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| | Passé - La fin d'un monde | |
| Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Passé - La fin d'un monde Jeu 15 Oct - 11:19 | |
| Synopsis :Imaginez le monde des pokémons cinq siècles après la chute de Giovanni. Vous vous imaginez des pokémons qui batifolent dans les champs. Vous vous imaginez que humains et pokémons coexistent en harmonie.
Et pourtant vous vous trompez. Nous sommes à l'aube de l'anéantissement. Nous sommes au crépuscule de la civilisation. Pourquoi ? Comment ? Vous le découvrirez en lisant cette fanfiction !Les 30 chapitres de cette fanfiction sont postés ci-dessous via des balises Spoiler. Je précise également pour les amateurs de roman visuel que j'ai commencé une adaptation de cette fanfiction sur ma chaîne youtube. Sans plus tarder, je vous souhaite donc une bonne lecture.
Dernière édition par Tyra le Ven 23 Oct - 18:39, édité 4 fois |
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| Sujet: Re: Passé - La fin d'un monde Ven 16 Oct - 20:05 | |
| - Prologue:
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Au crépuscule de mon existence Et tandis que mes semblables retombent Dans l'hubris qui autrefois a plongé le monde Dans les ténèbres les plus obscures Je ne puis échapper à mon destin d'humain Et avant que le temps n'ait détruit à jamais Les traces de mon passage sur cette terre Nécessaire il m'est de révéler aux hommes de demain La terrible mise en garde dont ma vie est le témoignage
Mon nom n'a que peu d'importance Il n'est que le symbole de la race méprisable A laquelle j'appartiens
Il fut un temps où les hommes craignaient encore la colère d'Arceus Il fut un temps où, par cette sainte peur, les humains respectaient encore les pokémons Mais l'ego a corrompu la Raison des hommes Il les a écartés de la Vertu, les tournant vers le vulgaire Profit Il les a écartés de l'ordre cosmique et bienveillant du monde Tout cela pour une seule chose La Vanité Mausolée des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80 [1]Cent années avant la réalisation de cette épitaphe qui trône aujourd'hui fièrement dans le Hall Principal du Musée Historique d'Hevius, naquit un homme comme tant d'autres. Il était frêle de nature et n'avait aucune qualité particulière. Si ce n'est bien sûr deux faits assez peu anodins : il était sujet à de violentes visions comparables à celles qu'éprouvent les xatu tout au long de leur vie et...n'avait pas de parents. Cet homme-là, c'était moi. Mais avant de commencer le récit de ma vie, qui s'avère également ressembler étrangement à celui décrit par cette stèle que seuls les plus grands savants de Xothonia savent déchiffrer, il me parait important de parler un peu de moi. Je suis né par je ne sais quel miracle de la création dans les Ruines d'Alpha, au cur de la région qui s'appelait encore à cette époque Johto. Avant que les temps sombres n'arrivent et ne changent à jamais la face du monde. Je fus élevé par une colonie de natus dirigés par un fier xatu dont la sagesse était telle qu'il comprenait particulièrement le langage humain. Il ne savait pas parler, non bien sûr que non. L'immense intelligence des pokémons Psy se passe tout à fait de tels procédés : ils usent de télépathie. Ce xatu, pourtant simple pokémon, m'éduqua à la manière des hommes : il m'enseigna les mathématiques, l'histoire prestigieuse des Ruines d'Alpha, les mythes de Johto et le langage des hommes. Si la nature ne m'a point donné de père biologique, force est de constater que ce génie parmi les pokémons se comporta envers moi comme un véritable père. Puis, une fois arrivé à l'âge de l'adolescence et devenu trop grand pour pouvoir vivre parmi les natu, je dus me résoudre à partir de mon doux foyer et découvrir pour la première fois le monde des hommes sans autres repères que ceux légués par mon père spirituel. C'est ici que tout commence : le 13 mars - 5 [2], je me trouvais devant l'entrée principale des Ruines d'Alpha. J'ignorais encore à cette époque à quel point cette journée allait changer à jamais ma vision du monde, modelée pendant près de quinze printemps par mon père spirituel dans ce lieu chargé d'histoire.
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| Sujet: Re: Passé - La fin d'un monde Sam 17 Oct - 10:14 | |
| - Chapitre I - Faux départ:
13 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Le soleil matinal illuminait mon visage. Derrière moi, je laissais ce cher Xatu qui m'avait tout appris. Nul doute qu'il devait se trouver, comme à son habitude, dans les tréfonds des Ruines d'Alpha. C'est lui qui m'avait fait ses adieux quelques heures plus tôt, me réveillant dès l'aurore par télépathie avant de me téléporter à la sortie du plus vieux complexe archéologique de Johto. Je me souviens aujourd'hui encore de ses propos, si touchants et pleins de sagesse. - Fils. L'heure est venue pour toi de nous quitter pour rejoindre le monde des hommes. Je t'ai appris tout ce qu'il t'est nécessaire pour t'adapter à ce monde si différent du nôtre. Tes frères comme moi ne t'oublieront jamais. Mais garde le souvenir de tes origines. Ne suis pas le même chemin tortueux que tes semblables. Depuis que je suis né, il y a de cela si longtemps, je n'ai cessé de voir les conséquences des errements des hommes. J'espère que ta vie sera plus heureuse que ce que mes visions prédisent. Si je ne puis t'éclairer sur le présent que tu vas rejoindre, je ne puis que prévoir le futur. Et ce futur n'est en rien idyllique. Maintenant pars, et profite tant que tu le peux de ta nouvelle vie, avant que mes sombres prédictions ne se réalisent...C'est tout ce que m'avait dit mon vieux précepteur avant de me téléporter à l'extérieur. Comme tous les xatus, il voyait perpétuellement des visions éparses du futur du monde. Mais comme souvent, il devait exagérer pensais-je encore à l'époque. Hélas, cent fois hélas, comme tous les prophètes Xatu avait raison. Et comme tous les prophètes, il n'était jamais écouté. De même que les troyens n'ont pas écouté Cassandre, je n'ai pas écouté l'enseignement le plus important de mon mentor. Le futur ne pouvait pas être si sombre me disais-je. Pourtant, malgré toutes les conjurations mentales que j'avais bâti pour empêcher la réalisation des prédictions de Xatu, je sentais bien que, inconsciemment, il devait y avoir un fond de vérité dans ce qu'il disait. Entre autres fausses idées, je trouvais notamment insensé que l'avenir puisse être aussi noir alors même qu'autour de moi tout respirait le bonheur. Le soleil brillait au firmament. Plongé dans mes pensées, je fermais les yeux afin de sentir la délicieuse odeur du pollen dans l'atmosphère. J'entendais