le gérant. Et enfin, il se retrouve derrière le dragon vert, en pleine contemplation face au crépuscule.

- Excusez-moi mon bon monsieur, tout va bien ? Je me mêle probablement de ce qui ne me regarde pas mais ... Vous êtes blessé à la queue ?

En voilà une façon bien banale d'engager une conversation. Mais Koji aimerait savoir. Lui même ne sait pas tout à fait pourquoi il s'intéresse autant à ce Pokémon. Il se demande sans nul doute qui peut bien être ce pokémon cible de ses soupçons. Svum ? Koji n'espère pas tomber sur lui ... La soirée est trop belle pour être gâchée.

Un soupir s'échappe de la gueule du dragon lorsqu'il repousse enfin la porte de l'auberge derrière lui. Être enfermé ne lui réussi vraiment pas, peu importe le temps ou le lieu où il reste. Finalement, ce n'est pas plus mal si le gérant n'a plus de chambre. Svum n'aurait certainement pas pu y dormir la nuit. L'argent qu'il n'a pas aurait été jeté par les fenêtres.

Le grand air le rassure, la place lui fait le plus grand bien. Le soleil se couche doucement, il ne laisse plus qu'un fin rayon de lumière. Petit à petit, Svum peut observer que le ciel se part d'étoiles et la lune se met à briller plus fort de seconde en seconde. Une petite brise rafraichie agréablement l'endroit. C'est un bon moment de calme et de paix pour le Dragon Tourmenté.

Une voix s'élève dans le dos de Svum, cassant l'enchantement. Le petit Libégon sursaute violemment, et se retourne en vitesse. Sans qu'il n'y est de raisons apparentes, car le ton employé par l'inconnu est calme et sans agressivité, la peur s'empare du Solitaire. Il n'a pas été surpris ainsi depuis qu'il a réussi à s'évader, les souvenirs ne sont pas loin.

Mais ce qui choque le plus la libellule, c'est qu'en face de lui, se tient un dragon. Comment l'ignorer, quand il s'agit d'un Latios ? Un pokémon tellement rare et pourtant si connu. Son pelage bleu et blanc ne trompe personne, malgré la veste que l'inconnu porte. Pas besoin d'être sorcier. Et puis, ça se sent. Ca sent le dragon à plein nez. Et Svum est bien placé pour le savoir.

Un mouvement de recul le prend, sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. Les yeux écarquillés, le dragon met un moment avant de comprendre et d'analysé les paroles du Latios. Petit à petit, le rythme cardiaque de notre ami vert reprend sa normalité. Il déglutit, avant de répondre enfin, un peu hésitant.

« T-Tout va bien, m-merci de vous inquiétez... »

Drôle de façon de rassurer une personne vous demandant si tout va bien, même Svum s'en rend compte. Une grande inspiration plus tard, et il reprend son calme, sans pour autant se détendre. Rien n'y fait, il a peur.

« Vous m'avez surpris, pour tout avouer. »

Bon, la première question, c'est répondu. Reste la deuxième. Qui est encore plus délicate que l'autre. Répondre, ne pas répondre. Dire la vérité, mentir. Trop d'options, trop de choix. Et Svum ne sait que faire, que dire. Il n'a pas envie de parler. Il n'a pas envie de se rappeler. Alors, voilà la solution. Ne pas se rappeler. Comme à chaque question qu'on lui pose et qu'il ne veut pas répondre.

« En effet, vous pouvez aisément le constater. J'ai subi quelque blessure. »

Pas d'autres informations. L'heure n'est pas encore à la carte de l'amnésie. Il y a encore de la marge. Il a encore une chance d'y échapper. Son ton, bien malgré lui, c'est fait plus dur étant donné qu'il ne souhaite pas répondre à ce genre d'interrogation. Et pas de doute que cela risque d'éveiller la curiosité. Il est donc temps d'orienté la conversation sur autrui.