certains natus voleter gaiement dans les airs, d'autres roucouler et l'ordre de la nature suivre son cours. C'était si calme. Je me sentais si bien en cet instant : pendant deux minutes, je me sentais en harmonie totale avec l'environnement dans lequel j'avais grandi, mélange de végétation luxuriante et de bâtiments en ruine. Il y a quelques siècles encore, m'avait dit un jour mon mentor, les Ruines d'Alpha étaient le lieu touristique le plus couru de Johto. Des milliers de visiteurs les fréquentaient chaque jour, fascinés par ces constructions anciennes. Puis un jour, brusquement, les Ruines furent fermées à jamais au public. On ne sut jamais pourquoi : les sources officielles prétendirent que c'était afin de préserver les ruines des dégradations causées directement ou indirectement par les touristes. D'autres pensèrent que c'était par pure raison économique, afin de ne pas nuire au succès commercial du nouveau parc d'attractions de Doublonville, ouvert en 220 [1] par la Sylphe SARL. Mais une chose était sûre : du temps de ma jeunesse, les Ruines d'Alpha avaient complètement disparu de la mémoire des hommes et n'étaient encore fréquentées que par de rares archéologues en quête de découvertes à faire. Je savourais ces quelques minutes de bonheur et profitai une dernière fois du cadre idyllique des Ruines d'Alpha. Qui, se préparant à partir à jamais du lieu de son enfance pour ne plus jamais y retourner, ne ferait pas de même ? Puis, je rouvris progressivement mes yeux cristallins : j'étais prêt désormais. Ayant fait le deuil de ma jeunesse somme toute très casanière, je commençais donc ce voyage vers la civilisation des hommes. Je pensais encore que cela serait facile, qu'aucun obstacle ne bloquerait ma route. Hélas, j'ignorais qu'un adversaire de taille m'attendait avant de pouvoir rejoindre une quelconque terre peuplée par des êtres humains. Cet adversaire, c'était la nature elle-même. En effet, quelques minutes après avoir emprunté et exploré dans le moindre de ses aspects la voie pavée qui traversait du nord au sud les Ruines d'Alpha, je fis une amère découverte : le chemin était bloqué. Il était bloqué par une épaisse forêt qui encerclait totalement mon foyer natal. Comment passer dans ces conditions ? Je n'allais tout de même pas devoir me frayer un chemin dans un endroit aussi dangereux, me disais-je. J'étais, pour ainsi dire, à ce moment-là et pendant plusieurs heures durant dans l'indécision la plus totale : Xatu m'avait enseigné l'art de la survie en société, en me donnant tous les référents culturels pour vivre normalement dans une société humaine ; en prévision de mon départ qu'il savait inéluctable. Mais jamais il ne m'avait enseigné l'art de la survie en milieu sauvage, ni appris que pour rejoindre l'extérieur de ce véritable sanctuaire de la nature j'allais devoir plonger dans les profondeurs d'une forêt aussi vierge que dangereuse pour un adolescent aussi fragile que moi à cette époque. A vrai dire, sans la suite des événements j'aurais même pu rester éternellement à faire les cent pas sur cette voie romaine. Face au danger, certaines personnes particulièrement courageuses n'hésitent pas à foncer tête baissée. Mais d'autres sont tout bonnement pétrifiés, du fait qu'ils intériorisent tellement les conséquences du danger en eux que cela brise toute velléité de l'affronter. J'appartiens à cette seconde catégorie : c'est ce jour-là que j'ai découvert ma véritable nature de couard. Comme je regrette aujourd'hui de ne pas avoir été impulsif comme tant de jeunes de mon âge et de ne pas avoir foncé tête baissée dans cette forêt. L'indécision est un poison qui touche les clairvoyants et les empêche d'agir quand il en est encore temps. Toujours est-il que durant toute cette journée j'étais resté dans la passivité la plus complète. Je me posai un nombre incroyable de questions totalement idiotes : allais-je dans la bonne direction ? Ne risquais-je pas d'être agressé par je ne sais quel pokémon en quête de chair fraîche ? Et pendant ce temps-là, la roue du temps tournait. Du ciel ensoleillé sans nuage de la matinée, la voûte céleste se changea au début de la soirée en un ciel chargé de nuages noirs et menaçants. La pluie tombait à présent, rendant une exploration de la forêt encore plus désagréable du fait de l'accumulation de l'humidité. Et tandis que le jour baissait, ma motivation du matin s'était muée en découragement en seulement quelques heures. Pourtant, je n'avais strictement rien fait de ma journée. Honteux de moi et dépité, je me dirigeais vers un des bâtiments en ruine du complexe archéologique, tournant ainsi le dos à l'imposante forêt qui m'avait mentalement tenu en échec durant toute une rotation solaire. Et c'est alors que les temps sombres commencèrent pour moi. Adossé à un pilier d'une grande salle remplie d'inscriptions en langage Zarbi, je m'étais endormi. J'aurais aimé pouvoir avoir une nuit reposante. Ce ne fut hélas pas le cas. Oh extérieurement bien sûr, tout semblait normal : je ne bougeais pas. Je m'étais progressivement effondré sur le sol du vieux temple. Mais dans mon sommeil, je fus pris dans un cauchemar abominable. Je m'en souviens comme si c'était hier. Dans ce cauchemar, je voyais tout d'abord une scène idyllique du monde des hommes : des citoyens buvaient une boisson rafraîchissante en plein été sur la terrasse d'un café. Un orgueilleux gratte-ciel en obsidienne surplombait la scène. Puis, j'avais soudainement une vision d'horreur de la même scène. Sous forme de flash extrêmement brefs et intenses, je voyais le gratte-ciel être coupé en deux par un séisme d'une puissance phénoménale. Un tsunami ravageait une ville entière. Une pluie de météorites détruisait champs et forêts. Enfin, trois lettres sur fond noir en écriture de feu apparuent : V V V. Trois V. Le même amoncellement d'images se répétait en boucle jusqu'à ce que je me réveille en sueur. La même nuit, à quelques ruines de là, le vieux Xatu était victime d'une vision analogue. Il souffrait. - Non, pas ça. Ca ne peut pas finir comme ça. Fils ! [2]Au même instant, j'entendis dans mon esprit la voix de mon mentor : il m'interpellait par télépathie. C'est cela qui me permit de redevenir conscient et de sortir de ce cauchemar. Après avoir levé difficilement la tête, je le vis avec surprise en face de moi. Il me regardait avec son habituel regard inexpressif. Je voulais lui dire quelque chose pour justifier ma présence ici alors qu'il m'avait clairement demandé le matin même de partir des Ruines d'Alpha. Je voulais m'excuser. Il m'en empêcha. - Inutile. Je sais tout et je vois tout. Tu n'as pas à t'excuser. Suis-moi, nous devons parler.
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| Sujet: Re: Passé - La fin d'un monde Dim 18 Oct - 18:53 | |
| - Chapitre II - Le Sanctuaire d'Alpha:
14 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Après m'avoir adressé ces quelques mots, Xatu s'éloigna lentement de moi avant de se diriger vers un des innombrables couloirs qui constituent les Ruines d'Alpha. Une fois encore, j'hésitai entre la couardise et l'action tout en me remettant difficilement de ce que je venais de subir. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien vouloir dire ? Malgré toutes les explications rationnelles que je pouvais faire pour me rassurer, j'étais pris dans un profond malaise. Non, ce cauchemar n'était pas comme les autres. En voyant ces milliers d'âmes se faire engloutir en un instant par un cataclysme aux origines mystérieuses, j'avais ressenti une souffrance indicible. C'était comme si une flèche me déchirait le corps pour chacun de ces individus engloutis par les flots ou écrasés par les bâtiments qui s'effondraient. Et c'est précisément ce malaise qui me permit pour la première fois de mon existence de rompre cette spirale funeste de l'inaction et de la peur qui m'avait empêché la veille d'affronter cette forêt. Oui, à cet instant précis je sentais que je devais suivre Xatu. Je ne savais pas vraiment pourquoi, ni même ce qu'il me voulait. Mais le bref regard qu'il me lança avant de s'en aller, empreint de compassion et de sagesse, me poussait à le suivre. Porté par cette détermination que jamais encore je n'avais ressentie au cours de ma courte existence, je me résolus donc à me lever du sol de pierre poussiéreux sur lequel j'étais avachi depuis mon pénible réveil et à suivre les pas de Xatu. Il se trouvait alors à quelques mètres de moi, sur la gauche, dans un fin corridor qui permettait de s'extraire de la salle principale du vieux sanctuaire des zarbis. Le pokémon psychique s'apprêtait à disparaître de mon champ de vision. Avant de le faire, il m'adressa un dernier coup d'il qui ne fit que renforcer cette détermination peu habituelle que je ressentais en mon for intérieur. Parti dans une autre partie des Ruines d'Alpha, je mettais péniblement un pied devant l'autre afin de le suivre. Je me sentais lourd, si lourd. Dans mon esprit, les images du cauchemar ne cessaient de se répéter, obsessionnellement et à l'infini. Cette traversée de la salle en direction du petit corridor me semblait durer une éternité, comme si Dialga lui-même avait ralenti le temps pour accroître mon calvaire. Enfin arrivé devant le petit chemin creusé dans la roche, je m'agrippai à une des parois afin de me reposer quelques instants. J'étais en sueur. C'est alors que Xatu, tout en continuant son chemin, me parla de nouveau par télépathie. - Courage. Je sais que c'est difficile pour un humain ce que tu endures, mais tu dois lutter. Je t'attends dans le Temple Ecbatha, dans le sous-sol. Continue sur ta gauche et descends le Grand Escalier d'Or. Je t'y attends avec un ami.La conclusion du message m'interpellait. Un ami ? Xatu m'avait pourtant toujours affirmé que cela faisait des lustres que les Ruines d'Alpha avaient été désertées par d'autres espèces de pokémon que les natus et les xatus. Lui et toute sa tribu de volatiles médiums vivaient en communauté à l'écart du monde. J'avais d'ailleurs pu m'en rendre compte très tôt lorsque je flânais encore innocemment dans les couloirs des Ruines d'Alpha. Je ne savais plus que penser, mais une chose était sûre : le message télépathique de Xatu ne faisait qu'attiser ma curiosité, et me redonnait la volonté de continuer par la même occasion. Entre temps, mes vertiges et la rémanence de mon cauchemar commençaient à s'estomper. Cela m'aidait à continuer, cette fois de manière plus assurée. La curiosité est la Némésis de la peur : elle pousse à affronter ses pires craintes par le désir de connaissance. Finalement, lentement mais sûrement, la peur qui quelques temps plus tôt me paralysait totalement cédait de plus en plus la place à la soif de savoir. Oui, auparavant écrasée par une lâcheté somme toute fort compréhensible pour un jeune homme de quinze ans faisant ses premiers pas dans le monde, ma vraie nature commença à se manifester à partir de cette nuit-là. C'est cela que je réalise avec le recul des années. Mais je parle décidément trop, excusez-moi chers hôtes qui désirez connaître mon histoire, et par extension celle de tout l'Ancien Monde. Mon égo ne se manifestera plus à l'avenir, je vous en donne ma parole. Reprenons : après avoir regagné un peu d'énergie grâce au message salvateur de mon vieux maître, je parvins quelques pas plus tard tout en continuant de suivre le corridor devant un immense escalier en or massif qui descendait loin, très loin dans les abysses des Ruines d'Alpha. Il menait vers ce que les natus appelaient le Sanctuaire d'Alpha. Plus ancien que la partie supérieure du temple, Xatu m'y avait emmené souvent pour me familiariser avec les mythes de Johto et le langage zarbi. Car, me disait-il, les inscriptions zarbi de la partie supérieure des Ruines ne narraient rien de véritablement important. C'était d'ailleurs pour cela qu'en plus de 200 ans de recherches archéologiques, de 422 à 220 [1], les hommes n'avaient jamais réussi à rien apprendre de tangible sur le passé de Johto si ce n'est que chaque zarbi correspondait à une lettre de l'alphabet. Ils en conclurent fort logiquement que l'origine du langage venait de ces pokémons. Ces savants ne savaient pas pourquoi ni comment c'était possible, faute d'avoir eu accès à cette immense bibliothèque en pierre qui se cachait dans les profondeurs de la terre. C'était là, à l'abri des regards et préservé étrangement de toute usure temporelle, que je devais aller. Les instructions de Xatu étaient claires : je devais suivre cet escalier doré sur plusieurs dizaines de mètres. S'enfonçant sous terre, le passage était inaccessible aux humains non-initiés par un des Gardiens du Sanctuaire [2]. Mon mentor m'attendait en bas. Au-dessus de l'entrée vers le Sanctuaire figurait une inscription en langage Zarbi. [3] Après avoir regardé cette multitude d'yeux qui devaient probablement former un message d'avertissement rendant perplexes les aventuriers passant par ici étant donné qu'ils ne rencontreraient qu'un épais mur de pierre en lieu et place du Grand Escalier d'Or, j'empruntais donc courageusement le tunnel. L'endroit était sombre. Il est vrai que le contraire eut été étonnant. Le bruit de chacun de mes pas résonnait en écho tout autour de moi. Après quelques minutes de descente non pas vers les enfers mais vers l'Eden des archéologues, j'atteignis enfin le véritable Grand Escalier d'Or qui faisait la fierté de tous les xatus du Sanctuaire. Jusqu'à présent en effet, je n'avais traversé qu'un maigre escalier doré plongé dans une pénombre éternelle du fait de la faiblesse des sources lumineuses et de l'étroitesse du chemin. Mais dès que les dix premiers mètres furent passés, l'escalier s'élargit brusquement de manière conséquente. Face à moi, une immense caverne creusée dans la roche était apparue. Elle avait les dimensions d'une véritable ville. Au fond, une statue aussi magnifique que gigantesque d'Ho-Oh éclairait tout le Sanctuaire d'Alpha. Cette fameuse bibliothèque qui rassemblait l'ensemble du savoir caché pendant des millénaires par les zarbis sous l'égide de Ho-Oh se structurait en fait sous forme de cercles concentriques de monolithes. Multiples, ils partaient du centre vers la périphérie à la manière de Stonehenge. Dans ces monolithes de dimensions très variées qui allait de seulement un mètre à près de dix mètres de hauteur, on pouvait voir des inscriptions zarbi s'illuminer puis s'éteindre de manière régulière dans une magnifique couleur violacée. Personne, hormis les Gardiens du Sanctuaire et les dieux bien sûr, ne savait ce qui était inscrit sur ces monolithes. Aucun humain n'avait jamais mis les pieds ici d'ailleurs mis à part moi, cela Xatu me l'avait clairement dit la première fois qu'il m'avait emmené ici. Parallèlement, on pouvait voir le Grand Escalier d'Or effectuer une sorte de spirale autour des parois du Sanctuaire jusqu'à finalement atteindre le sol. Tout en bas, dans le lointain et tandis que je continuai à descendre tout en admirant le panorama, j'apercevais Xatu méditer au centre des monolithes avec un autre pokémon. Mais hormis les natus et les xatus, je n'avais jamais rencontré d'autres espèces de pokémons à cette époque. Je ne savais donc pas à ce moment-là à quelle espèce il appartenait. Une seule chose était sûre : ce devait être lui ce fameux ami dont Xatu avait parlé tantôt. Tout en descendant, je voyais des centaines de natus me regarder avec intérêt à l'aide de leurs petits yeux dans les petits orifices des parois du Sanctuaire. C'était eux qui surveillaient depuis toujours ce lieu chargé d'histoire. Non seulement eux, mais leurs pères avant eux également, conformément au contrat passé entre les habitants des Ruines d'Alpha et Ho-Oh. Cette déité était le père protecteur de toutes les formes de vie de Johto. Après plus de vingt minutes de descente sur cet interminable escalier, j'atteignis enfin le fond de la caverne et Xatu par la même occasion. Je me trouvais à présent en face de lui, et je le regardais méditer sans broncher. Il ouvrit un il. Puis l'autre. Il prit finalement la parole. - Enfin te voilà. C'est bien, tu as appris à maîtriser ta peur. Maintenant tu vas obtenir le Savoir des Anciens.
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| Sujet: Re: Passé - La fin d'un monde Lun 19 Oct - 17:36 | |
| - Chapitre III - Le Don d'Ho-Oh:
14 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu En face de moi, au centre du Sanctuaire et des cercles de monolithes, Xatu attendait que je le rejoigne. Comme toujours, son regard était figé vers le néant, inexpressif. Pourtant, malgré la détermination qui m'avait permis peu de temps auparavant de combattre ma peur de l'inconnu afin d'arriver enfin devant lui, mes vieux démons reprenaient le dessus. J'hésitais. Qu'entendait-il par le Savoir des Anciens ? Oh, bien sûr j'avais une petite idée de ce qu'il entendait par là : il voulait sûrement par cette expression pompeuse m'apprendre des choses sur ces visions d'horreur qui m'avaient saisi d'effroi dans la salle principale des Ruines d'Alpha au cours de la nuit. Pourtant, j'avais beau être simplet à cette époque, seul un demeuré trouverait normal que la simple délivrance d'informations nécessite de se trouver dans le Sanctuaire d'Alpha, lieu mystique et légendaire tenu loin de la vue des hommes depuis la genèse de Johto. Non, mon intime conviction me poussait à douter, une fois de plus, de ce que je devais faire : il me cachait quelque chose, cela ne faisait aucun doute. Me voyant une fois de plus plongé dans les limbes de l'hésitation et de la peur, xatu m'en tira une fois de plus par voie télépathique : - Que crains-tu encore. Tu es arrivé jusqu'à moi : pourquoi reculer ? Allez, avance-toi sur la Stèle : je ne t'ai pas fait venir jusqu'ici pour te laisser errer plus longtemps dans l'ignorance.Déstabilisé et surpris on ne s'habitue jamais vraiment aux injonctions autoritaires et pleines de sagesse des xatus je parvins finalement à mettre un pied devant l'autre en sa direction. Devant moi, se trouvait effectivement une immense stèle ornée d'inscriptions Zarbi. L'ornementation était, ici aussi, structurée sous la forme de cercles concentriques. En posant une première fois mon pied droit sur la Stèle, je ressentis soudainement un violent choc. C'était comme une compression gravitationnelle : ce qui se trouvait sous mes pieds renfermait un immense pouvoir. Je fus plaqué sur le sol. C'est alors que Xatu communiqua une fois encore avec moi : - Parfait. Nous allons pouvoir commencer. Croa !Xatu termina son message en émettant pour la première fois depuis que je le connaissais un cri. C'était un immense cri d'oiseau, strident, qui