« Puis-je à mon tour me montrer indiscret ? Que fait donc un pokémon tel que vous dans ce petit village ? Je ne pensais pas avoir le ... plaisir... de rencontrer un Latios un jour, en de telles circonstances, s'intéressant de ma personne.»

Le jeune dragon se sent de plus en plus mal à l'aise à mesure que le temps passe. C'est totalement irationnel, il en a bien conscience. Après tout, ils sont de la même espèce. De fier dragon, tous les deux. Mais rien n'y fait, c'est plus fort que lui et Svum ne sait pas si un jour il pourra agor normalement avec les siens. Les souvenirs, la douleur est trop encrée en lui. Encore trop présente.

Pourtant, le Libégon ne pense pas une seconde à s'enfuir. A partir loin, ou même à demander à cet inconnu de s'éloigner et de le laisser tranquille. Tout d'abord, cloué au sol comme il l'est, aucun doute que le Latios aurait vite fait de le rattraper. Svum pourrait se servir de ses capacités, mais il n'y tient pas particulièrement, et surtout il ne veut pas risquer de blesser un villageois. Enfin, pour le moment, rien ne l'oblige à partir. On ne fait que lui poser quelques questions innocentes.

Partagé, la libellule ne sait pas quoi faire. Alors pour le moment, il se contente de se reprendre un peu et surtout d'afficher un masque indifférent. Il faut qu'il se contrôle, avant de tomber dans une crise qui lui vaudra très certainement un combat qu'il aura bien du mal à gérer. Surtout que la nuit tombe et que l'obscurité s'installe de plus en plus. A vrai dire, il ne reste que très peu de lumière.

C'est alors que, tirant Svum de ses pensées, le Latios reprend la parole. Il prétent se promener, tout simplement. Le Libégon n'a aucun mal à le croire. Il est vrai que cette région est l'une des plus belles qu'il lui ai été donné de voir. Enfin, c'est surtout la seule qu'il ait vraiment vu, ou du moins qu'il s'en souvient.

Le dragon bleu explique qu'il est curieux, un point commun qu'ils ont tous les deux. Cependant au lieu de se réjouir, Svum s'enferme un peu plus sur lui même. Le Latios a parlé de voler, croyant non sans raison que le Libégon avait la même vision que lui de cet endroit. Mais en réalité, Svum ne peut voler, ainsi il ne peut qu'imaginer ce dont parle le pokémon.

Pokémon qui n'attend pas plus longtemps pour révéler son identité. Ainsi, il s'agit d'un garde de Primera, ceux qui l'ont délivré de Tyran. Mais ceux qui ont voulu l'arrêter et qui ont conduit à la mort de Lady. Que penser, que faire ? Svum ne le sait. Alors pour le moment, il se contente d'enregistrer ses informations, et de se présenter à son tour.

« Mon nom est Svum et je ne suis qu'un solitaire qui suit son chemin. »

Ce qui est en grande partie la vérité, bien que le dragon des sables cherche surtout à retrouver ses souvenirs et sa mémoire d'avant, tout en tentant d'oublier les événements de ces sept dernières années. Et justement, en y repensant, une question vient tout naturellement.

« Vous êtes donc chevalier ? Puis-je vous poser une question ? Avez-vous connaissance d'un Scalproie du nom de Feth ?»

Si ce Koji le connait, Svum tient la chance d'apprendre ce qui est arrivé à ce pauvre pokémon à quelqu'un, qui pourrait par ailleurs prévenir sa famille, si il en avait une. Et dans le cas où il le connaitrait, peut-être que le Latios pourrait en apprendre plus sur lui à Svum ? Puisqu'ils étaient ensemble, si on connait Feth, on connait Svum.

Pour son plus grand malheur, le jeune chevalier dragon n'a pas l'air de connaître Feth. Pourtant, Svum y avait cru devant le semblant d'hésitation du Latios. Puis son visage avait changé. De la tristesse cachée, ça, la libellule connaît assez pour le percer à jour. Du regret ? Encore un sentiment avec lequel le dragon des sables vit en permanence. Une certaine détermination malgré tout. En voilà une chose que lui a perdu depuis longtemps.