déchirait le silence qui régnait dans le Sanctuaire. En même temps, il étendit élégamment ses ailes colorées à l'horizontale : une à sa gauche, une à sa droite, tandis qu'il se mit à émettre une intense aura violacée. Bien que compressé par la puissance mystérieuse de la Stèle, j'avais pu entre temps lever péniblement ma tête de façon à pouvoir observer brièvement la scène. Immédiatement après cela, la Stèle se mit à vibrer de manière inquiétante et à s'illuminer de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Je pouvais voir le Rouge de Ho-Oh m'aveugler ; puis le Bleu de Lugia le remplacer. A mesure que ce déferlement de couleurs s'accélérait, je commençais à perdre l'usage de mes yeux. Je ne savais plus où je me trouvais à présent. J'étais terrifié. Que m'arrivait-il ? Je me sentais privé de tous mes sens et je ne ressentais même plus mon corps. Avais-je chaud, avais-je froid, souffrais-je ? Je ne pouvais le dire. C'était dire à quel point je me trouvais à ce moment-là dans un état second. Progressivement et graduellement pourtant, je commençais à entendre d'étranges sons rompre le néant dans lequel je venais d'être plongé. D'abord ce n'était que des bruits diffus. Puis, au fur et à mesure que je les entendais avec davantage de clarté, ces bruits diffus se transformèrent en une voix familière. Cette voix, qui n'était autre que celle de Xatu, ressemblait à une incantation. Ô Seigneur Arc-en-Ciel Le savoir au service de l'harmonie La vérité au service de la paix Telle est la Mission que tu nous as jadis Honorés d'accomplir
Daigne, Seigneur du firmament Accorder à ce mortel La maîtrise du don de tes serviteurs Afin que, comme nous tes Gardiens Il puisse propager la Vérité dans le vaste monde Et protège, comme nous par le passé L'harmonie et la cohésion de ce monde
Ho-Oh, seigneur d'entre les seigneurs Délivre-le des ténèbres qui le dévorent Jusqu'aux tréfonds de son âme Que ta Lumière l'illumine et lui montre le chemin
Croa ! L'incantation s'acheva ensuite comme elle avait commencée, c'est-à-dire par le cri strident de mon mentor. Immédiatement après, le néant qui jusqu'ici m'enveloppait et m'avait privé de la plupart de mes sens à l'exception de l'ouïe se transforma en son exacte Némésis : une lumière aveuglante avait en effet supplanté les ténèbres. Mes sens commençaient à se restaurer partiellement. Je pouvais de nouveau ressentir mon corps ainsi que les sensations qui vont avec. En revanche, à part cet éclat lumineux mes yeux ne pouvaient rien percevoir. La lumière se transforma ensuite en chaleur, qui m'enveloppait et me faisait atrocement souffrir. Plus que tout autre organe, mes globes oculaires renforçaient cette agonie. - Ah mes yeux ! J'ai mal. Que me fait-tu Xatu ! Xatu ?Mais Xatu restait muet, où qu'il se trouve. Et pendant ce temps cette souffrance lancinante sur mes globes oculaires ne cessait de s'accroître. Les secondes qui passaient me semblaient être une éternité : j'hurlai, je demandais de l'aide tout en gémissant de douleur. Mais je n'eus pour toute réponse qu'un silence assourdissant. A un moment, la douleur devint telle que je perdis connaissance. J'ignore combien de temps je suis demeuré dans cet état, mais je fus finalement réveillé plus tard. Ce réveil, je ne le devais pas à Xatu mais à une voix inconnue. Elle se montrait extrêmement chaleureuse. - Oh, petit gars ! Ça va ? Bah dis donc t'es du genre à être pote avec les parecool toi. T'es sûr que tu n'es pas le fils illégitime d'un monaflemit ? Ah ça, tu nous as fait une belle frousse je dois bien l'avouer. Reste allongé, je vais appeler le grand gourou.La voix donnait par ailleurs l'impression de bailler perpétuellement tellement son ton était particulier et léthargique. Pourtant, elle était éminemment sympathique et quelque peu comique il est vrai. Après avoir repris mes esprits et être ressorti des limbes dans lesquelles je me trouvai depuis un temps indéterminé, je voulus en savoir plus sur mon environnement. Mais je ne pouvais pas : j'avais beau ouvrir et fermer mes yeux, je ne voyais strictement rien. Je paniquais. Que m'était-il arrivé ? Je me mis alors à hurler d'effroi. - Mes yeux ! Je ne vois rien !C'est alors que j'entendis quelqu'un venir. Sans contact visuel je n'aurais normalement pas pu définir cet individu. Pourtant, je ressentais quelque chose de familier en sa présence qui me poussait à juger qu'il s'agissait de Xatu. Je le tenais pour personnellement responsable de la situation qui m'affectait, c'est pourquoi je me mis alors à lui crier dessus de rage. - Xatu, tu es un monstre ! Que m'as-tu fait ? Je ne vois plus rien ! Pourquoi m'as-tu fait subir ça, à moi que tu as élevé pendant plus de dix ans ? Je pensais que tu voulais m'aider à supporter mes visions, et tu me tortures avant de m'ôter la vue ? Qui es-tu pour oser me faire subir de telles horreurs !Malgré le fait que je m'égosillai pour l'émouvoir, je ressentais l'étrange sensation qu'il allait rester extraordinairement calme, avant de me répondre de manière tout aussi extraordinairement calme. Et je ne me trompai pas : bizarrement, depuis mon réveil je semblai ressentir les choses matérielles comme immatérielles sans avoir besoin de recourir à mes sens. Mon instinct ne me trompait d'ailleurs pas puisque Xatu ne fit que confirmer ce que je pensais, tout en répondant à mes questions avec un ton tout aussi péremptoire qu'à l'accoutumée. - Il suffit. Tu n'as pas perdu la vue : au contraire même, grâce au Don que t'a conféré Ho-Oh, notre seigneur à tous, tu verras bientôt mieux que le plus affûté des yeux de Persian. Comme moi, tu dois sans doute t'en douter tu peux désormais lire l'avenir dans toute sa complexité. L'avenir proche tout d'abord, c'est la raison pour laquelle tu as pu déterminer qu'il s'agissait bien de moi sans avoir besoin de tes yeux. Et, même si tu ne t'en rends pas encore compte, l'avenir lointain : cela te permettra ainsi de voir ces visions d'horreur que j'ai aussi vues sans perdre la raison.
En d'autres termes, je t'ai conféré le Savoir des Anciens : celui que tous les Gardiens du Sanctuaire d'Alpha ont. Je comprends ta colère, mais sache que c'était la seule solution pour te permettre d'accomplir ton destin et de révéler ta véritable nature d'Elu parmi les hommes, de même que moi et mes semblables sommes des Elus parmi les pokémons. J'ignore pourquoi ni comment tu as acquis ce don de prescience, même partiellement, sans avoir subi le rite d'Ho-Oh que je t'ai fait subir. Mais puisque tu le détiens, je me devais de t'initier au Savoir des Anciens sans quoi tu aurais perdu la raison. Désormais, tu ne souffriras plus de ces visions Fils. Tu pourras enfin regarder l'avenir droit dans les yeux sans risquer de perdre la raison.Les yeux écarquillés, j'écoutais le long message de Xatu sans vraiment en revenir. Moi, un simple humain, j'avais le don de prescience et ces visions étaient la manifestation de ce pouvoir mystérieux ? Xatu m'avait donc fait subir ce rituel douloureux non pas pour me nuire mais pour me permettre au contraire d'assumer ce pouvoir sans que cela risque de me faire perdre toute santé mentale. Car oui, l'Homme est ainsi fait que ce qu'il ne peut expliquer finit par altérer son esprit rationnel jusqu'à le faire tomber dans les méandres de la folie et de la pathologie mentale. Bien que toujours en colère contre xatu, mon supplice étant encore récent, j'avais envie de croire mon vieux maître. Après tout, il marquait comme toujours un point en me montrant les premières expressions de ma capacité à voir sans mes yeux et à prévoir les événements futurs. Sinon, comment aurais-je pu ressentir que mon interlocuteur s'avérait être ce vieux pokémon psychique ? Me voyant plongé dans mes réflexions et passablement honteux d'avoir accusé à tort celui qui m'avait recueilli à l'état de nourrisson il y a presque deux décennies, Xatu continua ensuite. Cette fois, il renoua avec son amour de la télépathie. - Allons, tu n'as pas à culpabiliser : tu as eu la réaction normale d'un être ignorant. Maintenant, tu n'es plus comme tes semblables : tu vois ce qu'ils ne verront jamais. Néanmoins, n'oublie jamais que si tu peux voir le futur cela ne signifie pas pour autant que ce que tu vois ne peut être évité. Le destin peut être changé, même si l'Homme n'a cessé d'accumuler erreurs sur erreurs dernièrement. Tu t'en rendras vite compte mais ce que voient les Elus n'est que la conséquence directe du présent. Si le présent change, le futur changera également.
Pour contrôler tes visions et te permettre de mieux les visualiser afin de comprendre leurs causes, tu devras être formé. C'est là qu'entre en jeu mon ami venu de Kanto. Son nom ? Roigada IX. C'est le fils d'une longue lignée de Roigada régnant sur les pokémons de cette région. Il étudie depuis toujours la société et la vie des hommes, chose que je n'ai jamais pu ni voulu faire du fait de ma mission de protection du Sanctuaire d'Alpha. Si je partais, Ho-Oh ne me le pardonnerait jamais à moi et à mes semblables. De plus, le seigneur Arc-en-Ciel ne t'a pas conféré ce don de prescience pour que tu demeures à mes côtés mais au contraire afin que tu empêches le futur de s'accomplir en modifiant le cours du temps. Mais pour faire cela, tu devras voyager avec Roigada IX afin qu'il t'enseigne tout ce que je n'ai pas pu t'apprendre sur la vie des hommes et qu'il t'aide à maîtriser tes visions. Etre aveugle ne te sera pas facile au début, mais tu verras : bientôt, le monde te paraîtra si clair que tu ne remarqueras même plus ton absence de vision oculaire.
Va maintenant, Fils. Mon noble ami t'attend dehors, concentre ton esprit de toutes tes forces afin de repérer la sortie. Pour ma part, je dois retourner au Sanctuaire méditer sur les temps sombres qui nous attendent. Je te recontacterai lorsque j'aurai d'autres éléments d'explication. Surtout, ne crois pas que je t'abandonne. Je serai toujours avec toi, à distance certes, mais pour un Xatu expérimenté tel que moi la notion d'espace n'est absolument pas un obstacle.L'instant d'après, j'entendis un étrange bruit à l'emplacement où je détectai Xatu jusqu'alors. Puis, je ne le sentis plus du tout. C'était comme s'il s'était évaporé. Je me trouvai de nouveau seul, face à moi-même. Mais cette fois, je n'hésitai plus. Le temps de l'hésitation était terminé dorénavant. Nous étions le 14 mars 5 selon le Calendrier de l'Ancien Monde, et je m'apprêtai à faire face à ma destinée. Un long chemin m'attendait à présent, tandis que suivant les indications de Xatu j'avais réussi à sortir de la petite structure dans laquelle je me trouvai en concentrant mon esprit de manière à détecter la fameuse sortie. Elle allait me conduire à Roigada IX, l'étonnant ami de Xatu dont la personnalité semblait en tout point opposée à celle du vieux pokémon qui m'avait servi de père spirituel dix-huit années durant. Arrivé dehors, je détectai finalement le massif pokémon psy couronné d'un kokiyas. En me voyant arriver, il s'adressa à moi joyeusement. - Alors on est prêt pour la grande aventure petit gars ? C'est parti ! Toi et moi on va former une équipe du tonnerre, tu vas voir. L'évolution du pokémon le plus feignant de la création avec l'humain qui bat en heures de sommeil le plus larvaire des Parecool, ça ne peut que fonctionner.