La réponse vient d'elle-même quand Koji dit avoir un ami qui lui ressemble. Finalement, Svum s'en veut presque d'avoir eu peur, et d'avoir toujours un peu de méfiance, envers le dragon bleu. Ils se ressemblent plus qu'ils ne le voudraient certainement. Mais la libellule espère que la comparaison s'arrête là. Il ne souhaite à personne, pas même à Tyran, de subir ce qu'il a du enduré toutes ces années passées dans la terreur, l'humiliation et la douleur.

Puis à nouveau, des questions auxquelles le jeune solitaire ne sait quoi répondre. Quelqu'un d'important pour Svum ? Si on sait qu'il a été le premier à se montrer gentil avec lui après sa prise de connaissance, si on sait que c'est grâce à lui que Svum est au courant de son propre prénom, si on sait qu'il s'est rebellé contre les traitements que subissait le dragon, si on sait qu'il est mort sous les yeux du jeune Vibraninf, alors la réponse est évidente. Mais tout ça, personne ne le sait à part Svum.

Est-ce qu'il lui est arrivé malheur ? Torture. Meurtre. Ces deux seuls mots, deux simples petits mots résument parfaitement ce qu'il lui est arrivé. Svum ne peut que se féliciter qu'il n'est pas subit le même sort que lui. Feth a souffert c'est vrai. Mais il est resté fort. Il est resté intègre. Entier. Stable. Et il est mort avec l'honneur de n'avoir jamais parlé, de ne pas avoir vendu ses frères. Il est mort en héros aux yeux de Svum. Mais tout ça, personne ne le sait à part Svum.

Si il souhaite en parler ? Aucune idée voudrait-il répondre. Car en effet, le dragon jaune et vert ne sait quoi dire. Il détourne même le regard, le visage. Dans ses yeux, les souvenirs défilent. Les larmes menacent de tomber bientôt. Et soudainement, le cœur de la libellule rate un battement. Trop d'images dans la tête. Trop de sensations qu'il voudrait oublier. Trop de peur, de terreur.

Les pattes sur la tête, il la secoue violemment de tous les côtés. L'odeur du sang de son ami lui parvient, emplissant ses narines. Le bruit des entrailles qui s'échappent, du sang qui goutte, du corps qui tombe lui envahissent les oreilles. Le dégoût, la peur, la tristesse le submergent sans peine. Le rire diabolique de Tyran résonne dans sa tête. La folie n'est pas loin, le dragon le sait.

Alors il se force à se calmer. Là où il est, il n'y a pas de danger. Tout va bien, pas besoin de paniquer. Il respire profondément. Heureusement pour lui, cette fois, il a réussi à se calmer avant que ne survient la crise. Il est fatigué et se recroqueville un peu sur lui-même. Après une telle démonstration, il ne va pas pouvoir rester sans rien dire.

« Veillez m'excuser, Chevalier. J'ai...De mauvais souvenirs...»

Svum reprend son souffle. Son cœur bat encore la chamade mais il s'est tout de même calmer un peu. Heureusement Koji, bien qu'étant un dragon, ne semble plus lui faire aussi peur qu'avant. Est-ce parce que lui aussi, il a eu un ami auquel il tient beaucoup ? La libellule doit certainement se sentir proche du dragon bleu, ce qui lui permet de ne plus avoir aussi peur.

« Vous avez correctement deviner...Feth est...mort, il y a de cela quelques années maintenant.»

Doit-il continuer ? Pourrait-il enfin parler à quelqu'un ? Vider son sac ? Avouer ses sentiments qu'il tient enfermer depuis si longtemps ? Mais, est-ce qu'il en est capable ? La crise de tout à l'heure, juste en évoquant Feth, prouve bien qu'il n'est pas stable du tout. Et qu'il n'est pas encore prêt à se dévoiler comme ça. Il hésite. Parler ? Ne pas parler ?

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