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| Sujet: Re: Passé - La fin d'un monde Ven 23 Oct - 18:40 | |
| - Chapitre IV - Les Xort'Udur:
16 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu C'est ici que tout commence. Après avoir fait mes adieux au sage xatu, je quittais donc, cette fois pour de bon, les Ruines d'Alpha ; accompagné de mon mystérieux nouveau mentor : Roigada IX. Tout en m'éloignant progressivement de ces ruines familières, je suivais ce désarçonnant personnage. Que savais-je de lui ? C'était un roigada, un des pokémons les plus intelligents de la création. Et de surcroit, il faisait partie d'une lignée de souverains. Pourtant, il avait plus l'air d'un idiot naïf ne pensant qu'à bien vivre et à la rigolade qu'à un monarque. D'ailleurs, depuis quand les pokémons avaient-ils des rois ? Non, très franchement je me demandais vraiment ce jour-là où xatu dégotait de tels individus. Il avait l'air d'être tout sauf érudit et sage. Sur le chemin qui menait à l'entrée de la fameuse forêt obscure qui séparait les Ruines d'Alpha du monde des hommes, tout concourait d'ailleurs dans l'attitude du pokémon psychique à confirmer l'idée que je me faisais de lui. En effet, au lieu de commencer à me former, il ne trouvait rien de mieux à faire que de saluer les papilusions qui voletaient dans l'air, s'attendant presque à une réponse de ces pokémons muets. Et comme pour renforcer cette image de réincarnation de Diogène se fichant éperdument du monde, il ramassait également des fleurs afin d'en humer la douce senteur. Non, au premier regard il n'avait vraiment pas l'air sérieux cet espèce de roi Dagobert des pokémons. Une fois arrivé devant l'entrée de la forêt, le pokémon à la marche lourde et débonnaire s'arrêta et se retourna vers moi ; me contraignant à stopper ma marche également. Puis il me demanda de m'arrêter quelques instants. - Attend un peu petit gars, tu me sembles bien pressé. Bon, c'est ici que les choses sérieuses commencent : pour arriver à Néo-Mauville, nous devons traverser la forêt. Et comme tu le vois, elle a l'air particulièrement accueillante et sympathique n'est-ce pas ?De l'entrée de la forêt, on ne voyait que des arbres tordus par des décennies de recherche de la lumière, saint-graal de la végétation de ce bois perpétuellement noyé dans une éternité de ténèbres. Accueillant semblait effectivement être encore un de ces euphémismes ironiques dont était tant friand mon joyeux mentor. Cette forêt puait la mort à des kilomètres à la ronde. Je comprenais mieux pourquoi personne n'était plus allé dans les Ruines d'Alpha depuis tant d'années à présent. Les arbres eux-mêmes semblaient prendre l'apparence de gargouilles effrayantes afin de dissuader le plus brave des aventuriers de rentrer dans ce lieu de perdition. Non, très honnêtement je préférais encore faire de l'algèbre ou écouter un dictateur faire des discours-fleuves de huit heures plutôt que d'entrer dans ce lieu maudit. Qui pouvait honnêtement savoir ce qui se cachait à l'intérieur ? Ah oui j'oubliais : tous ceux qui avaient passé outre les gargouilles en bois de l'entrée avaient sûrement trépassé. Bref, une fois de plus le virus de l'inaction m'envahissait et mes jambes tremblaient. A tout moment, elles semblaient prêtes à rebrousser chemin. Roigada le neuvième, voyant l'état pitoyable dans lequel je me mettais, ne put alors s'empêcher de rire aux éclats avant de me prendre par la peau du dos et de me jeter avec force à l'intérieur du bois empli d'obscurité tout en m'apostrophant non sans agacement. - Décidément toi, t'es vraiment un rigolo : allez zou, on arrête de danser la polka et on se lance dans le bain. Et surtout, on va bien s'amuser tu vas voir.A l'intérieur du bois, un silence de mort régnait et je n'arrivais à strictement rien voir si ce n'est l'obscurité la plus complète. Si de l'extérieur cette forêt m'avait semblé avoir ostracisé la lumière du soleil, ce n'était que de l'intérieur que l'on pouvait se rendre compte à quel point ce premier sentiment était juste. Après m'être péniblement relevé de ma chute, j'avançais les deux mains dressées devant moi à la manière d'un aveugle afin d'éviter d'éventuels obstacles. Le coeur empli de peur, je m'étais mis à crier. - Je ne vois rien. Roigada, où es-tu ?Je dis ces quelques mots une fois, deux fois, trois fois. Je n'eus aucune réponse. Je continuais d'avancer, tout en répétant les mêmes mots. Mais où était-il passé ? Tout en titubant, trébuchant sur des troncs d'arbre et des rochers, me relevant pour ensuite tomber de nouveau, je commençais à entendre de mystérieux bruits partout autour de moi. Misérable mortel La peur La sens-tu cette saine terreur ? La sens-tu couler dans tes veines ? Infiltrer ton âme ? Et te ronger lentement jusqu'à ton trépas ?
Tu es un pécheur, comme tous ceux de ta Race Tous des profanateurs Tous des corrupteurs Qui se croient maîtres du Cosmos Mais qui sont incapables de se contrôler eux-mêmes
Toi, le profanateur, Toi, le corrupteur Toi, dont le coeur est rongé par le Vice Ce lieu sera ton tombeau J'entendais une multitude de voix aux timbres variés répétant incessamment ces quelques mots autour de moi, à la manière d'une incantation et de manière chaque fois plus distincte. On semblait me regarder, m'observer, mais je ne pouvais rien voir. Ou plus exactement, pour la première fois depuis le départ du Sanctuaire, j'étais dans le Néant, dans l'Inconnu. Ce Néant qui ravit les aventuriers, enchante les romantiques et qui m'avait toujours terrorisé. A chaque seconde qui passait, je paniquais un peu plus. A présent, je courais comme une chèvre poursuivie par un loup au cur de la nuit tout en continuant de trébucher sur les obstacles sur mon passage. Où allais-je, je n'en savais rien. Mais je voulais absolument quitter cette forêt qui semblait maudite. Ces voix semblaient si malveillantes. Mais j'avais beau fuir, je n'avançais pas. Les voix continuaient à se renforcer. Me relevant d'un énième effondrement sur le sol froid et humide de la forêt, je me mis à crier de nouveau. Je devais répondre aux Voix. Je devais les vaincre. - Qui êtes-vous ? Laissez-moi !Mais cela n'y changea rien. Les voix m'assourdissaient à présent de leurs sermons au rythme régulier comme une horloge. Seul le Clairvoyant Qui voit aussi bien dans son âme Que sur le chemin obscur du Domaine Pourra survivre
Nous sommes les Xort'Udur Les Esprits Damnés Nous obéissons au Xort'Majora L'Esprit Majeur
Jadis, nous fûmes des hommes Mais le Xort'Majora nous dévora Sur le Domaine, il nous prit tout Il nous prit la Cupidité, que l'on nomme Ambition Il nous prit la Luxure, que l'on nomme Amour Il nous prit la Gourmandise, que l'on nomme Enthousiasme Et il fit de nous ses Serviteurs
Nous mangeons les Profanateurs Qui osent souiller Les Terres Sacrées du Seigneur Arc-en-Ciel Je commençais à devenir fou. Les voix de ces entités maléfiques qui se faisaient appeler les Xort'Udur semblaient avoir un effet physique et mental sur moi. C'était comme si à chaque mot, à chaque syllabe qu'ils prononçaient ils s'attaquaient à ma chair comme à mon âme. Les Voix poursuivaient leur uvre de torture. J'étais au bord de l'évanouissement tellement la pression mentale que des créatures exerçaient sur mon cerveau était forte. Tout semblait perdu. J'allais d'une seconde à l'autre cesser d'exister pour devenir, comme eux, une Ombre. Soudain, un flash lumineux jaillit du Néant. Même moi, malgré ma cécité et l'état avancé de décomposition dans lequel je me trouvais à ce moment précis, je ressentis cet éclat de lumière aveuglante qui agissait sous forme de simple stimulus sur mes yeux détruits. Dans la foulée de l'apparition de cette illumination inespérée de la forêt, une voix familière me sortit de ce cauchemar éveillé. - Ténèbres, disparaissez !Instantanément, les Voix cessèrent de s'acharner sur moi pour s'adresser cette fois à mon mentor. Un Destogoride Ainsi donc tu avais un protecteur, mortel Nous disparaissons, mais nous nous retrouverons Car les Xort'Udur se nourrissent des Vices des hommes Dans un hurlement assourdissant tellement il était strident et semblait sorti tout droit du Tartare, les Voix disparurent et Roigada IX me prit par les bras avant de me traîner en direction de la sortie de la forêt. Étrangement, il semblait bien connaître cet endroit. Ou plus exactement, il connaissait une route qui menait vers la sortie. Après avoir eu besoin de plusieurs minutes pour parvenir à reprendre conscience et sortir de cet enfer que je venais de vivre, j'avais des centaines de questions à poser à Roigada IX. - Qu'étaient...ces choses ?Roigada, qui était cette fois dans un état d'esprit radicalement différent de celui qu'il avait lorsqu'il m'avait jeté de force dans la forêt maudite, me répondit avec franchise et doctement. - Les Xort'Udur sont les Esprits Damnés. Comme tu as dû l'entendre durant ton calvaire, ils furent jadis des hommes. Des explorateurs, des touristes, des marchands. Tous furent dévorés par le Xort'Majora, Le Gardien Banni.Ses réponses ne faisaient que faire naître d'autres interrogations dans mon esprit. Je continuai de l'interroger. - Le Gardien Banni ? Mais Xatu n'avait-il pas dit qu'il n'y avait qu'un seul Gardien du Sanctuaire d'Ho-Oh ? Et pourquoi les Esprits t'ont-ils qualifié de Destogoride ?Roigada répondit, très patient face à cet assaut de questions qu'il devait subir. - Les Destogorides...sont ma famille. C'est la famille royale qui règne secrètement sur le monde. Par ailleurs, je pense qu'il est temps que tu saches la vérité sur moi. Nous t'en avons déjà assez fait subir comme cela. En réalité, je ne suis pas un pokémon. Je suis un homme. Mais en tant que membre des Destogorides, le sang d'Arceus coule dans mes veines. Arceus, le Dieu Pokémon mais aussi selon les légendes le père du monde et donc de l'Homme, nous a donnés à moi et à ma famille la lourde tâche de protéger les lieux saints des Douze Divinités du Panthéon. [1]Pour pouvoir accomplir notre devoir sacré, le Dieu des Dieux nous a accordé le don de polymorphie. C'est le don des metamorphs. Nous pouvons changer de forme en n'importe quel pokémon. Cela nous permet d'agir partout, dans le monde des hommes comme dans les Douze Sanctuaires, pour défendre les anciens temples. Car le monde est en danger, en très grand danger. Et c'est pour cela que ta vie est très précieuse à l'avenir du monde.Interloqué par tant de nouvelles, je poursuivis mon interrogatoire sur le Destogoride. - Comment ça ? Pourquoi m'avoir caché tout ça ? Et pourquoi m'avoir fait subir toutes ces épreuves ? D'abord le don d'Ho-Oh qui ne m'a apporté que des malheurs jusqu'à présent...et maintenant les Xort'Udur. A quoi tout cela rime-t-il ?L'aristocrate répondit ensuite. - J'aimerais le savoir moi-même. Nous n'en savons pas plus que toi. La seule chose qui soit certaine d'après les Oracles de ma famille et le Xatu du Sanctuaire d'Ho-Oh, c'est que la fin des temps est proche et que des choses terribles s'annoncent.
Et les événements récents ne font que confirmer ces visions. Lentement mais sûrement, l'Homme se détruit lui-même par son hubris et les vices qui le dévorent. Mais tu pourras le voir par toi-même une fois que nous serons à Néo-Mauville. Toujours est-il qu'une chose est sûre : nous avons besoin de toi car contrairement aux précédents oracles, tes visions sont beaucoup plus précises et pourraient nous permettre une fois que tu auras maîtrisé ton don d'en apprendre plus sur la menace floue dont parlent pourtant tous les oracles ; à l'unisson et dans toutes les régions du monde en même temps.
Cela ne peut être une coïncidence. Arceus n'envoie pas de messages à ses Fils par hasard. Mais nous en saurons davantage à Néo-Mauville. C'est là que mon père vit. C'est un homme sage, il saura t'en apprendre plus sur la situation dans le monde des hommes et te former à la divination.La discussion se finit ainsi, et je m'endormis aussitôt dans les bras de mon mentor Destogoride. J'étais pris d'une fatigue intense. J'avais vécu des choses effrayantes dans cette forêt en ce 16 mars - 5. Pourtant, je savais que ce n'était que le début : de nombreuses autres épreuves m'attendaient à l'avenir. Mais ce n'était pas vraiment mon problème. En cet instant, je voulais surtout chasser de mon esprit les dernières paroles des Xort'Udur. Elles étaient lourdes de sens et de menaces à peine voilées. Nous disparaissons, mais nous nous retrouverons Car les Xort'Udur se nourrissent des Vices des hommes
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